lundi 28 janvier 2008
L'ONU LANCE UN TIMBRE SPECIAL EN COMMEMORATION DE L'HOLOCAUSTE
LA HONTE - Peinture de KAHLOUN NELLY
29 janvier 2008 - ONU
L’Administration postale des Nations Unies a émis aujourd’hui un nouveau timbre en mémoire des victimes de l’Holocauste commis par les nazis, en association avec la Poste israélienne, qui lance un timbre national similaire en hébreu.
Lire l’article sur : http://www.un.org/
dimanche 27 janvier 2008
NUIT ET BROUILLARD
Nuit et brouillard
Paroles et Musique: Jean Ferrat 1963 "Jean Ferrat - Vol.1 (1999)"
Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés
Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants
Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent
Ils se croyaient des hommes, n'étaient plus que des nombres
Depuis longtemps leurs dés avaient été jetés
Dès que la main retombe il ne reste qu'une ombre
Ils ne devaient jamais plus revoir un été
La fuite monotone et sans hâte du temps
Survivre encore un jour, une heure, obstinément
Combien de tours de roues, d'arrêts et de départs
Qui n'en finissent pas de distiller l'espoir
Ils s'appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel
Certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vichnou
D'autres ne priaient pas, mais qu'importe le ciel
Ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux
Ils n'arrivaient pas tous à la fin du voyage
Ceux qui sont revenus peuvent-ils être heureux
Ils essaient d'oublier, étonnés qu'à leur âge
Les veines de leurs bras soient devenues si bleues
Les Allemands guettaient du haut des miradors
La lune se taisait comme vous vous taisiez
En regardant au loin, en regardant dehors
Votre chair était tendre à leurs chiens policiers
On me dit à présent que ces mots n'ont plus cours
Qu'il vaut mieux ne chanter que des chansons d'amour
Que le sang sèche vite en entrant dans l'histoire
Et qu'il ne sert à rien de prendre une guitare
Mais qui donc est de taille à pouvoir m'arrêter ?
L'ombre s'est faite humaine, aujourd'hui c'est l'été
Je twisterais les mots s'il fallait les twister
Pour qu'un jour les enfants sachent qui vous étiez
Vous étiez vingt et cent, vous étiez des milliers
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés
Qui déchiriez la nuit de vos ongles battants
Vous étiez des milliers, vous étiez vingt et cent
MON VOYAGE A BIRKENAU-AUSCHWITZ
J'avais sept ans, je vivais dans une maison d'enfants de l'O.S.E (Oeuvre de Secours aux Enfants), lorsque s'est effectué mon premier contact avec la Shoah, pendant la visite du camp du Struthof (je ne mettais pas encore de nom sur l'horreur) C'était à Haguenau, en Alsace.
Ce que je me rappelle - et c'est une image qui m'a poursuivie toute ma vie ? ce sont les cellules où les prisonniers ne pouvaient se tenir debouts, ni couchés ; cela m'avait semblé terrible, je m'imaginais à leur place...
Puis, en grandissant, je constatai qu'une chape de plomb occultait le sujet. Nous n'avions pas le droit de nous procurer quoique ce soit d'Allemand, par exemple. Ensuite, il y eut des films que je n'eus pas l'autorisation d'aller voir parce que j'étais trop jeune'
Adolescente, je me suis acheté - avec mon argent de poche - trois livres d'Elie Wiesel : « La Nuit », « L'Aube », et « Le Jour », et je me suis plongée dans le sujet, même si les adultes n'en parlaient pas, même si les blessures étaient à fleur de peau.
J'ai grandi, posé des questions à ma mère, qui m'a raconté une foule d'anecdotes, plus terribles les unes que les autres. J'ai appris, lors de l'enterrement de ma grand-mère, que sept membres de ma famille étaient morts à Auschwitz-Birkenau ; mon père avait perdu trois frères et s'urs, avec conjoints et enfants ! J'ai su que peu de membres de la famille étaient revenus.
Je ne cessais plus de questionner : tout le monde me répondait enfin.
En 1973, j'ai visité le camp de Dachau qui, même s'il n'était pas un camp d'extermination, m'a terriblement choquée.
En Israël, j'ai visité Yad Vachem et, bien sûr, j'en ai été bouleversée.
Il me restait un pèlerinage à effectuer, au nom des miens. Mon frère et une de mes s'urs, à qui j'avais parlé de ce projet, ont été horrifiés à l'idée que je puisse me rendre en Pologne - qui est le pays de naissance de mon père - non pour y faire du tourisme, bien sûr, mais pour me recueillir sur les cendres de ma famille et de mon peuple victime du seul génocide «industrialisé » de l'histoire de l'Humanité
J'ai pris l'avion à Roissy en février 2003, un charter affrété pour l'occasion, avec des repas cacher destinés aux observants.
Nous arrivons à Cracovie, et pour moi c'est un moment que je qualifierais d'historique. Enfin la boucle est bouclée ; je mets les pieds en Pologne ! C'est surtout cela qui m'importe, même s'il fait moins quatorze degrés ! Nous montons dans les cars qui nous conduisent au camp d'extermination de Birkenau, à cinquante kilomètres de là. Pendant le trajet, je m'imprègne des images de ce « morceau » de Pologne, en me disant qu'il y a bien longtemps, des gens de ma famille avaient grandi et vécu ici.
Je cherche partout des panneaux qui indiqueraient le nom de la ville de naissance de mon père, qui n'est pourtant pas loin d'ici ; nulle part, je ne trouverai Lodz' Je ne comprends pas, je suis déçue !
Nous arrivons devant l'entrée du camp. Le plus grand cimetière du monde se trouve devant moi et tout à coup, je suis prise de panique, je me dis que je suis folle d'être venue jusqu'ici, que je vais sûrement me sentir mal. Je commence à douter : vais-je supporter cette épreuve ? Heureusement qu'il y a l'effet de groupe, les gens sont certes graves, mais aussi curieux...
Dans le car, on nous a expliqué que nous aurons un guide polonais parlant français, et un rescapé qui a douloureusement connu l'endroit que nous visitons.
Nous commençons par la visite du poste d'observation des SS. Nous montons un escalier, et nous nous arrêtons à un étage d'où nous avons une vue « imprenable » sur le camp d'extermination de Birkenau. Soudain tant de lectures me reviennent en mémoire, comme autant de coups de poing que je suis en train de prendre en pleine figure!
Les récits des rescapés me semblent maintenant si clairs ! Être sur les lieux évoqués dans ces livres dévorés, qui m'obsédaient au point d'oblitérer tout autre pensée, quel choc !
Nous commençons la visite du camp. Il fait extrêmement froid, moins quatorze degrés, sous un soleil resplendissant.
Je suis très bien couverte, je n'ai pas froid, même si par moments nous avons la sensation que le sol est gelé et que nos bottes nous transmettent une impression d'inconfort. J'évoque les déportés, qui, par ce froid étaient en pyjama, et parfois nus, en n'étant quasiment pas nourris.
Car non seulement les nazis ont gazé et brûlé plus de six millions de Juifs, mais ils ont astreint les plus résistants d'entre eux à des travaux excessivement pénibles, sans les nourrir suffisamment, attendant que ces mauvais traitements aient raison d'eux. De toute façon, il y avait des arrivages massifs de pauvres hères qui prendraient le relais' Il y avait tant de cynisme dans les comportements des SS !
Ce camp est immense. Même en imagination je n'avais pas idée de son étendue ! Combien étaient-ils, ici, en même temps ?
Tout à coup, je ne suis plus en février 2003, mais en février 1943 : je deviens eux, je ferme les yeux et m'imagine à leur place. Me voici prisonnière des Nazis, je vois des gens en haillons, faméliques, visages fermés, regards éteints, qui me croisent sans un mot.
Il faut que je me ressaisisse. J'ouvre les yeux et me rends compte que le groupe est déjà loin. Je panique un peu, il y a plusieurs groupes, je ne sais plus lequel est le mien. J'ai du mal à me reprendre. Je cours et retrouve mon groupe !
Nous visitons les baraquements : le premier, un dortoir avec des rangées de châlits. Le rescapé nous donne des détails épouvantables sur l'organisation de la vie ici, avec un moyen de chauffage dérisoire pour la dimension du bâtiment et aux morsures de l'hiver. Nous parcourons ensuite les latrines : des rangées de trous où la pudeur ne pouvait être de mise.
Puis nous arrivons devant des ruines, celles de la chambre à gaz que les SS ont détruite au moment de leur fuite, afin de ne pas laisser derrière eux ces traces de leur barbarie. Cela aurait considérablement aidé les négationnistes de tous bords qui pourraient alors affirmer : « Des preuves, quelles preuves ? »
Enfin, vint un autre moment intense d'émotion, la vue du Mémorial croulant sous les fleurs, car même s'il est vrai que beaucoup refusent d'aller sur les lieux, beaucoup d'autres « visitent » les camps de la mort, heureusement pour la Mémoire de l'Humanité !
Tous les groupes se rejoignent devant ce Mémorial : en les attendant, je discute avec des adolescents venus ici en voyage scolaire. Il y a parmi eux de jeunes Arabes qui ont cette chance d'avoir des parents compatissants.
Des élus ceints de leur écharpe font un discours républicain. Puis on récite le Kaddish, et une prière chrétienne. Je pleure en silence, tête baissée. Je n'en peux plus, je me rends compte que je suis en train de vivre les moments les plus intenses de mon existence, je relève la tête et m'aperçois que la plupart des personnes présentes pleurent elles aussi. Le silence est oppressant.
Il est midi ; nous nous dirigeons vers la sortie du camp, remontons dans les cars et nous dirigeons vers Auschwitz, qui n'était pas un camp d'extermination, mais la partie « administrative » de l'organisation de la solution finale si chère à Hitler.
Je jette un dernier regard sur les rails du chemin de fer qui ont emmené tant et tant d'êtres humains à la mort.
Le rescapé nous raconte son arrivée, sa descente du train à bestiaux, la sélection abjecte et l'envoi immédiat à la mort des bras « inutiles » !
Nous arrivons à Auschwitz dix minutes plus tard. On nous explique que nous pouvons manger nos sandwichs dans le car, ou à l'extérieur : quelques personnes descendent, le groupe se restreint. Nous n'osons pas échanger nos impressions et, pour détendre l'atmosphère, décidons de partager ce que nous avons.
Puis c'est l'entrée du camp d'Auschwitz, à présent transformée en musée, et là, c'est la descente aux enfers, la visite du musée des horreurs !
Dans la première salle, il y a dans des vitrines contenant des monceaux de cheveux ; à côté, des appareils orthopédiques, des jambes artificielles, dans une autre, des jouets, des landaus des amoncellements de valises avec des noms ; j'y trouve le mien...bien sûr. Chaque fois que je sors d'un bâtiment pour entrer dans un autre, je respire cet air glacial qui m'aide à refaire surface.
Certains bâtiments étaient réservés aux militaires et civils administrateurs du camp, d'autres servaient de prisons pour les non Juifs, qui y ont été torturés : et les moyens de torture sont là, devant nous!
Je retrouve une cellule identique à celle qui m'avait tant impressionnée au Struthof, lorsque j'avais sept ans.
Il y a un endroit très particulier à Auschwitz, une sorte de musée de la Mémoire, et c'est cette dernière partie de la visite que nous allons effectuer maintenant.
D'abord nous entrons dans la première chambre à gaz ; l'interprète nous explique son fonctionnement! Ma tête va exploser, j'en suis sûre ! Ce n'est pas possible, j'ai l'impression de commettre un sacrilège : rentrer et sortir VIVANTE d'une chambre à gaz ! Ensuite, c'est la visite des fours crématoires qui ont été reconstitués, les S.S les ayant détruits avant leur fuite.
La visite est presque finie ; l'interprète distribue des petites bougies, elle me demande combien j'en veux, je ne comprends pas....Combien, pourquoi ? J'en prends une quand même et je vais réaliser très vite' Les salles que nous visitons à présent sont plongées dans une atmosphère sombre. Il y a des noms partout, ceux de résistants, et d'autres, arrachés à des documents d'époque.
Soudain, dans une salle, quelque chose attire mon attention : au milieu, par terre, un petit monument où brûlent d'innombrables bougies. Je sors la mienne de la poche de mon blouson et j'essaie de lui trouver une place. Enfin j'y arrive, je la pose, l'allume avec une autre que me tend quelqu'un ; à mon tour je tends ma bougie allumée... Je me redresse. Un chant Yiddish que je connais s'élève et nous pétrifie ! Notre silence lui répond : plus rien ne bouge, seul ce chant est perceptible.
Je ferme les yeux et je dis : « Au nom des miens qui n'ont pas connu la Shoah, au nom de ceux qui l'ont connue et ont survécu, je m'incline à jamais sur le souvenir des cendres des sept personnes ma famille qui ne sont pas revenues de l'enfer sur terre » Et je pense soudain à mon père et ma mère qui ne sont plus de ce monde, et qui, eux, auraient compris le besoin essentiel que j'ai eu de faire ce pèlerinage.
Nous remontons dans les cars, puis dans l'avion.
Voilà, la visite est terminée, je ne regrette pas, mais je sais déjà que je ne considèrerai plus jamais le monde dans lequel je vis de la même façon.
Effectivement, les mois ont passé, et pour moi, il y a un « avant » et un «après » Je suis devenue beaucoup plus sensible à tout ce qui concerne le peuple juif en général, et Israël en particulier.
Je relativise tout ce qui touche aux soucis quotidiens, mais suis devenue une vraie furie dès que l'on s'attaque à ce qui est l'essence de vie, ma Judéité. Ce que j'ai vu à Birkenau-Auschwitz, je ne l'oublierai jamais, et je ne cesse de montrer les photos que j'y ai prises.
J'ai aussi acheté un livre de photos, que j'ai offert à l'association Les Amis d'Israël, de Châteauroux, dont je suis une adhérente active, afin qu'à chaque manifestation à laquelle nous participons, nous puissions susciter interrogations, discussions et enseignements.
J'espère, pour finir, que les enfants de France et d'ailleurs saisiront toujours l'occasion de faire ce voyage initiatique, les préparant à l'acceptation de notre spécificité, de ce qui nous compose et qui nous rend plus forts, en dépit des épreuves.
Ainsi, ils deviendront des femmes et des hommes au sens le plus noble, des citoyens de l'Humain.
texte de michelle goldstein
Ce que je me rappelle - et c'est une image qui m'a poursuivie toute ma vie ? ce sont les cellules où les prisonniers ne pouvaient se tenir debouts, ni couchés ; cela m'avait semblé terrible, je m'imaginais à leur place...
Puis, en grandissant, je constatai qu'une chape de plomb occultait le sujet. Nous n'avions pas le droit de nous procurer quoique ce soit d'Allemand, par exemple. Ensuite, il y eut des films que je n'eus pas l'autorisation d'aller voir parce que j'étais trop jeune'
Adolescente, je me suis acheté - avec mon argent de poche - trois livres d'Elie Wiesel : « La Nuit », « L'Aube », et « Le Jour », et je me suis plongée dans le sujet, même si les adultes n'en parlaient pas, même si les blessures étaient à fleur de peau.
J'ai grandi, posé des questions à ma mère, qui m'a raconté une foule d'anecdotes, plus terribles les unes que les autres. J'ai appris, lors de l'enterrement de ma grand-mère, que sept membres de ma famille étaient morts à Auschwitz-Birkenau ; mon père avait perdu trois frères et s'urs, avec conjoints et enfants ! J'ai su que peu de membres de la famille étaient revenus.
Je ne cessais plus de questionner : tout le monde me répondait enfin.
En 1973, j'ai visité le camp de Dachau qui, même s'il n'était pas un camp d'extermination, m'a terriblement choquée.
En Israël, j'ai visité Yad Vachem et, bien sûr, j'en ai été bouleversée.
Il me restait un pèlerinage à effectuer, au nom des miens. Mon frère et une de mes s'urs, à qui j'avais parlé de ce projet, ont été horrifiés à l'idée que je puisse me rendre en Pologne - qui est le pays de naissance de mon père - non pour y faire du tourisme, bien sûr, mais pour me recueillir sur les cendres de ma famille et de mon peuple victime du seul génocide «industrialisé » de l'histoire de l'Humanité
J'ai pris l'avion à Roissy en février 2003, un charter affrété pour l'occasion, avec des repas cacher destinés aux observants.
Nous arrivons à Cracovie, et pour moi c'est un moment que je qualifierais d'historique. Enfin la boucle est bouclée ; je mets les pieds en Pologne ! C'est surtout cela qui m'importe, même s'il fait moins quatorze degrés ! Nous montons dans les cars qui nous conduisent au camp d'extermination de Birkenau, à cinquante kilomètres de là. Pendant le trajet, je m'imprègne des images de ce « morceau » de Pologne, en me disant qu'il y a bien longtemps, des gens de ma famille avaient grandi et vécu ici.
Je cherche partout des panneaux qui indiqueraient le nom de la ville de naissance de mon père, qui n'est pourtant pas loin d'ici ; nulle part, je ne trouverai Lodz' Je ne comprends pas, je suis déçue !
Nous arrivons devant l'entrée du camp. Le plus grand cimetière du monde se trouve devant moi et tout à coup, je suis prise de panique, je me dis que je suis folle d'être venue jusqu'ici, que je vais sûrement me sentir mal. Je commence à douter : vais-je supporter cette épreuve ? Heureusement qu'il y a l'effet de groupe, les gens sont certes graves, mais aussi curieux...
Dans le car, on nous a expliqué que nous aurons un guide polonais parlant français, et un rescapé qui a douloureusement connu l'endroit que nous visitons.
Nous commençons par la visite du poste d'observation des SS. Nous montons un escalier, et nous nous arrêtons à un étage d'où nous avons une vue « imprenable » sur le camp d'extermination de Birkenau. Soudain tant de lectures me reviennent en mémoire, comme autant de coups de poing que je suis en train de prendre en pleine figure!
Les récits des rescapés me semblent maintenant si clairs ! Être sur les lieux évoqués dans ces livres dévorés, qui m'obsédaient au point d'oblitérer tout autre pensée, quel choc !
Nous commençons la visite du camp. Il fait extrêmement froid, moins quatorze degrés, sous un soleil resplendissant.
Je suis très bien couverte, je n'ai pas froid, même si par moments nous avons la sensation que le sol est gelé et que nos bottes nous transmettent une impression d'inconfort. J'évoque les déportés, qui, par ce froid étaient en pyjama, et parfois nus, en n'étant quasiment pas nourris.
Car non seulement les nazis ont gazé et brûlé plus de six millions de Juifs, mais ils ont astreint les plus résistants d'entre eux à des travaux excessivement pénibles, sans les nourrir suffisamment, attendant que ces mauvais traitements aient raison d'eux. De toute façon, il y avait des arrivages massifs de pauvres hères qui prendraient le relais' Il y avait tant de cynisme dans les comportements des SS !
Ce camp est immense. Même en imagination je n'avais pas idée de son étendue ! Combien étaient-ils, ici, en même temps ?
Tout à coup, je ne suis plus en février 2003, mais en février 1943 : je deviens eux, je ferme les yeux et m'imagine à leur place. Me voici prisonnière des Nazis, je vois des gens en haillons, faméliques, visages fermés, regards éteints, qui me croisent sans un mot.
Il faut que je me ressaisisse. J'ouvre les yeux et me rends compte que le groupe est déjà loin. Je panique un peu, il y a plusieurs groupes, je ne sais plus lequel est le mien. J'ai du mal à me reprendre. Je cours et retrouve mon groupe !
Nous visitons les baraquements : le premier, un dortoir avec des rangées de châlits. Le rescapé nous donne des détails épouvantables sur l'organisation de la vie ici, avec un moyen de chauffage dérisoire pour la dimension du bâtiment et aux morsures de l'hiver. Nous parcourons ensuite les latrines : des rangées de trous où la pudeur ne pouvait être de mise.
Puis nous arrivons devant des ruines, celles de la chambre à gaz que les SS ont détruite au moment de leur fuite, afin de ne pas laisser derrière eux ces traces de leur barbarie. Cela aurait considérablement aidé les négationnistes de tous bords qui pourraient alors affirmer : « Des preuves, quelles preuves ? »
Enfin, vint un autre moment intense d'émotion, la vue du Mémorial croulant sous les fleurs, car même s'il est vrai que beaucoup refusent d'aller sur les lieux, beaucoup d'autres « visitent » les camps de la mort, heureusement pour la Mémoire de l'Humanité !
Tous les groupes se rejoignent devant ce Mémorial : en les attendant, je discute avec des adolescents venus ici en voyage scolaire. Il y a parmi eux de jeunes Arabes qui ont cette chance d'avoir des parents compatissants.
Des élus ceints de leur écharpe font un discours républicain. Puis on récite le Kaddish, et une prière chrétienne. Je pleure en silence, tête baissée. Je n'en peux plus, je me rends compte que je suis en train de vivre les moments les plus intenses de mon existence, je relève la tête et m'aperçois que la plupart des personnes présentes pleurent elles aussi. Le silence est oppressant.
Il est midi ; nous nous dirigeons vers la sortie du camp, remontons dans les cars et nous dirigeons vers Auschwitz, qui n'était pas un camp d'extermination, mais la partie « administrative » de l'organisation de la solution finale si chère à Hitler.
Je jette un dernier regard sur les rails du chemin de fer qui ont emmené tant et tant d'êtres humains à la mort.
Le rescapé nous raconte son arrivée, sa descente du train à bestiaux, la sélection abjecte et l'envoi immédiat à la mort des bras « inutiles » !
Nous arrivons à Auschwitz dix minutes plus tard. On nous explique que nous pouvons manger nos sandwichs dans le car, ou à l'extérieur : quelques personnes descendent, le groupe se restreint. Nous n'osons pas échanger nos impressions et, pour détendre l'atmosphère, décidons de partager ce que nous avons.
Puis c'est l'entrée du camp d'Auschwitz, à présent transformée en musée, et là, c'est la descente aux enfers, la visite du musée des horreurs !
Dans la première salle, il y a dans des vitrines contenant des monceaux de cheveux ; à côté, des appareils orthopédiques, des jambes artificielles, dans une autre, des jouets, des landaus des amoncellements de valises avec des noms ; j'y trouve le mien...bien sûr. Chaque fois que je sors d'un bâtiment pour entrer dans un autre, je respire cet air glacial qui m'aide à refaire surface.
Certains bâtiments étaient réservés aux militaires et civils administrateurs du camp, d'autres servaient de prisons pour les non Juifs, qui y ont été torturés : et les moyens de torture sont là, devant nous!
Je retrouve une cellule identique à celle qui m'avait tant impressionnée au Struthof, lorsque j'avais sept ans.
Il y a un endroit très particulier à Auschwitz, une sorte de musée de la Mémoire, et c'est cette dernière partie de la visite que nous allons effectuer maintenant.
D'abord nous entrons dans la première chambre à gaz ; l'interprète nous explique son fonctionnement! Ma tête va exploser, j'en suis sûre ! Ce n'est pas possible, j'ai l'impression de commettre un sacrilège : rentrer et sortir VIVANTE d'une chambre à gaz ! Ensuite, c'est la visite des fours crématoires qui ont été reconstitués, les S.S les ayant détruits avant leur fuite.
La visite est presque finie ; l'interprète distribue des petites bougies, elle me demande combien j'en veux, je ne comprends pas....Combien, pourquoi ? J'en prends une quand même et je vais réaliser très vite' Les salles que nous visitons à présent sont plongées dans une atmosphère sombre. Il y a des noms partout, ceux de résistants, et d'autres, arrachés à des documents d'époque.
Soudain, dans une salle, quelque chose attire mon attention : au milieu, par terre, un petit monument où brûlent d'innombrables bougies. Je sors la mienne de la poche de mon blouson et j'essaie de lui trouver une place. Enfin j'y arrive, je la pose, l'allume avec une autre que me tend quelqu'un ; à mon tour je tends ma bougie allumée... Je me redresse. Un chant Yiddish que je connais s'élève et nous pétrifie ! Notre silence lui répond : plus rien ne bouge, seul ce chant est perceptible.
Je ferme les yeux et je dis : « Au nom des miens qui n'ont pas connu la Shoah, au nom de ceux qui l'ont connue et ont survécu, je m'incline à jamais sur le souvenir des cendres des sept personnes ma famille qui ne sont pas revenues de l'enfer sur terre » Et je pense soudain à mon père et ma mère qui ne sont plus de ce monde, et qui, eux, auraient compris le besoin essentiel que j'ai eu de faire ce pèlerinage.
Nous remontons dans les cars, puis dans l'avion.
Voilà, la visite est terminée, je ne regrette pas, mais je sais déjà que je ne considèrerai plus jamais le monde dans lequel je vis de la même façon.
Effectivement, les mois ont passé, et pour moi, il y a un « avant » et un «après » Je suis devenue beaucoup plus sensible à tout ce qui concerne le peuple juif en général, et Israël en particulier.
Je relativise tout ce qui touche aux soucis quotidiens, mais suis devenue une vraie furie dès que l'on s'attaque à ce qui est l'essence de vie, ma Judéité. Ce que j'ai vu à Birkenau-Auschwitz, je ne l'oublierai jamais, et je ne cesse de montrer les photos que j'y ai prises.
J'ai aussi acheté un livre de photos, que j'ai offert à l'association Les Amis d'Israël, de Châteauroux, dont je suis une adhérente active, afin qu'à chaque manifestation à laquelle nous participons, nous puissions susciter interrogations, discussions et enseignements.
J'espère, pour finir, que les enfants de France et d'ailleurs saisiront toujours l'occasion de faire ce voyage initiatique, les préparant à l'acceptation de notre spécificité, de ce qui nous compose et qui nous rend plus forts, en dépit des épreuves.
Ainsi, ils deviendront des femmes et des hommes au sens le plus noble, des citoyens de l'Humain.
texte de michelle goldstein
jeudi 17 janvier 2008
ANNE FRANK , HEROINE D'UNE COMEDIE MUSICALE ESPAGNOLE
Par Elodie Cuzin (Journaliste)
20H35 16/01/2008
Pendant le casting de la comédie musicale 'El diario de Ana Frank' (DR).
(De Madrid) Transformer la vie d’Anne Frank en comédie musicale? Le défi semble risqué. Voir impossible si l’on sait que les gardiens de son "Journal" veillent jalousement sur les écrits de cette jeune fille juive, morte du typhus à Bergen-Belsen en 1945. Ils n’avaient d’ailleurs pas hésité à frustrer les projets de Steven Spielberg lui-même, qui rêvait de l’adapter à l’écran dans les années 80.
L’association La maison d’Anne Frank, basée à Amsterdam, a pourtant autorisé une troupe de théâtre espagnole à mettre en scène le premier spectacle musical jamais réalisé sur le sujet, un rêve que son directeur exécutif, Rafael Alvero, poursuivait depuis dix ans.
“El diario de Ana Frank, Un canto a la vida” ("Le journal d'Anne Frank, Une ode à la vie") débutera donc le 21 février sur les planches d’un théâtre madrilène.
Juan Parra, le représentant de l’association en Espagne, nous rassure: "Il ne s’agit pas de la comédie musicale typique de Broadway, elle contient une très forte charge éthique."
S’il affirme avoir été séduit par "la qualité du projet qui reste proche de l’œuvre et transmet avec justesse les sentiments d’Anne Frank", la nationalité de l’équipe a fini de le convaincre.
"La sensibilisation sur l’holocauste est moindre en Espagne que dans le reste de l’Europe: le pays a souffert de sa propre terrible guerre civile et n’a pas vécu la deuxième guerre mondiale. Il nous semblait donc important de pouvoir transmettre cette histoire ici."
Une jeune exilée cubaine interprétera Anne Frank
La production n’a pas lésiné sur les moyens pour attirer l’attention des médias espagnols. Inspiré des émissions de télé-réalité, le casting a débuté sur Internet en août dernier. Près de 800 candidats se sont ensuite présentés en personne pour la dernière sélection.
C’est finalement une exilée cubaine de 13 ans qui a décroché le rôle principal. Fille d’une chanteuse célèbre, Isabella Castillo a fui l’île avec sa famille alors qu’elle n’avait que 3 ans pour s’installer à Miami. En avant-goût du spectacle, surtout destiné à un public jeune, elle interprète ici la chanson "Radio Querida", un hommage à la BBC qu’Anne Frank écoutait avidement depuis sa cachette. (Voir vidéo.)
Le journal d’Anne Frank a été traduit en soixante langues et s’est vendu à quarante millions d’exemplaires. Si c'est la première fois qu'il inspire une comédie musicale, il a déjà été adapté, notamment au théâtre par l’américain Alfred Hackett en 1955 et au cinéma, par son compatriote George Stevens, en 1959.
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Numerosix (Prisonnier dans le village global )
20H49 16/01/2008
Ca fait un peu penser au scenario du film " les producteurs" de Mel Brooks
A Broadway, Max n'est plus que l'ombre du flamboyant producteur qu'il fut autrefois. Lorsque Léo, son comptable, lui révèle que le plus grand des bides peut être une excellente affaire, Max est tout de suite intéressé.
Leur plan est simple : trouver la pire pièce, le plus mauvais des metteurs en scène, monter le tout grâce au financement d'investisseurs crédules, et laisser venir le désastre pour se sauver avec l'argent !
Avec une pièce impossible à la gloire d'Hitler, un metteur en scène dingue et la délirante secrétaire suédoise Ulla diva, leur spectacle a tout pour être le flop de l'année et l'arnaque du siècle, d'autant que Max n'a reculé devant rien pour convaincre de pauvres vieilles dames de lui confier toutes leurs économies. Malheureusement pour lui et son complice, rien ne va se passer comme prévu...
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kristian.jakob (citoyen du monde )
22H07 16/01/2008
Hiller et ses amis , nous ont joués une pièce qui paraissait , impossible , ils jouèrent pourtant pendant plusieurs années , avec un grand succés , l'histoire nous montre que tout , tourne autour des intêrets , l'argent roi qui donne l'intelligence et la force aux forces du mal !!
je remarque de plus en plus , l'intéret que l'on porte à tous mes frères "juifs" bizarre non ?
Cependant , cela me fais chaud au coeur , on existe . merci pour mes parents , et une partie de ma famille Qui dorment quelquepart sous la terre polonaise .
CORDIALEMENT
KINSKI
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FabiendeMénilmontant (Journaleux au placard depuis la première...)
22H29 16/01/2008
Pour celles et ceux qui sont à Paris ou qui ont l'occasion d'y passer avant le 27 juin 2008, je signale une expo, commencée le 17/9/2007, itinérante.
ANNE FRANK, UNE HISTOIRE D'AUJOURD'HUI
jusqu'au 18 centre Mathis (19e)
du 21/01 au 07/03 au centre d'animation de la Place des Fêtes (19e)
et du 22/01 au 29/02 au centre d'animation Arras (5e)
du 10/03 au 02/05 au centre d'animation Louis-Lumière (20e), puis du 5 mai au 27 juin au centre d'animation des Amandiers.
En clair, dans tous les nouveaux locaux qui ne sont plus gérés par la Ville mais par la Ligue de l'Enseignement !
Fabien
http://menilmontant.noosblog.fr/
20H35 16/01/2008
Pendant le casting de la comédie musicale 'El diario de Ana Frank' (DR).
(De Madrid) Transformer la vie d’Anne Frank en comédie musicale? Le défi semble risqué. Voir impossible si l’on sait que les gardiens de son "Journal" veillent jalousement sur les écrits de cette jeune fille juive, morte du typhus à Bergen-Belsen en 1945. Ils n’avaient d’ailleurs pas hésité à frustrer les projets de Steven Spielberg lui-même, qui rêvait de l’adapter à l’écran dans les années 80.
L’association La maison d’Anne Frank, basée à Amsterdam, a pourtant autorisé une troupe de théâtre espagnole à mettre en scène le premier spectacle musical jamais réalisé sur le sujet, un rêve que son directeur exécutif, Rafael Alvero, poursuivait depuis dix ans.
“El diario de Ana Frank, Un canto a la vida” ("Le journal d'Anne Frank, Une ode à la vie") débutera donc le 21 février sur les planches d’un théâtre madrilène.
Juan Parra, le représentant de l’association en Espagne, nous rassure: "Il ne s’agit pas de la comédie musicale typique de Broadway, elle contient une très forte charge éthique."
S’il affirme avoir été séduit par "la qualité du projet qui reste proche de l’œuvre et transmet avec justesse les sentiments d’Anne Frank", la nationalité de l’équipe a fini de le convaincre.
"La sensibilisation sur l’holocauste est moindre en Espagne que dans le reste de l’Europe: le pays a souffert de sa propre terrible guerre civile et n’a pas vécu la deuxième guerre mondiale. Il nous semblait donc important de pouvoir transmettre cette histoire ici."
Une jeune exilée cubaine interprétera Anne Frank
La production n’a pas lésiné sur les moyens pour attirer l’attention des médias espagnols. Inspiré des émissions de télé-réalité, le casting a débuté sur Internet en août dernier. Près de 800 candidats se sont ensuite présentés en personne pour la dernière sélection.
C’est finalement une exilée cubaine de 13 ans qui a décroché le rôle principal. Fille d’une chanteuse célèbre, Isabella Castillo a fui l’île avec sa famille alors qu’elle n’avait que 3 ans pour s’installer à Miami. En avant-goût du spectacle, surtout destiné à un public jeune, elle interprète ici la chanson "Radio Querida", un hommage à la BBC qu’Anne Frank écoutait avidement depuis sa cachette. (Voir vidéo.)
Le journal d’Anne Frank a été traduit en soixante langues et s’est vendu à quarante millions d’exemplaires. Si c'est la première fois qu'il inspire une comédie musicale, il a déjà été adapté, notamment au théâtre par l’américain Alfred Hackett en 1955 et au cinéma, par son compatriote George Stevens, en 1959.
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Numerosix (Prisonnier dans le village global )
20H49 16/01/2008
Ca fait un peu penser au scenario du film " les producteurs" de Mel Brooks
A Broadway, Max n'est plus que l'ombre du flamboyant producteur qu'il fut autrefois. Lorsque Léo, son comptable, lui révèle que le plus grand des bides peut être une excellente affaire, Max est tout de suite intéressé.
Leur plan est simple : trouver la pire pièce, le plus mauvais des metteurs en scène, monter le tout grâce au financement d'investisseurs crédules, et laisser venir le désastre pour se sauver avec l'argent !
Avec une pièce impossible à la gloire d'Hitler, un metteur en scène dingue et la délirante secrétaire suédoise Ulla diva, leur spectacle a tout pour être le flop de l'année et l'arnaque du siècle, d'autant que Max n'a reculé devant rien pour convaincre de pauvres vieilles dames de lui confier toutes leurs économies. Malheureusement pour lui et son complice, rien ne va se passer comme prévu...
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kristian.jakob (citoyen du monde )
22H07 16/01/2008
Hiller et ses amis , nous ont joués une pièce qui paraissait , impossible , ils jouèrent pourtant pendant plusieurs années , avec un grand succés , l'histoire nous montre que tout , tourne autour des intêrets , l'argent roi qui donne l'intelligence et la force aux forces du mal !!
je remarque de plus en plus , l'intéret que l'on porte à tous mes frères "juifs" bizarre non ?
Cependant , cela me fais chaud au coeur , on existe . merci pour mes parents , et une partie de ma famille Qui dorment quelquepart sous la terre polonaise .
CORDIALEMENT
KINSKI
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FabiendeMénilmontant (Journaleux au placard depuis la première...)
22H29 16/01/2008
Pour celles et ceux qui sont à Paris ou qui ont l'occasion d'y passer avant le 27 juin 2008, je signale une expo, commencée le 17/9/2007, itinérante.
ANNE FRANK, UNE HISTOIRE D'AUJOURD'HUI
jusqu'au 18 centre Mathis (19e)
du 21/01 au 07/03 au centre d'animation de la Place des Fêtes (19e)
et du 22/01 au 29/02 au centre d'animation Arras (5e)
du 10/03 au 02/05 au centre d'animation Louis-Lumière (20e), puis du 5 mai au 27 juin au centre d'animation des Amandiers.
En clair, dans tous les nouveaux locaux qui ne sont plus gérés par la Ville mais par la Ligue de l'Enseignement !
Fabien
http://menilmontant.noosblog.fr/
lundi 14 janvier 2008
HERSCHEL GRYNSZPAN
" Mes chers parents, je ne pouvais agir autrement. Que Dieu me pardonne.
Mon coeur saigne lorsque j'entends parler de la tragédie des 12000 Juifs.
Je dois protester pour que le monde entier entende mon cri et cela,
je suis contraint de le faire. Pardonnnez-moi. Herschel " wiki
Un épisode peu connu et pourtant déterminant des années noires de l’Occupation : l’assassinat, en plein Paris, par un jeune Juif, Herschel Grynszpan,né le 28 mars 1921 à Hanovre, en Allemagne et décédé probablement entre 1944 et 1945, d’un diplomate allemand. Ce geste désespéré d’un homme que d’aucuns considèreront plus tard comme un « vengeur », sera le prélude à la terrifiante « Nuit de Cristal ».
Paris, 7 novembre 1938. Rue de Lille. A quelques pas de l’Assemblée nationale, la légation allemande.
« Je désire être reçu par l’ambassadeur. J’ai des documents très importants à lui remettre ! »
Le concierge de la légation observe avec étonnement ce jeune homme brun, maigre, au regard vif, qui vient de s’adresser à lui. Herschel Grynspan est élégamment vêtu. Costume, chemise blanche, cravate sombre, imperméable de bonne facture.
Mais ne rencontre pas le comte Welczeck qui veut !
« Le troisième secrétaire, attaché à l’ambassade, M. von Rath, va vous recevoir. »
Grynspan serre dans sa poche le revolver qu’il vient d’acheter. Pendant quelques instants, et tandis qu’il se dirige vers le bureau d’Ernst von Rath, il revoit en mémoire le magasin de son oncle Abraham, le tailleur de la rue des Petites-Ecuries avec lequel il s’est brouillé il y a peu, le doux visage de Beilé, sa sœur chérie et les yeux de ses parents qui semblent l’implorer : « Au secours Herschel, on nous a déportés à Zboszyn, de l’autre côté de l’Oder. Ils vont nous tuer, Herschel. Au secours ! »
« Vous êtes Monsieur… » Ernst von Rath n’a pas le temps de poser sa question. Grynspan vient de décharger sur lui la totalité de son barillet. Il git dans une mare de sang, mortellement blessé. Il succombera le lendemain de ses blessures.
Pour Herschel Grynspan, 18 ans, juif d’origine polonaise, justice est faite. Pour les nazis, le prétexte à une action antijuive de grande envergure est tout trouvé. Le geste vengeur de Grynspan sera le prélude à la « Nuit de Cristal ».
Pour comprendre et analyser les motivations de Grynspan, il faut remonter quelques années en arrière. En 1935, Herschel, qui a quinze ans, vit en Allemagne, à Hanovre, avec ses parents, juifs polonais. La montée du nazisme, l’ascension de Hitler, inquiètent les Grynspan qui décident de mettre leur fils à l’abri en le confiant à une proche parente à Bruxelles. Mais la police belge veille et traque les sans-papiers. Herschel choisit la fuite. Dans le tramway qui relie Quiévrain en Belgique à Valenciennes en France il se mêle à un groupe d’ouvriers frontaliers et le voilà en France, pays de la liberté et des droits de l’homme, mais aussi celui de l’oncle Abraham, le tailleur. L’oncle et la tante de Herschel accueillent leur neveu avec beaucoup de chaleur. Certes, les risques sont grands. Herschel ne parle pratiquement pas le français. Il n’a pas de papiers. Mais la famille, c’est la famille. On fera avec. C’est compter, hélas, sans la vigilance de la police française qui, comme son homologue belge, ne s’embarrasse pas de sentiments. Une missive administrative brève et sèche apprend à Herschel qu’il est sous le coup d’un arrêté d’expulsion. Devant toutes ces portes qui se ferment Herschel n’a plus qu’une solution, la clandestinité.
Le voilà déraciné, perdu dans un pays qu’il ne connaît pas, sans papiers d’identité, sans ressources.
Un sous-humain, un non-être. Et voici, pour comble de malheur, que les nouvelles les plus alarmantes sur le sort de sens parents lui parviennent. Sa sœur Beilé lui a écrit : « Nos pauvres parents vont être transférés à Zboszyn, au-delà de l’Oder, avec plusieurs milliers d’autres juifs polonais. » Et de fait, le 7 octobre 1938, les nazis, après avoir imposé la déclaration obligatoire des biens juifs et la suppression des exceptions accordées aux avocats juifs anciens combattants, ont introduit le tamponnage des passeports et pièces d’identité des Juifs par le biais d’un « J » en bonne place.
Ce même jour, le gouvernement polonais adopte une mesure pour ses nationaux résidant à l’étranger : l’apposition d’un cachet spécial sur les passeports pour éviter d’être déchu de la nationalité polonaise. Et comme, discrètement, les consulats polonais ont reçu l’ordre de ne pas renouveler les passeports des Juifs vivant à l’étranger depuis plus de cinq ans, 20 000 malheureux se découvrent apatrides du jour au lendemain.
Tous les Juifs polonais habitant le territoire du Reich sont arrêtés et expulsés. C’est ainsi que 3 135 juifs de Vienne sont refoulés vers la Pologne. Une Pologne qui ne veut pas de ces citoyens, qui sont pourtant ses nationaux. Et voici que des milliers de personnes se retrouvent soudainement des fantômes administratifs errant sur une bande de terre, le no man’s land de la région de Zboszyn. De longues semaines de froid et de neige dans des campements de fortune, entre deux frontières, hermétiquement closes. Parmi ces désespérés, véritable rebut de l’histoire, à la merci du bon vouloir des administrations et des gouvernements, un couple, les Grynspan, originaires de Hanovre, le père et la mère du jeune Herschel Grynspan, qui , fou de douleur et désespéré devant le sort réservé à ses parents et à son peuple, fera de von Rath la victime expiatoire de son désir légitime de vengeance. Un von Rath dont on apprendra par la suite que, jeune diplomate de vingt-neuf ans il appartenait à une vieille famille aristocratique prussienne. Ayant adhéré au Parti national socialiste par opportunisme politique, il était mal noté par ses supérieurs, du ministère des Affaires étrangères pour avoir osé critiquer les persécutions raciales et l’attitude anti-cléricale du nazisme. Lorsque Herschel Grynspan reçut la lettre de sa sœur Beilé, sa décision était prise. Il vengerait ses parents, il vengerait son peuple. Mis au courant, son oncle Abraham s’oppose à ses projets. C’est la rupture. Herschel quitte la demeure des Grynspan et erre dans Paris. Après une nuit passée dans un hôtel du boulevard de Strasbourg, il se présente rue de Lille au siège de la légation allemande. On connaît la suite.
L’affaire Grynspan aurait pu demeurer un simple fait divers. C’était compter sans le machiavélisme des nazis. Prête à fonctionner, n’attendant qu’un prétexte, la gigantesque machine à détruire hitlérienne se met en marche. Selon un plan, longuement médité, les S.A. (sections d’assaut) déferlent dans la nuit du 9 novembre à travers l’Allemagne. C’est le pogrome à l’échelle d’un pays tout entier. Les six cents synagogues du pays, dont certaines sont des monuments classés, sont pillées. Tous les magasins juifs sont mis à sac. Des milliers de maisons juives et d’édifices institutionnels font l’objet d’attaques en règle. Trente mille personnes, dont les femmes, des enfants et des vieillards, sont jetées dans des camps de concentration à Dachau, Buchenwald, Sachsenhausen et sauvagement brutalisées. C’est la « Nuit de Cristal ». Au matin du 10 novembre 1938, toutes les artères des grandes villes allemandes sont recouvertes de débris de verre, témoins su pogrome. Au milliard de marks en perte de biens pour la communauté juive, s’ajoute une amende collective d’un autre milliard qui est imposée aux Juifs du Reich. Ceux des Juifs allemands qui, contre vents et marées, croyaient encore en l’avenir du Reich, cherchent à fuir. Les consulats étrangers sont pris d’assaut mais n’accordent leurs visas que très parcimonieusement.
A la Chambre des communes, le Premier ministre britannique stigmatise le pogrome et les Américains rappellent leur ambassadeur à Berlin. La France est plus discrète dans ses réactions et à Paris l’inquiétude de la communauté juive qui frise dans certains milieux, une véritable panique, entraîne des réactions irrationnelles et aberrantes. Le 18 novembre, L’Univers israélite publie une lettre ouverte à la mère de von Rath. Les responsables du journal y expriment leur tristesse devant la mort du secrétaire d’ambassade. Expliquant qu’il serait injuste de rendre tous les Juifs collectivement responsables de la mort de son fils, les rédacteurs de la missive implorent la pitié de Madame von Rath. Minimisant le caractère racial de la « Nuit de Cristal », L’Univers israélite, journal proche du Consistoire de Paris, attribue à la pègre allemande ce qui de toute évidence fut une action planifiée et exécutée dans les moindres détails par le gouvernement hitlérien.
Autre exemple de l’attitude ambiguë et souvent veule d’une partie de l’ « Establishment » communautaire juif : la déclaration du Grand rabbin de Paris, Julien Weil, estimant que la paix est plus importante que le sort des Juifs en Europe centrale (voir Le Matin du 19 novembre 1938).
De son côté, la communauté immigrée, par le biais du Parizer Haint (L’Aujourd’hui de Paris) fait savoir qu’elle n’a jamais eu de liens avec le jeune Grynspan. Dans sa quasi-totalité, la communauté juive de France adopte un profil bas. On évite les discours, les protestations publiques, les démarches officielles.
Puisque la tendance politique du gouvernement français est à l’alliance avec l’Allemagne, pourquoi risquer d’attiser la xénophobie ambiante ? En porte-à-faux, avec cette attitude de repli et de discrétion à outrance, la L.I.C.A., par le biais de son organe Le Droit de Vivre prend ouvertement fait et cause pour Herschel Grynspan.
Sous la signature de Bernard Lecache, son directeur, l’hebdomadaire antiraciste titre à la une : « Grynspan, tu es absous ! »
Pour Lecache, le procès qui s’annonce, est une fiction juridique basée sur une politique hypocrite qui se voile la face devant les crimes commis par l’Allemagne hitlérienne, et s’apprête à condamner un gamin. Et le président de la L.I.C.A., d’affirmer avec force : « Grynspan est déjà jugé. Il est déjà absous. » La L.I.C.A. est déterminée à défendre Grynspan « avec pitié, avec tristesse, avec passion, avec acharnement ». Mais alors, le chœur des moralistes qui s’apitoient sur le sort de von Rath, ne va-t-il pas crier « au complot judéo-international » : « Que l’on crie ! » s’exclame Lecache. Par dessus les aboiements des crieurs il y a un vrai procès à faire, celui de Berlin, celui de Hitler. Certes, le geste de Grynspan est regrettable ; ce type de comportement n’est ni naturel ni souhaitable mais il importe de bien discerner les vraies responsabilités. Pour Bernard Lecache, c’est là précisément l’affaire de la L.I.C.A.
« Notre affaire, c’est de sonner l’alarme. De défendre notre sol, nos principes et de sauver ce qui, dans un monde douloureux, peut encore être sauvé. Notre affaire, c’est de venir au secours des 600 000 Juifs volés, spoliés, affamés, écrasés, mieux qu’avec des phrases.
« Notre affaire, c’est de préparer la libération des Juifs et non-Juifs, allemands ou italiens, autrichiens ou tchèques qui travaillent obscurément mas opiniâtrement à détruire les dictatures. Notre affaire, c’est d’organiser le blocus moral et matériel de l’Allemagne hitlérienne, le boycottage des bourreaux.
« Notre affaire, c’est d’obtenir l’expulsion des agents de Berlin, la mise en quarantaine d’une nation qui offense l’homme et souille le droit.
« Notre affaire, c’est de réussir à faire comprendre à la France – ailleurs on a déjà compris – qu’elle serait infidèle à sa mission, traître à son devoir, si elle ne se plaçait pas au premier rang des protestataires.
« Notre affaire, c’est d’exiger la loi contre le racisme, l’arrestation des complices français des criminels hitlériens.
« Notre affaire, c’est de réclamer l’abrogation de l’infâme décret-loi sur les étrangers qui vient d’être commis et qui institue un « numerus clausus » intolérable dans la législation républicaine ; c’est de ne pas laisser envoyer au bagne les pauvres immigrés accusés d’infraction aux expulsions dont ils sont victimes, c’est d’interdire qu’on imite, comme on vient de le faire, l’Italie raciste, en restreignant les droits français des naturalisés.
« Notre affaire, c’est de défendre tous les Grynspan de la terre, juifs, noirs, musulmans, chrétiens.
« Notre affaire, c’est d’être implacablement, irréductiblement, ennemis du racisme, ennemis donc de l’Allemagne « telle qu’elle est » et de l’Italie « telle qu’elle est ».
« Notre affaire, c’est de lutter jusqu’aux plus extrêmes limites du combat, de ne rien craindre, de ne jamais trembler, de ne jamais hésiter.
« Notre affaire, c’est, magnifiant les Etats-Unis d’Amérique, leur président Roosevelt, d’agir pour que l’Europe encore libre, ne se livre pas à la servitude.
« Notre affaire, c’est de dire aux voyous de la Wilhelmstrasse : « Vous êtes des gangsters. Ayez le destin des gangsters. Vous trouvez ‘déshonorant’ de vous asseoir aux côtés d’un Juif, mais vous acceptez de manger dans sa vaisselle, de coucher dans son lit, de voler son argent. Nous trouvons déshonorant que la France et les nations propres s’assoient à vos côtés, qu’elles vous prennent pour des hommes alors que vous êtes pires que des bêtes fauves. »
« Notre affaire, c’est de déclarer une guerre sans merci à l’ennemi public numéro 1.
« Qu’on en trouve ici l’assurance ! Cette guerre-là nous la mènerons jusqu’à ce que les Grynspan n’aient plus à courir chez l’armurier pour venger dans le sang le malheur d’être juif. »
Sur le plan judiciaire, l’affaire Grynspan tourne court rapidement. Arrêté, le jeune Herschel est incarcéré à Paris. Tandis que l’instruction est confiée au juge Tesnières, trois ténors assurent la défense de Grynspan, Mes Henry Torrès, de Moro-Giafferi et Franckel. La partie civile est représentée par Me Maurice Garçon et par le professeur Grimm. Sur ces entrefaites, la guerre survient. Le procès est renvoyé sine die. Transféré vers la province, Grynspan, profitant du bombardement du convoi par les Allemands, parvient à s’échapper, mais il est arrêté à Toulouse, expédié à Vichy, et remis par les pétainistes aux Allemands qui le ramènent à Paris. De prison en camp de concentration, Herschel Grynspan passe par Berlin et Sachsenhausen. Son sort reste suspendu à un procès à grand spectacle annoncé à plusieurs reprises, mais qui n’aura jamais lieu. Dès lors, la destinée d’Herschel Grynspan est enveloppée d’un halo de flou et de mystère. Les hypothèses les plus invraisemblables ont été avancées. En 1959, la revue anglaise World Jewry sous la signature d’E. Larsen, affirmait qu’Herschel Grynspan était vivant, marié, père de deux enfants et garagiste dans la banlieue parisienne.
Selon le comte Soltikoff, journaliste à Wochenend, l’attentat du 7 novembre 1938, était en réalité lié à une affaire de mœurs. D’autres, enfin, ont défendu la thèse d’un Grynspan, agent provocateur manipulé par les nazis.
Ces hypothèses ne résistent pas à l’analyse et aux témoignages. Pour Me Weill-Goudchaux, qui fut aussi un défenseur de Grynspan, ce dernier a été abattu à la hache près de Toulouse en 1940. Pour le père et le frère d’Herschel, rescapés de la Shoah, et citoyens israéliens, il est impossible qu’Herschel ait pu survivre après la guerre sans leur donner le moindre signe de vie malgré les innombrables avis de recherche publiés dans le monde entier par leurs soins.
Nonobstant l’aspect mystérieux, et parfois rocambolesque de la fin d’Herschel Grynspan, un fait demeure intangible : l’attitude de la L.I.C.A. Comme pour Schwarzbard, comme pour Frankfurter, elle a choisi la défense des faibles face à l’oppression, des malheureux traumatisés face aux pogromistes, aux racistes et aux antisémites. Elle l’a fait souvent à contre-courant de l’opinion du moment, sans peur ni hésitation, donnant une leçon de courage à ceux qui préférèrent alors la politique de gribouille.
Ce texte de Jean-Pierre –Allali et Haim Musicant est extrait de leur livre « Des hommes libres, Histoires extraordinaires de l’histoire de la Licra » (Editions Bibliophane. 1987).
Une autre these a lire sur jcdurbant:
" celle du fait divers de l’historien allemand Hans-Jürgen Döscher selon laquelle le meurtrier connaissait la victime du milieu homosexuel parisien qu’ils fréquentaient tous deux et que c’est suite au refus de celui-ci de lui procurer le visa promis qu’il l’aurait tué."
Publié par prof à 19:02
Libellés : Allemagne, Heros du Peuple Juif
1 commentaires:
jc durbant a dit…
Extrait très intéressant, mais qui passe un peu vite peut-être sur la question de ce qui aurait fait renoncer Hitler à une telle occasion pour son procès à grand spectacle.
Et donc sur la possibilité que, dans ses tentatives désespérées pour échapper à son expulsion, Grynszpan aurait pu réellement rencontrer vom Rath avant, y compris dans le milieu homosexuel parisien (hypothèse d’ailleurs reprise, semble-t-il mais comme stratégie de défense, par son avocat lui-même).
La décision de présenter (comme David Frankfurter avant lui ?) son geste comme protestation contre le sort des juifs expulsés d’Allemagne venant alors après un éventuel refus de la part de sa victime ?
http://jcdurbant.blog.lemonde.fr/2008/01/10/television-grynszpan-et
Mon coeur saigne lorsque j'entends parler de la tragédie des 12000 Juifs.
Je dois protester pour que le monde entier entende mon cri et cela,
je suis contraint de le faire. Pardonnnez-moi. Herschel " wiki
Un épisode peu connu et pourtant déterminant des années noires de l’Occupation : l’assassinat, en plein Paris, par un jeune Juif, Herschel Grynszpan,né le 28 mars 1921 à Hanovre, en Allemagne et décédé probablement entre 1944 et 1945, d’un diplomate allemand. Ce geste désespéré d’un homme que d’aucuns considèreront plus tard comme un « vengeur », sera le prélude à la terrifiante « Nuit de Cristal ».
Paris, 7 novembre 1938. Rue de Lille. A quelques pas de l’Assemblée nationale, la légation allemande.
« Je désire être reçu par l’ambassadeur. J’ai des documents très importants à lui remettre ! »
Le concierge de la légation observe avec étonnement ce jeune homme brun, maigre, au regard vif, qui vient de s’adresser à lui. Herschel Grynspan est élégamment vêtu. Costume, chemise blanche, cravate sombre, imperméable de bonne facture.
Mais ne rencontre pas le comte Welczeck qui veut !
« Le troisième secrétaire, attaché à l’ambassade, M. von Rath, va vous recevoir. »
Grynspan serre dans sa poche le revolver qu’il vient d’acheter. Pendant quelques instants, et tandis qu’il se dirige vers le bureau d’Ernst von Rath, il revoit en mémoire le magasin de son oncle Abraham, le tailleur de la rue des Petites-Ecuries avec lequel il s’est brouillé il y a peu, le doux visage de Beilé, sa sœur chérie et les yeux de ses parents qui semblent l’implorer : « Au secours Herschel, on nous a déportés à Zboszyn, de l’autre côté de l’Oder. Ils vont nous tuer, Herschel. Au secours ! »
« Vous êtes Monsieur… » Ernst von Rath n’a pas le temps de poser sa question. Grynspan vient de décharger sur lui la totalité de son barillet. Il git dans une mare de sang, mortellement blessé. Il succombera le lendemain de ses blessures.
Pour Herschel Grynspan, 18 ans, juif d’origine polonaise, justice est faite. Pour les nazis, le prétexte à une action antijuive de grande envergure est tout trouvé. Le geste vengeur de Grynspan sera le prélude à la « Nuit de Cristal ».
Pour comprendre et analyser les motivations de Grynspan, il faut remonter quelques années en arrière. En 1935, Herschel, qui a quinze ans, vit en Allemagne, à Hanovre, avec ses parents, juifs polonais. La montée du nazisme, l’ascension de Hitler, inquiètent les Grynspan qui décident de mettre leur fils à l’abri en le confiant à une proche parente à Bruxelles. Mais la police belge veille et traque les sans-papiers. Herschel choisit la fuite. Dans le tramway qui relie Quiévrain en Belgique à Valenciennes en France il se mêle à un groupe d’ouvriers frontaliers et le voilà en France, pays de la liberté et des droits de l’homme, mais aussi celui de l’oncle Abraham, le tailleur. L’oncle et la tante de Herschel accueillent leur neveu avec beaucoup de chaleur. Certes, les risques sont grands. Herschel ne parle pratiquement pas le français. Il n’a pas de papiers. Mais la famille, c’est la famille. On fera avec. C’est compter, hélas, sans la vigilance de la police française qui, comme son homologue belge, ne s’embarrasse pas de sentiments. Une missive administrative brève et sèche apprend à Herschel qu’il est sous le coup d’un arrêté d’expulsion. Devant toutes ces portes qui se ferment Herschel n’a plus qu’une solution, la clandestinité.
Le voilà déraciné, perdu dans un pays qu’il ne connaît pas, sans papiers d’identité, sans ressources.
Un sous-humain, un non-être. Et voici, pour comble de malheur, que les nouvelles les plus alarmantes sur le sort de sens parents lui parviennent. Sa sœur Beilé lui a écrit : « Nos pauvres parents vont être transférés à Zboszyn, au-delà de l’Oder, avec plusieurs milliers d’autres juifs polonais. » Et de fait, le 7 octobre 1938, les nazis, après avoir imposé la déclaration obligatoire des biens juifs et la suppression des exceptions accordées aux avocats juifs anciens combattants, ont introduit le tamponnage des passeports et pièces d’identité des Juifs par le biais d’un « J » en bonne place.
Ce même jour, le gouvernement polonais adopte une mesure pour ses nationaux résidant à l’étranger : l’apposition d’un cachet spécial sur les passeports pour éviter d’être déchu de la nationalité polonaise. Et comme, discrètement, les consulats polonais ont reçu l’ordre de ne pas renouveler les passeports des Juifs vivant à l’étranger depuis plus de cinq ans, 20 000 malheureux se découvrent apatrides du jour au lendemain.
Tous les Juifs polonais habitant le territoire du Reich sont arrêtés et expulsés. C’est ainsi que 3 135 juifs de Vienne sont refoulés vers la Pologne. Une Pologne qui ne veut pas de ces citoyens, qui sont pourtant ses nationaux. Et voici que des milliers de personnes se retrouvent soudainement des fantômes administratifs errant sur une bande de terre, le no man’s land de la région de Zboszyn. De longues semaines de froid et de neige dans des campements de fortune, entre deux frontières, hermétiquement closes. Parmi ces désespérés, véritable rebut de l’histoire, à la merci du bon vouloir des administrations et des gouvernements, un couple, les Grynspan, originaires de Hanovre, le père et la mère du jeune Herschel Grynspan, qui , fou de douleur et désespéré devant le sort réservé à ses parents et à son peuple, fera de von Rath la victime expiatoire de son désir légitime de vengeance. Un von Rath dont on apprendra par la suite que, jeune diplomate de vingt-neuf ans il appartenait à une vieille famille aristocratique prussienne. Ayant adhéré au Parti national socialiste par opportunisme politique, il était mal noté par ses supérieurs, du ministère des Affaires étrangères pour avoir osé critiquer les persécutions raciales et l’attitude anti-cléricale du nazisme. Lorsque Herschel Grynspan reçut la lettre de sa sœur Beilé, sa décision était prise. Il vengerait ses parents, il vengerait son peuple. Mis au courant, son oncle Abraham s’oppose à ses projets. C’est la rupture. Herschel quitte la demeure des Grynspan et erre dans Paris. Après une nuit passée dans un hôtel du boulevard de Strasbourg, il se présente rue de Lille au siège de la légation allemande. On connaît la suite.
L’affaire Grynspan aurait pu demeurer un simple fait divers. C’était compter sans le machiavélisme des nazis. Prête à fonctionner, n’attendant qu’un prétexte, la gigantesque machine à détruire hitlérienne se met en marche. Selon un plan, longuement médité, les S.A. (sections d’assaut) déferlent dans la nuit du 9 novembre à travers l’Allemagne. C’est le pogrome à l’échelle d’un pays tout entier. Les six cents synagogues du pays, dont certaines sont des monuments classés, sont pillées. Tous les magasins juifs sont mis à sac. Des milliers de maisons juives et d’édifices institutionnels font l’objet d’attaques en règle. Trente mille personnes, dont les femmes, des enfants et des vieillards, sont jetées dans des camps de concentration à Dachau, Buchenwald, Sachsenhausen et sauvagement brutalisées. C’est la « Nuit de Cristal ». Au matin du 10 novembre 1938, toutes les artères des grandes villes allemandes sont recouvertes de débris de verre, témoins su pogrome. Au milliard de marks en perte de biens pour la communauté juive, s’ajoute une amende collective d’un autre milliard qui est imposée aux Juifs du Reich. Ceux des Juifs allemands qui, contre vents et marées, croyaient encore en l’avenir du Reich, cherchent à fuir. Les consulats étrangers sont pris d’assaut mais n’accordent leurs visas que très parcimonieusement.
A la Chambre des communes, le Premier ministre britannique stigmatise le pogrome et les Américains rappellent leur ambassadeur à Berlin. La France est plus discrète dans ses réactions et à Paris l’inquiétude de la communauté juive qui frise dans certains milieux, une véritable panique, entraîne des réactions irrationnelles et aberrantes. Le 18 novembre, L’Univers israélite publie une lettre ouverte à la mère de von Rath. Les responsables du journal y expriment leur tristesse devant la mort du secrétaire d’ambassade. Expliquant qu’il serait injuste de rendre tous les Juifs collectivement responsables de la mort de son fils, les rédacteurs de la missive implorent la pitié de Madame von Rath. Minimisant le caractère racial de la « Nuit de Cristal », L’Univers israélite, journal proche du Consistoire de Paris, attribue à la pègre allemande ce qui de toute évidence fut une action planifiée et exécutée dans les moindres détails par le gouvernement hitlérien.
Autre exemple de l’attitude ambiguë et souvent veule d’une partie de l’ « Establishment » communautaire juif : la déclaration du Grand rabbin de Paris, Julien Weil, estimant que la paix est plus importante que le sort des Juifs en Europe centrale (voir Le Matin du 19 novembre 1938).
De son côté, la communauté immigrée, par le biais du Parizer Haint (L’Aujourd’hui de Paris) fait savoir qu’elle n’a jamais eu de liens avec le jeune Grynspan. Dans sa quasi-totalité, la communauté juive de France adopte un profil bas. On évite les discours, les protestations publiques, les démarches officielles.
Puisque la tendance politique du gouvernement français est à l’alliance avec l’Allemagne, pourquoi risquer d’attiser la xénophobie ambiante ? En porte-à-faux, avec cette attitude de repli et de discrétion à outrance, la L.I.C.A., par le biais de son organe Le Droit de Vivre prend ouvertement fait et cause pour Herschel Grynspan.
Sous la signature de Bernard Lecache, son directeur, l’hebdomadaire antiraciste titre à la une : « Grynspan, tu es absous ! »
Pour Lecache, le procès qui s’annonce, est une fiction juridique basée sur une politique hypocrite qui se voile la face devant les crimes commis par l’Allemagne hitlérienne, et s’apprête à condamner un gamin. Et le président de la L.I.C.A., d’affirmer avec force : « Grynspan est déjà jugé. Il est déjà absous. » La L.I.C.A. est déterminée à défendre Grynspan « avec pitié, avec tristesse, avec passion, avec acharnement ». Mais alors, le chœur des moralistes qui s’apitoient sur le sort de von Rath, ne va-t-il pas crier « au complot judéo-international » : « Que l’on crie ! » s’exclame Lecache. Par dessus les aboiements des crieurs il y a un vrai procès à faire, celui de Berlin, celui de Hitler. Certes, le geste de Grynspan est regrettable ; ce type de comportement n’est ni naturel ni souhaitable mais il importe de bien discerner les vraies responsabilités. Pour Bernard Lecache, c’est là précisément l’affaire de la L.I.C.A.
« Notre affaire, c’est de sonner l’alarme. De défendre notre sol, nos principes et de sauver ce qui, dans un monde douloureux, peut encore être sauvé. Notre affaire, c’est de venir au secours des 600 000 Juifs volés, spoliés, affamés, écrasés, mieux qu’avec des phrases.
« Notre affaire, c’est de préparer la libération des Juifs et non-Juifs, allemands ou italiens, autrichiens ou tchèques qui travaillent obscurément mas opiniâtrement à détruire les dictatures. Notre affaire, c’est d’organiser le blocus moral et matériel de l’Allemagne hitlérienne, le boycottage des bourreaux.
« Notre affaire, c’est d’obtenir l’expulsion des agents de Berlin, la mise en quarantaine d’une nation qui offense l’homme et souille le droit.
« Notre affaire, c’est de réussir à faire comprendre à la France – ailleurs on a déjà compris – qu’elle serait infidèle à sa mission, traître à son devoir, si elle ne se plaçait pas au premier rang des protestataires.
« Notre affaire, c’est d’exiger la loi contre le racisme, l’arrestation des complices français des criminels hitlériens.
« Notre affaire, c’est de réclamer l’abrogation de l’infâme décret-loi sur les étrangers qui vient d’être commis et qui institue un « numerus clausus » intolérable dans la législation républicaine ; c’est de ne pas laisser envoyer au bagne les pauvres immigrés accusés d’infraction aux expulsions dont ils sont victimes, c’est d’interdire qu’on imite, comme on vient de le faire, l’Italie raciste, en restreignant les droits français des naturalisés.
« Notre affaire, c’est de défendre tous les Grynspan de la terre, juifs, noirs, musulmans, chrétiens.
« Notre affaire, c’est d’être implacablement, irréductiblement, ennemis du racisme, ennemis donc de l’Allemagne « telle qu’elle est » et de l’Italie « telle qu’elle est ».
« Notre affaire, c’est de lutter jusqu’aux plus extrêmes limites du combat, de ne rien craindre, de ne jamais trembler, de ne jamais hésiter.
« Notre affaire, c’est, magnifiant les Etats-Unis d’Amérique, leur président Roosevelt, d’agir pour que l’Europe encore libre, ne se livre pas à la servitude.
« Notre affaire, c’est de dire aux voyous de la Wilhelmstrasse : « Vous êtes des gangsters. Ayez le destin des gangsters. Vous trouvez ‘déshonorant’ de vous asseoir aux côtés d’un Juif, mais vous acceptez de manger dans sa vaisselle, de coucher dans son lit, de voler son argent. Nous trouvons déshonorant que la France et les nations propres s’assoient à vos côtés, qu’elles vous prennent pour des hommes alors que vous êtes pires que des bêtes fauves. »
« Notre affaire, c’est de déclarer une guerre sans merci à l’ennemi public numéro 1.
« Qu’on en trouve ici l’assurance ! Cette guerre-là nous la mènerons jusqu’à ce que les Grynspan n’aient plus à courir chez l’armurier pour venger dans le sang le malheur d’être juif. »
Sur le plan judiciaire, l’affaire Grynspan tourne court rapidement. Arrêté, le jeune Herschel est incarcéré à Paris. Tandis que l’instruction est confiée au juge Tesnières, trois ténors assurent la défense de Grynspan, Mes Henry Torrès, de Moro-Giafferi et Franckel. La partie civile est représentée par Me Maurice Garçon et par le professeur Grimm. Sur ces entrefaites, la guerre survient. Le procès est renvoyé sine die. Transféré vers la province, Grynspan, profitant du bombardement du convoi par les Allemands, parvient à s’échapper, mais il est arrêté à Toulouse, expédié à Vichy, et remis par les pétainistes aux Allemands qui le ramènent à Paris. De prison en camp de concentration, Herschel Grynspan passe par Berlin et Sachsenhausen. Son sort reste suspendu à un procès à grand spectacle annoncé à plusieurs reprises, mais qui n’aura jamais lieu. Dès lors, la destinée d’Herschel Grynspan est enveloppée d’un halo de flou et de mystère. Les hypothèses les plus invraisemblables ont été avancées. En 1959, la revue anglaise World Jewry sous la signature d’E. Larsen, affirmait qu’Herschel Grynspan était vivant, marié, père de deux enfants et garagiste dans la banlieue parisienne.
Selon le comte Soltikoff, journaliste à Wochenend, l’attentat du 7 novembre 1938, était en réalité lié à une affaire de mœurs. D’autres, enfin, ont défendu la thèse d’un Grynspan, agent provocateur manipulé par les nazis.
Ces hypothèses ne résistent pas à l’analyse et aux témoignages. Pour Me Weill-Goudchaux, qui fut aussi un défenseur de Grynspan, ce dernier a été abattu à la hache près de Toulouse en 1940. Pour le père et le frère d’Herschel, rescapés de la Shoah, et citoyens israéliens, il est impossible qu’Herschel ait pu survivre après la guerre sans leur donner le moindre signe de vie malgré les innombrables avis de recherche publiés dans le monde entier par leurs soins.
Nonobstant l’aspect mystérieux, et parfois rocambolesque de la fin d’Herschel Grynspan, un fait demeure intangible : l’attitude de la L.I.C.A. Comme pour Schwarzbard, comme pour Frankfurter, elle a choisi la défense des faibles face à l’oppression, des malheureux traumatisés face aux pogromistes, aux racistes et aux antisémites. Elle l’a fait souvent à contre-courant de l’opinion du moment, sans peur ni hésitation, donnant une leçon de courage à ceux qui préférèrent alors la politique de gribouille.
Ce texte de Jean-Pierre –Allali et Haim Musicant est extrait de leur livre « Des hommes libres, Histoires extraordinaires de l’histoire de la Licra » (Editions Bibliophane. 1987).
Une autre these a lire sur jcdurbant:
" celle du fait divers de l’historien allemand Hans-Jürgen Döscher selon laquelle le meurtrier connaissait la victime du milieu homosexuel parisien qu’ils fréquentaient tous deux et que c’est suite au refus de celui-ci de lui procurer le visa promis qu’il l’aurait tué."
Publié par prof à 19:02
Libellés : Allemagne, Heros du Peuple Juif
1 commentaires:
jc durbant a dit…
Extrait très intéressant, mais qui passe un peu vite peut-être sur la question de ce qui aurait fait renoncer Hitler à une telle occasion pour son procès à grand spectacle.
Et donc sur la possibilité que, dans ses tentatives désespérées pour échapper à son expulsion, Grynszpan aurait pu réellement rencontrer vom Rath avant, y compris dans le milieu homosexuel parisien (hypothèse d’ailleurs reprise, semble-t-il mais comme stratégie de défense, par son avocat lui-même).
La décision de présenter (comme David Frankfurter avant lui ?) son geste comme protestation contre le sort des juifs expulsés d’Allemagne venant alors après un éventuel refus de la part de sa victime ?
http://jcdurbant.blog.lemonde.fr/2008/01/10/television-grynszpan-et
samedi 5 janvier 2008
LES RAMIFICATIONS DE L'EXTREME DROITE EN FRANCE
D’Omaha Beach à la rue Malesherbes ?
L’extrême droite française n’a pas disparu avec la dernière élection. Bien au contraire, elle s’est nettement radicalisée. On peut, comme le MRAP, s’étonner par exemple de la création, le 4 juillet dernier d’une organisation comme "Faisceaux", résurgence directe de groupuscule connu, qui prônait depuis sur son site l’avénement du nazisme et chantait tous les jours les vertus du négationnisme, en proposant en téléchargement les textes de Faurisson, un phénomène qui tombe pourtant sur le coup de la loi. Des mouvements éparses, qui ont parfois trouvé de nouvelles façons pour se faire entendre ou pour parader. Pour se faire entendre, il y a leur activisme sur le net, assez prononcé, et pour parader... Eh bien c’est simple, il n’y a qu’à s’insérer dans un défilé. Histoire surprenante d’un itinéraire, qui conduit des plages de la Manche jusqu’en plein Paris, peut-être bien.
Cet été, une association quasi inconnue, "l’Omaha Beach Committee", s’est chargée de la réalisation d’une initiative intéressante et plutôt bien pensée en faisant écrire sur les plages la phrase "France will never forget" par des centaines de personnes se tenant la main. Un beau clin d’œil aux américains pour le 63e anniversaire du débarquement. Dans le comité de l’OBC figure aussi Emmanuel de la Taille, l’ancienne figure télévisuelle française marquée fortement catholique, tendance traditionnelle, et d’autres... que l’on peut distinguer au générique final du petit clip célébrant l’événement (ils sont tous cités, soyez attentifs aux noms qui défilent). Jusque-là rien de renversant, l’association est une des nombreuses qui se chargent d’entretenir le souvenir de ceux qui sont morts sur les plages un 6 juin 44 pour que la France et l’Europe ne subissent plus le joug nazi. Un symbole fort, en quelque sorte.
Comme manifestation, pour ce 63e anniversaire, au Omaha Beach Committee, il a été également choisi, cette année encore, de faire circuler dans les villes et villages de la côte normande libérés des véhicules et des soldats en uniformes de l’époque, une forme de reconstitution, chose désormais prisée par un public assailli d’influence télévisuelle. C’est devenu une mode incontournable, au même titre que les pilleurs de sites militaires, avec leurs détecteurs de métaux, dont Agoravox vous a déja parlé ici (avec le même problème de la limite entre goût pour l’histoire et fanatisme militaire). Une réussite pour certains amateurs de spectacles, mais des voix se sont élevées (écoutez le reportage) cette année sur une partie des participants au défilé de l’année précédente. Des voix qui ont remonté jusqu’au comité, et son directeur, qui a suspendu illico la participation au défilé 2007 du groupe incriminé. Des participants ayant une drôle d’allure... habillés avec les uniformes fournis par le trésorier de leur association, Gilles Ragouin. Et une attitude bizarre, un peu dans comme "l’affaire Bonsecours", du nom du village belge où un problème similaire s’était produit récemment. L’homme est un ancien sous-officier d’active sorti de Saint-Maixent, promotion 1982, jusque-là rien à dire, c’est plutôt sympathique comme un "copain d’avant", il est même responsable d’un centre aéré... Mais les uniformes que ses hommes arboraient en avaient surpris plus d’un. Leur comportement aussi avait aussi sidéré les populations autochtones. Une terrible impression de déjà vu, de mauvais remake.
C’est Ouest-France qui a révélé l’affaire le 19 septembre dernier. Elle est énorme. Une association, intitulée Vent d’Europe, présente aux commémorations en 2006 (des photos et des vidéos l’attestent), ne participe pas cette année-là aux commémorations, et personne ne l’a remarqué alentour... et pour cause. Le groupuscule en uniforme est un groupe néo-nazi, et la direction de l’Omaha Beach Committee, qui s’est émue de se présence, n’a pas souhaité sa venue en 2007 ! Le trésorier de l’association visée s’appelle... Ragouin. Qui se défend évidemment des connotations de son groupe. Il n’est pas le seul groupe du genre, pourtant, à être présent : des membres de la section française d’une obscure "internationale national-socialiste" (hitlérienne, donc) étaient aussi présents lors des journées normandes à Vareville (Utah Beach) en mai dernier encore. Un autre groupe aux poses étranges se chargeant de l’animation en ville. Vent d’Europe était cependant invitée en août dernier, à la batterie Marcouf, un bunker rachetée en 2004 par Philippe Tanne. Mais elle ne viendra pas. Au final, sur les photos de la manifestation figurant sur le site de la batterie allemande restaurée, seule figure cette année 2007 Enfer Normand des nostalgiques d’une division américaine, le 101e du 506 PIR du 2e bataillon US pour être précis. En quelques semaines, Vent d’Europe est devenue persona non grata sur toute le côte normande. Néo-nazie, et donc paria. Autant dire que ses membres n’appécient que fort peu d’être privés de leur cour de récréation militaire.
Le groupe d’amateurs "de style américain" de reconstitution historique cité a un site officiel, et son responsable est... Philippe Tanne. Sur le site, un lien existe vers d’autres nostalgiques. Ceux d’une Panzer Division. Une adresse qui renvoie elle-même sur d’autres encore, plus surprenante encore, des admirateurs polonais des Waffen SS, qui posent, drapeau à la swastika fièrement déployée. Le déguisement militaire a ceci d’inquiétant c’est que certains y consacrent du temps par pure nostalgie d’une époque révolue, d’autres y mêlent de l’idéologie. Et pas n’importe laquelle, souvent. Celle du nazisme.
À Omaha Beach, Un groupe néo-nazi qui participe aux commémorations officielles du débarquement, le scandale révélé en septembre 2007 est énorme ! Eh bien oui, et c’en est un, et depuis quelques années déjà semble-t-il, sous diverses appellations, mais seuls les journalistes Ouest-France l’ont remarqué : lors des scénettes rejouées depuis quelques années, d’anciens nostalgiques du Reich avaient réussi à s’infiltrer, étant les seuls à pourvoir en uniformes allemands ou en véhicules de même provenance. Et vas-y que je défile en Waffen SS (l’exposition des signe nazis étant pourtant interdit... mais pas dans le cadre d’une évocation historique" selon la l’article de loi R-6451) dans la Wolkswagen 181 de Ragouin, copie récente de la Kübelwagen, et que le soir je sirote des bières allemandes en entonnant des champs nazis, au grand étonnement des populations locales, effondrées ! Étant en cela un peu (beaucoup) aidés... par le directeur du musée Marcouf, situé à Crisbecq, sur une ancienne batterie côtière, qui passe aujourd’hui obligatoirement pour un sympahisant lui aussi (les nazillons le remercient chaleureusement par site internet interposé de son aide avec des "merci à notre ami Philippe"). C’est Philippe Tanne, un grand nostalgique des bunkers... devenu grand ami de Vent d’Europe sans le savoir... ou sans s’en rendre compte vraiment, d’après ces propres propos, ce qu’on a beaucoup de mal à croire aujourd’hui. Un comble, pour quelqu’un qui se prétendait historien. Les gens de l’association lui ont remis à neuf bénévolement tout le mois de septembre dernier une casemate, mais ils n’auraient pas eu le temps de discuter avec eux ? Sur le site internet de la batterie, on a mélangé savamment photos d’époque et photos de soldats en uniforme actuels : la reconstitution va loin, dans ce sens, elle devient... histoire. Sur 24 clichés, au départ des originaux, on a glissé négligemment ou intentionnellement une vingtième et une vingt-troisième photos, celle des figurants de Vent d’Europe, pour faire plus vrai encore, on suppose. À partir de là, on peut parler de manipulation de l’histoire : or ce phénomène est le propre d’une démarche négationniste, rien de moins. Aucune légende ne précise qu’il s’agit parfois de reconstitution. Et le propiétaire difficilement admettre qu’il n’était pas au courant : ses visiteurs peuvent en effet acheter, au sortir de la visite du bunker, un beau souvenir : une casquette nazie. L’affaire révélée par Ouest-France fait grand bruit. Mais cela ne semble pas suffire encore. Le groupe, échaudé par son éviction, choisit alors de monter d’un cran dans l’abjection. Par calcul, et par provocation.
Le site internet des adorateurs du nazisme, dirigé par un breton de Dinard, ambulancier de métier en l’occurence un dénommé Luc Tacher, en rajoute un peu plus quelques jours plus tard : sur son forum, un des joyeux participants se vante en effet il y a quelques semaines seulement d’avoir participé à un film de télévision (de deux minutes) destinée aux écoles... concernant Guy Môquet. Un film doté de moyens financiers conséquents, car décidé en haut lieu, un film avec comme vedette Jean-Baptiste Maunier, célèbre depuis le film Les Choristes dans le rôle de Guy Môquet. Un homme se vante, sur le site incriminé, d’y avoir été "conseiller technique". En fait, il était présent sur le plateau car son employeur l’y avait dépêché. C’est un loueur de costumes de cinéma, plutôt renommé : Maratier. Et l’homme, c’est celui à la Kübelwagen. Toujours le même, c’est encore Gilles Ragouin. Lui aussi au Front national.
Double scandale !!! Emoi gouvernemental, affolement à l’Education nationale, le site (un simple blog) est vite prié de se faire voir ailleurs sur le net... pour réapparaître aussi vite sous une autre forme. C’est une particularité des gens qui y adhèrent : ce sont des entêtés, persuadés de leur idées, rien ne les arrête. Le site nouveau vante aussitôt la même chose que le blog précédent, à savoir l’engagement dans la Waffen SS de Français par exemple et bien d’autres horreurs : la majeure partie du site fait la part belle à la sinistre division Charlemagne. Et aux SS en général. Un dénommé Eric Refait y contribue, en affirmant sans ambage : "Reste que du point de vue légal, le droit international communément admis reconnaît qu’un ordre ne peut être dissous que par ses dirigeants. Or, l’Ordre SS, puisque c’est bien comme tel que Himmler l’a instauré, n’a été dissout que par les alliés qui n’avaient donc aucune incompétence ni légitimité pour cela". Au moins c’est net. Pour lui, ça existe toujours. Il n’y a donc pas qu’une simple histoire de déguisement de parade. Pour Éric Refait, de Vent d’Europe, les SS existent toujours, et ils sont dans sa tête. Et il n’est pas le seul à le croire dans le groupe. Il faut savoir qu’avant d’être frontiste à Fréjus, Eric Refait faisait partie du Bloc identitaire, issu lui-même d’Unité radicale, auquel appartenait Maxime Brunerie, l’auteur de l’attentat contre Jacques Chirac, le 14 juillet 2002. Les déguisements ne sont donc pas fortuits. Sous les épaulettes SS, il ya bien un nostalgique des divisions de la mort.
Le pseudo du responsable du nouveau site est Werwolff, qui signifie loup-garou. Mais c’est aussi le nom de l’unité spéciale des SS d’Himmler. L’homme semble être disons, un..." passionné". Pour lui, le site de Crisbecq est... vraie une "terre sainte". Or l’adresse Werwolff chez un fournisseur d’accès national à consonance anglo-saxonne renvoie directement au dénommé... Luc Tacher. L’homme n’est pas un total inconnu non plus. Dans un courrier au magazine Militaria, Luc Tacher écrivait, à propos de son association Vent d’Europe : "J’en parle en connaissance de cause en tant que président d’un club de reconstitution militaire, association loi 1901, dont les membres représentent plusieurs périodes de l’Histoire et dont la section germanique, qui a le plus de succès avec ses 35 membres encartés avec pour thèmes la 17e Felddivision de la LW et les Waffen SS, participe depuis plus de deux ans et régulièrement à des public shows et commémorations de batailles en Tchéquie, Slovaquie et Italie. Le public y est enthousiaste à la vue des uniformes allemands et, pourtant, ces deux premiers pays devraient les maudire après avoir subi quatre années d’occupation allemande suivie de quarante-cinq années d’occupation soviétique ! Il n’en est rien et tout se passe sans un seul incident ! Nous avons participé également à deux événements importants en Bretagne et en Normandie, l’année dernière, en mai et septembre, couronnés de succès auprès des organisateurs, présidents de clubs alliés, et du public français. À aucun moment, quelqu’un ne nous a fait le reproche de porter l’uniforme allemand, comme personne n’a émis l’hypothèse de notre appartenance à une quelconque organisation nazie !!! Pour preuve de la confiance des organisateurs, les invitations pour cette année sont renouvelées s’ajoutant à celles venant des pays de l’Est et d’Italie." Voilà ou mène la télévision, en quelque sorte, les Français ayant toujours aimé ce côté Septième Compagnie. Alors qu’ici, on ne rit plus. Tacher signe toutes ses interventions du nom d’une division SS, mais il ne prône pas du tout le nazisme, selon lui. Difficile à croire ou à gober. Son déguisement tombe assez vite. Tacher prône le néo-nazisme partout où il passe.
Mais qu’est-ce-donc donc, au juste que Vent d’Europe ? C’est une association créée à partir du "Club de figuration historique et militaire européen" que présidait auparavant Luc Tacher, justement, un ancien du Front national, où il avait encadré de jeunes randonneurs dans des périples bretons plutôt "musclés". Beaucoup, depuis, sont partis fonder Utlagi, une revue bretonne défendant "les valeurs ancestrales du pays". Vent d’Europe est créé officiellement début 2006 par Luc Tacher et Éric Refait, un autre frontiste. Dernièrement, invité à s’expliquer sur un forum sur la participation de Vent d’Europe à Crisbecq, Éric Refait botte en touche, mais ose encore écrire "Je ne suis pas aveugle non plus en ce qui concerne le IIIe Reich. Il y avait de bonnes choses, sociales et économiques notamment, et d’autres moins bonnes, voire carrément mauvaises (le sort réservé aux juifs par exemple)". De "bonnes choses" : décidément, notre homme n’en démord pas. L’association n’a rien fait d’autre depuis que de reconstituer une section de la division Charlemagne, celle des volontaires français pour le Reich. Elle s’est aussi rapprochée de "Histoire et Traditions", qui elle, regroupe les anciens combattants encore en vie de cette sinistre division. Le groupuscule affiche ses idées pro-nazies à l’extérieur, mais n’en fait évidemment pas part pour décrocher des contrats de participation signés au final par des élus locaux ! Un épisode filmé et passé à la télé il n’y a pas si longtemps sur TF1. On y voit un Jacques Lefebvre, le maire de Sainte-Mère-Église s’être fait piéger (par un autre groupe !) lui aussi et l’avouer devant la caméra. Ou Richard Michel, président de la chaîne parlementaire, à l’origine du film sur Môquet, qui s’estime lui aussi grugé et tempête aujourd’hui : 300 000 euros pour faire de la publicité d’un mouvement nazi, alors qu’il s’agissait au départ de rendre hommage à un héros de la Résistance, ça lui reste en travers de la gorge. Les nazillons, aujourd’hui, avec les révélations de Ouest-France, se retrouvent sans trop d’argent et sans leur terrain de jeux favoris. D’où un certain ressentiment. Mais ce n’est pas le seul. Leurs vieux démons les démangent toujours autant. Leur démon, c’est bien entendu le juif, car rien n’a changé chez eux. Bien au contraire. Ce qu’il y a dans leur site n’est pas le fruit du hasard. Et là aussi, en novembre dernier ils doivent déchanter, une nouvelle fois.
Vent d’Europe, comme d’autres mouvances, a en effet ses idéologues. L’un d’entre eux enseignait les mathématiques-physique dans un lycée professionnel ddu Calvados. Son nom : Vincent Reynouard, auteur d’un livre sur la négation de la Shoah. Déjà révoqué de l’Éducation nationale en 1997 (par F. Bayrou) pour avoir stocké sur l’ordinateur du lycée où il enseignait des textes affligeants et négationnistes sur Oradour-sur-Glane, il s’était enfuit depuis à Bruxelles, chez son ami négationniste Siegfried Verbeke (arrêté en Hollande le 5 août 2005), car tombant sous un article de loi qui punit sévèremment ce genre de choses. Lors d’un voyage à Paris, il est arrêté le 14 novembre 2006, et vient juste d’être condamné le 8 novembre dernier. Tarif : un an de prison ferme et 10 000 euros d’amende par le tribunal correctionnel de Saverne (Bas-Rhin) pour contestation de crime contre l’humanité. Bien qu’ayant fait appel, sa condamnation ravive les fanatiques, Reynouard étant négationniste, la Fondation de la mémoire pour la Shoah paraît un obectif tout indiqué pour exercer une éventuelle vengeance. On s’y attend dans les jours qui suivent. La suppression le 28 novembre de données informatiques sur un nombre important de sites identitaires français par un hacker activiste n’a pas dû arranger les choses. Certains s’en émeuvent, comme le MRAP, et évoquent la possibilité de représailles... La goutte qui fait déborder le vase chez les impatients du réglement de comptes ? Dans le forum où il était invité, Éric Refait, à un moment, évoque l’existence d’éléments incontrôlables dans le groupe : " En fait, les incidents sont survenus par la faute d’un seul individu (que je ne nommerai pas, mais que sans doute tout le monde connaît ici) et vu la gravité des incidents en questions, nous nous sommes dis que le nom de VE serait durablement entaché et porterait non seulement préjudice aux membres du groupe collectivement et individuellement, mais aussi aux vétérans que nous voulions "commémorer". La maninestation allemande qui a mal tourné a fait 70 blessés, et en Belgique, en septembre également, on apprend qu’un groupuscule, avec lequel les extrêmistes dialoguent, démasqué par des écoutes téléphoniques, dirigé par Thomas Boutens, préparait deux agressions dont une sur la personne royale. Le problème est pris très au sérieux : Boutens est un... militaire du Bataillon Libération du 5e Génie. Lors des perquisitions, les policiers trouvent avec effroi chez lui "un sac à dos piégé prêt en dix minutes".
En France, le 14 septembre dernier, nouveau coup de théâtre pour l’association : le programme prévu des Journées du patrimoine est amputé à la dernière minute : une nouvelle reconstitution d’un affrontement entre troupes alliées et allemandes sur le site de la batterie côtière de Crisbecq (Manche), "ouvrage majeur du mur de l’Atlantique", a été annulée. La controverse a pris des proportions telles, en effet, que la reconstitution officielle prévue lors de ces journées a été annulée en personne par Alain Marleix, le secrétaire d’État à la Défense, chargé des Anciens combattants. Il adresse en ce sens un texte bien senti aux préfets, le 2 octobre. Avec l’annulation de juin à Omaha, c’est la deuxième fois que Vent d’Europe essuie un échec cuisant. Le ressentiment dans les troupes augmente, pour sûr. Et pas tous sont contrôlables, on le sait bien, même à l’intérieur du mouvement. Deux manifestations interdites, un penseur emprisonné... le gouvernement, qui prend là pourtant de sages décisions, fabrique l’effet inverse. La tension est montée d’un cran à partir de septembre en fait chez nos adorateurs d’Hitler. Certains membres crient plus ou moins ouvertement vengeance.
Et ce n’est pas fini. Pour ceux qui ne le savaient pas encore, le groupuscule est d’obédience nazie, mais lui aussi est négationniste, et comme tel devrait donc se voir interdit d’existence par les tribunaux. Cette preuve de négationnisme existe, car une fois Reynouard tombé, comme ils disent "leur combat continue". Werwolff, alias Tacher, fait aussi dans le critique littéraire. À l’occasion de la sortie du livre de Guillaume Faye sur la "Nouvelle question juive", voilà ce qu’il affirme dans le site "Terre de France"... : "En effet, celui-ci a une attitude assez méprisante vis-à-vis des révisionnistes dans son livre et c’est de cela, que Faurisson condamne. Pour lui, Guillaume Faye utilise peu d’arguments, voire pas du tout, pour contredire les thèses des révisionistes. Ensuite vient le tour de Maître Delcroix, avocat connu de notre mouvance identitaire et nationaliste qui avec les mêmes arguments que Robert Faurisson, condamne à son tour, Guillaume Faye d’avoir survolé ce sujet, pourtant très complexe". Et plus loin un aveu de taille :"Devant le sérieux que sont Ryssen, Faurisson et Maître Delcroix, et peut-être en attendant un avis d’Anne Kling, autre personnalité qui travaille sur les lobbys juifs, je me range aux côtés de ceux qui jugent se livre très insuffisant, et bourré d’inepties". Faye est jugé inepte, mais Faurisson, lui, réputé "sérieux". Or Faurisson est négationniste, sinon le plus connu des négationnistes ! Luc Tacher cautionne la négation des camps de concentration ici et dit plus loin qu’il n’est pas d’accord avec l’attitude d’Hitler vis-à-vis des juifs... Bref, Luc Tacher nie le fond de sa pensée profonde, tout simplement, quand ça l’arrange ! Il est vrai aussi que "Terre de France", le site qui héberge ce talentueux critique littéraire... est dirigé par un certain "Werwolff Spirit"... qui se présente ainsi :" En ce qui concerne mon idéologie, je me considère comme étant un nationaliste social européen". Hitlérien, et fier de l’être, donc. Sur le site de Vent d’Europe et de Terre de France, des adresses montrent clairement les liens idéologiques, essentiellement antisémites. L’adresse en lien est celle des éditions du Lore. Pour 39 euros, on peut y acheter un livre sur la carte postale antisémite (500 exemples), certainement pour offrir pendant les fêtes. Mais aussi du Ryssen "le fanatisme juif", un auteur aux idées... "abracadabrantesques". Manque de chance pour eux, la justice française les tient à l’œil. Et pas qu’eux. Le 6 décembre dernier, Bruno Gollnisch voit sa condamnation confirmée en appel, pour "contestation de l’existence d’un ou plusieurs crimes contre l’humanité". Énième revers pour les partisans de la thèse. Et énième crispation chez les derniers inconditionnels de Faurisson. Chez certains, la coupe est pleine.
Et pourtant, ce n’est pas tout. Le 28 novembre, "Faisceaux", cité au début de cet article, s’arrête. Le nom provenait des Faisceaux qui était la reconstitution de la FANE (Fédération d’action nationaliste et européenne) de Marc Frederiksen. Ce groupement néonazi avait été interdit en 1980, à la suite de l’attentat antisémite contre la synagogue de la rue Copernic. Le fondateur, Denis Chabert, jette l’éponge devant le MRAP. Jusqu’à cette date, on pouvait encore compulser les posts de gamins de 18 ans à peine qui y envoyaient des photos de croix gammées qu’ils avaient dessinées un peu partout, avec le commentaire satisfait de Chabert, qui signait la prouesse d’un salut nazi. L’homme n’en démord toujours pas. Dans une interview à son collègue Terre de France, voilà ce qu’il affirme : "Ceci dit, en dehors de la religion, il y a la race. Les sémites, juifs ou arabes, ne sont pas compatibles avec les blancs. Ce n’est pas du racisme que de dire cela, c’est une simple constatation." Le folklore habituel d’un homme qui avait créé un site "néo-fasciste". Du folklore, peut-être, mais bien pire encore avec l’étrange annonce de Denis Chabert, ancien RPR, puis MNR et ensuite du Front national, pour ne plus appartenir à rien aujourd’hui : "Au printemps (2008) naîtra notre premier camps d’entraînement identitaire". Un vieux rêve les ronge toujours, c’est évident. Un rêve guerrier. Un rêve qui laisse entendre que des actions violentes peuvent être possibles.
Dernier épisode de la chasse au négationnisme, le 14 décembre : Jean-Marie LePen lui-même, dont beaucoup de ses troupes, on vient de le voir, prônent les mêmes idées vient de se voir requerir contre lui cinq mois d’emprisonnement avec sursis et 10 000 euros d’amende (le jugement sera rendu le 8 février prochain). Motif ? "Contestation de crime contre l’humanité" et "complicité d’apologie de crimes de guerre".
A ce stade, on peut donc retenir qu’un groupuscule d’extrêmistes, parmi lesquels des négationnistes de la Shoah avaient infiltré diverses manifestations françaises, s’en étaient fait écarter par décision de directeur d’association, dont le Omaha Beach Committee, ou par décision gouvernementale. Leur éviction et la condamnation de l’un de leurs idéologues à de la prison ferme a créé au sein même du groupe un vif ressentiment. Et que parmi eux, des éléments incontrôlés fort remontés contre la tournure des événements depuis septembre dernier ont déjà provoqué des heurts violents, voire aller jusqu’à attenter à la vie d’un président. Quant à trouver le moyen, il ne faut pas chercher bien loin : sur internet, il s’en trouvera bien un autre irresponsable pour donner mauvais conseil. Le genre d’objet qu’on retrouve dans n’importe quelle perquisition dès qu’on parle de terrorisme, ou presque, en France ("À proximité du lieu de fuite des individus, le gardien découvrait un cylindre sur le sol de type “Pipe bomb” confectionnée à partir d’une cartouche de Co² de 23 cm de long et de 3,5 cm de diamètre, obstruée par un ruban adhésif et transpercée par une paille. Ce dispositif contenait un mélange explosif à base de chlorate -130 grammes-").
Très bien, mais ça ne nous explique toujours pas le titre de ce billet. Pour vous éclairer, je vais vous soumettre ceci, comme lien. C’est un site tenu par une dame, américaine et juive, engagée à droite, sinon plus, qui a été parmi les toutes premières à parler de l’attentat rue Malesherbes à Paris, et c’est cela qui m’a intrigué. Pourquoi, je ne l’ai pas compris non plus tout de suite. Elle a mis en ligne dans la même page un billet transmis par le futur bâtonnier de Paris (en 2008), Christian Charrière-Bournazel, qui lui précise gentiment que :
"The same building also houses a foundation that does research on the Holocaust and a law firm that President Nicolas Sarkozy founded with two other people". Un homme intègre, que ce futur bâtonnier qu’on est un peu surpris de voir cité ici.
Une précision supplémentaire, sur la même page, est alors apportée par Bill Warner, un détective privé de Floride. La voici :
Bill advises me that intended letter bomb victim today in Paris is Olivier Brane, he headed up the Omaha Beach Committee 2007, they also have an office in New Jersey. THE FRENCH WILL NEVER FORGET 101
Park Avenue Hoboken, NJ 07030 - USA.
Voilà, vous savez tout maintenant. Enfin tout ce qu’on a pu trouver à cette date et qui pourrait être relatif au sujet...
par morice
lundi 24 décembre 2007
texte repris du site agoravox
http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=32704
L’extrême droite française n’a pas disparu avec la dernière élection. Bien au contraire, elle s’est nettement radicalisée. On peut, comme le MRAP, s’étonner par exemple de la création, le 4 juillet dernier d’une organisation comme "Faisceaux", résurgence directe de groupuscule connu, qui prônait depuis sur son site l’avénement du nazisme et chantait tous les jours les vertus du négationnisme, en proposant en téléchargement les textes de Faurisson, un phénomène qui tombe pourtant sur le coup de la loi. Des mouvements éparses, qui ont parfois trouvé de nouvelles façons pour se faire entendre ou pour parader. Pour se faire entendre, il y a leur activisme sur le net, assez prononcé, et pour parader... Eh bien c’est simple, il n’y a qu’à s’insérer dans un défilé. Histoire surprenante d’un itinéraire, qui conduit des plages de la Manche jusqu’en plein Paris, peut-être bien.
Cet été, une association quasi inconnue, "l’Omaha Beach Committee", s’est chargée de la réalisation d’une initiative intéressante et plutôt bien pensée en faisant écrire sur les plages la phrase "France will never forget" par des centaines de personnes se tenant la main. Un beau clin d’œil aux américains pour le 63e anniversaire du débarquement. Dans le comité de l’OBC figure aussi Emmanuel de la Taille, l’ancienne figure télévisuelle française marquée fortement catholique, tendance traditionnelle, et d’autres... que l’on peut distinguer au générique final du petit clip célébrant l’événement (ils sont tous cités, soyez attentifs aux noms qui défilent). Jusque-là rien de renversant, l’association est une des nombreuses qui se chargent d’entretenir le souvenir de ceux qui sont morts sur les plages un 6 juin 44 pour que la France et l’Europe ne subissent plus le joug nazi. Un symbole fort, en quelque sorte.
Comme manifestation, pour ce 63e anniversaire, au Omaha Beach Committee, il a été également choisi, cette année encore, de faire circuler dans les villes et villages de la côte normande libérés des véhicules et des soldats en uniformes de l’époque, une forme de reconstitution, chose désormais prisée par un public assailli d’influence télévisuelle. C’est devenu une mode incontournable, au même titre que les pilleurs de sites militaires, avec leurs détecteurs de métaux, dont Agoravox vous a déja parlé ici (avec le même problème de la limite entre goût pour l’histoire et fanatisme militaire). Une réussite pour certains amateurs de spectacles, mais des voix se sont élevées (écoutez le reportage) cette année sur une partie des participants au défilé de l’année précédente. Des voix qui ont remonté jusqu’au comité, et son directeur, qui a suspendu illico la participation au défilé 2007 du groupe incriminé. Des participants ayant une drôle d’allure... habillés avec les uniformes fournis par le trésorier de leur association, Gilles Ragouin. Et une attitude bizarre, un peu dans comme "l’affaire Bonsecours", du nom du village belge où un problème similaire s’était produit récemment. L’homme est un ancien sous-officier d’active sorti de Saint-Maixent, promotion 1982, jusque-là rien à dire, c’est plutôt sympathique comme un "copain d’avant", il est même responsable d’un centre aéré... Mais les uniformes que ses hommes arboraient en avaient surpris plus d’un. Leur comportement aussi avait aussi sidéré les populations autochtones. Une terrible impression de déjà vu, de mauvais remake.
C’est Ouest-France qui a révélé l’affaire le 19 septembre dernier. Elle est énorme. Une association, intitulée Vent d’Europe, présente aux commémorations en 2006 (des photos et des vidéos l’attestent), ne participe pas cette année-là aux commémorations, et personne ne l’a remarqué alentour... et pour cause. Le groupuscule en uniforme est un groupe néo-nazi, et la direction de l’Omaha Beach Committee, qui s’est émue de se présence, n’a pas souhaité sa venue en 2007 ! Le trésorier de l’association visée s’appelle... Ragouin. Qui se défend évidemment des connotations de son groupe. Il n’est pas le seul groupe du genre, pourtant, à être présent : des membres de la section française d’une obscure "internationale national-socialiste" (hitlérienne, donc) étaient aussi présents lors des journées normandes à Vareville (Utah Beach) en mai dernier encore. Un autre groupe aux poses étranges se chargeant de l’animation en ville. Vent d’Europe était cependant invitée en août dernier, à la batterie Marcouf, un bunker rachetée en 2004 par Philippe Tanne. Mais elle ne viendra pas. Au final, sur les photos de la manifestation figurant sur le site de la batterie allemande restaurée, seule figure cette année 2007 Enfer Normand des nostalgiques d’une division américaine, le 101e du 506 PIR du 2e bataillon US pour être précis. En quelques semaines, Vent d’Europe est devenue persona non grata sur toute le côte normande. Néo-nazie, et donc paria. Autant dire que ses membres n’appécient que fort peu d’être privés de leur cour de récréation militaire.
Le groupe d’amateurs "de style américain" de reconstitution historique cité a un site officiel, et son responsable est... Philippe Tanne. Sur le site, un lien existe vers d’autres nostalgiques. Ceux d’une Panzer Division. Une adresse qui renvoie elle-même sur d’autres encore, plus surprenante encore, des admirateurs polonais des Waffen SS, qui posent, drapeau à la swastika fièrement déployée. Le déguisement militaire a ceci d’inquiétant c’est que certains y consacrent du temps par pure nostalgie d’une époque révolue, d’autres y mêlent de l’idéologie. Et pas n’importe laquelle, souvent. Celle du nazisme.
À Omaha Beach, Un groupe néo-nazi qui participe aux commémorations officielles du débarquement, le scandale révélé en septembre 2007 est énorme ! Eh bien oui, et c’en est un, et depuis quelques années déjà semble-t-il, sous diverses appellations, mais seuls les journalistes Ouest-France l’ont remarqué : lors des scénettes rejouées depuis quelques années, d’anciens nostalgiques du Reich avaient réussi à s’infiltrer, étant les seuls à pourvoir en uniformes allemands ou en véhicules de même provenance. Et vas-y que je défile en Waffen SS (l’exposition des signe nazis étant pourtant interdit... mais pas dans le cadre d’une évocation historique" selon la l’article de loi R-6451) dans la Wolkswagen 181 de Ragouin, copie récente de la Kübelwagen, et que le soir je sirote des bières allemandes en entonnant des champs nazis, au grand étonnement des populations locales, effondrées ! Étant en cela un peu (beaucoup) aidés... par le directeur du musée Marcouf, situé à Crisbecq, sur une ancienne batterie côtière, qui passe aujourd’hui obligatoirement pour un sympahisant lui aussi (les nazillons le remercient chaleureusement par site internet interposé de son aide avec des "merci à notre ami Philippe"). C’est Philippe Tanne, un grand nostalgique des bunkers... devenu grand ami de Vent d’Europe sans le savoir... ou sans s’en rendre compte vraiment, d’après ces propres propos, ce qu’on a beaucoup de mal à croire aujourd’hui. Un comble, pour quelqu’un qui se prétendait historien. Les gens de l’association lui ont remis à neuf bénévolement tout le mois de septembre dernier une casemate, mais ils n’auraient pas eu le temps de discuter avec eux ? Sur le site internet de la batterie, on a mélangé savamment photos d’époque et photos de soldats en uniforme actuels : la reconstitution va loin, dans ce sens, elle devient... histoire. Sur 24 clichés, au départ des originaux, on a glissé négligemment ou intentionnellement une vingtième et une vingt-troisième photos, celle des figurants de Vent d’Europe, pour faire plus vrai encore, on suppose. À partir de là, on peut parler de manipulation de l’histoire : or ce phénomène est le propre d’une démarche négationniste, rien de moins. Aucune légende ne précise qu’il s’agit parfois de reconstitution. Et le propiétaire difficilement admettre qu’il n’était pas au courant : ses visiteurs peuvent en effet acheter, au sortir de la visite du bunker, un beau souvenir : une casquette nazie. L’affaire révélée par Ouest-France fait grand bruit. Mais cela ne semble pas suffire encore. Le groupe, échaudé par son éviction, choisit alors de monter d’un cran dans l’abjection. Par calcul, et par provocation.
Le site internet des adorateurs du nazisme, dirigé par un breton de Dinard, ambulancier de métier en l’occurence un dénommé Luc Tacher, en rajoute un peu plus quelques jours plus tard : sur son forum, un des joyeux participants se vante en effet il y a quelques semaines seulement d’avoir participé à un film de télévision (de deux minutes) destinée aux écoles... concernant Guy Môquet. Un film doté de moyens financiers conséquents, car décidé en haut lieu, un film avec comme vedette Jean-Baptiste Maunier, célèbre depuis le film Les Choristes dans le rôle de Guy Môquet. Un homme se vante, sur le site incriminé, d’y avoir été "conseiller technique". En fait, il était présent sur le plateau car son employeur l’y avait dépêché. C’est un loueur de costumes de cinéma, plutôt renommé : Maratier. Et l’homme, c’est celui à la Kübelwagen. Toujours le même, c’est encore Gilles Ragouin. Lui aussi au Front national.
Double scandale !!! Emoi gouvernemental, affolement à l’Education nationale, le site (un simple blog) est vite prié de se faire voir ailleurs sur le net... pour réapparaître aussi vite sous une autre forme. C’est une particularité des gens qui y adhèrent : ce sont des entêtés, persuadés de leur idées, rien ne les arrête. Le site nouveau vante aussitôt la même chose que le blog précédent, à savoir l’engagement dans la Waffen SS de Français par exemple et bien d’autres horreurs : la majeure partie du site fait la part belle à la sinistre division Charlemagne. Et aux SS en général. Un dénommé Eric Refait y contribue, en affirmant sans ambage : "Reste que du point de vue légal, le droit international communément admis reconnaît qu’un ordre ne peut être dissous que par ses dirigeants. Or, l’Ordre SS, puisque c’est bien comme tel que Himmler l’a instauré, n’a été dissout que par les alliés qui n’avaient donc aucune incompétence ni légitimité pour cela". Au moins c’est net. Pour lui, ça existe toujours. Il n’y a donc pas qu’une simple histoire de déguisement de parade. Pour Éric Refait, de Vent d’Europe, les SS existent toujours, et ils sont dans sa tête. Et il n’est pas le seul à le croire dans le groupe. Il faut savoir qu’avant d’être frontiste à Fréjus, Eric Refait faisait partie du Bloc identitaire, issu lui-même d’Unité radicale, auquel appartenait Maxime Brunerie, l’auteur de l’attentat contre Jacques Chirac, le 14 juillet 2002. Les déguisements ne sont donc pas fortuits. Sous les épaulettes SS, il ya bien un nostalgique des divisions de la mort.
Le pseudo du responsable du nouveau site est Werwolff, qui signifie loup-garou. Mais c’est aussi le nom de l’unité spéciale des SS d’Himmler. L’homme semble être disons, un..." passionné". Pour lui, le site de Crisbecq est... vraie une "terre sainte". Or l’adresse Werwolff chez un fournisseur d’accès national à consonance anglo-saxonne renvoie directement au dénommé... Luc Tacher. L’homme n’est pas un total inconnu non plus. Dans un courrier au magazine Militaria, Luc Tacher écrivait, à propos de son association Vent d’Europe : "J’en parle en connaissance de cause en tant que président d’un club de reconstitution militaire, association loi 1901, dont les membres représentent plusieurs périodes de l’Histoire et dont la section germanique, qui a le plus de succès avec ses 35 membres encartés avec pour thèmes la 17e Felddivision de la LW et les Waffen SS, participe depuis plus de deux ans et régulièrement à des public shows et commémorations de batailles en Tchéquie, Slovaquie et Italie. Le public y est enthousiaste à la vue des uniformes allemands et, pourtant, ces deux premiers pays devraient les maudire après avoir subi quatre années d’occupation allemande suivie de quarante-cinq années d’occupation soviétique ! Il n’en est rien et tout se passe sans un seul incident ! Nous avons participé également à deux événements importants en Bretagne et en Normandie, l’année dernière, en mai et septembre, couronnés de succès auprès des organisateurs, présidents de clubs alliés, et du public français. À aucun moment, quelqu’un ne nous a fait le reproche de porter l’uniforme allemand, comme personne n’a émis l’hypothèse de notre appartenance à une quelconque organisation nazie !!! Pour preuve de la confiance des organisateurs, les invitations pour cette année sont renouvelées s’ajoutant à celles venant des pays de l’Est et d’Italie." Voilà ou mène la télévision, en quelque sorte, les Français ayant toujours aimé ce côté Septième Compagnie. Alors qu’ici, on ne rit plus. Tacher signe toutes ses interventions du nom d’une division SS, mais il ne prône pas du tout le nazisme, selon lui. Difficile à croire ou à gober. Son déguisement tombe assez vite. Tacher prône le néo-nazisme partout où il passe.
Mais qu’est-ce-donc donc, au juste que Vent d’Europe ? C’est une association créée à partir du "Club de figuration historique et militaire européen" que présidait auparavant Luc Tacher, justement, un ancien du Front national, où il avait encadré de jeunes randonneurs dans des périples bretons plutôt "musclés". Beaucoup, depuis, sont partis fonder Utlagi, une revue bretonne défendant "les valeurs ancestrales du pays". Vent d’Europe est créé officiellement début 2006 par Luc Tacher et Éric Refait, un autre frontiste. Dernièrement, invité à s’expliquer sur un forum sur la participation de Vent d’Europe à Crisbecq, Éric Refait botte en touche, mais ose encore écrire "Je ne suis pas aveugle non plus en ce qui concerne le IIIe Reich. Il y avait de bonnes choses, sociales et économiques notamment, et d’autres moins bonnes, voire carrément mauvaises (le sort réservé aux juifs par exemple)". De "bonnes choses" : décidément, notre homme n’en démord pas. L’association n’a rien fait d’autre depuis que de reconstituer une section de la division Charlemagne, celle des volontaires français pour le Reich. Elle s’est aussi rapprochée de "Histoire et Traditions", qui elle, regroupe les anciens combattants encore en vie de cette sinistre division. Le groupuscule affiche ses idées pro-nazies à l’extérieur, mais n’en fait évidemment pas part pour décrocher des contrats de participation signés au final par des élus locaux ! Un épisode filmé et passé à la télé il n’y a pas si longtemps sur TF1. On y voit un Jacques Lefebvre, le maire de Sainte-Mère-Église s’être fait piéger (par un autre groupe !) lui aussi et l’avouer devant la caméra. Ou Richard Michel, président de la chaîne parlementaire, à l’origine du film sur Môquet, qui s’estime lui aussi grugé et tempête aujourd’hui : 300 000 euros pour faire de la publicité d’un mouvement nazi, alors qu’il s’agissait au départ de rendre hommage à un héros de la Résistance, ça lui reste en travers de la gorge. Les nazillons, aujourd’hui, avec les révélations de Ouest-France, se retrouvent sans trop d’argent et sans leur terrain de jeux favoris. D’où un certain ressentiment. Mais ce n’est pas le seul. Leurs vieux démons les démangent toujours autant. Leur démon, c’est bien entendu le juif, car rien n’a changé chez eux. Bien au contraire. Ce qu’il y a dans leur site n’est pas le fruit du hasard. Et là aussi, en novembre dernier ils doivent déchanter, une nouvelle fois.
Vent d’Europe, comme d’autres mouvances, a en effet ses idéologues. L’un d’entre eux enseignait les mathématiques-physique dans un lycée professionnel ddu Calvados. Son nom : Vincent Reynouard, auteur d’un livre sur la négation de la Shoah. Déjà révoqué de l’Éducation nationale en 1997 (par F. Bayrou) pour avoir stocké sur l’ordinateur du lycée où il enseignait des textes affligeants et négationnistes sur Oradour-sur-Glane, il s’était enfuit depuis à Bruxelles, chez son ami négationniste Siegfried Verbeke (arrêté en Hollande le 5 août 2005), car tombant sous un article de loi qui punit sévèremment ce genre de choses. Lors d’un voyage à Paris, il est arrêté le 14 novembre 2006, et vient juste d’être condamné le 8 novembre dernier. Tarif : un an de prison ferme et 10 000 euros d’amende par le tribunal correctionnel de Saverne (Bas-Rhin) pour contestation de crime contre l’humanité. Bien qu’ayant fait appel, sa condamnation ravive les fanatiques, Reynouard étant négationniste, la Fondation de la mémoire pour la Shoah paraît un obectif tout indiqué pour exercer une éventuelle vengeance. On s’y attend dans les jours qui suivent. La suppression le 28 novembre de données informatiques sur un nombre important de sites identitaires français par un hacker activiste n’a pas dû arranger les choses. Certains s’en émeuvent, comme le MRAP, et évoquent la possibilité de représailles... La goutte qui fait déborder le vase chez les impatients du réglement de comptes ? Dans le forum où il était invité, Éric Refait, à un moment, évoque l’existence d’éléments incontrôlables dans le groupe : " En fait, les incidents sont survenus par la faute d’un seul individu (que je ne nommerai pas, mais que sans doute tout le monde connaît ici) et vu la gravité des incidents en questions, nous nous sommes dis que le nom de VE serait durablement entaché et porterait non seulement préjudice aux membres du groupe collectivement et individuellement, mais aussi aux vétérans que nous voulions "commémorer". La maninestation allemande qui a mal tourné a fait 70 blessés, et en Belgique, en septembre également, on apprend qu’un groupuscule, avec lequel les extrêmistes dialoguent, démasqué par des écoutes téléphoniques, dirigé par Thomas Boutens, préparait deux agressions dont une sur la personne royale. Le problème est pris très au sérieux : Boutens est un... militaire du Bataillon Libération du 5e Génie. Lors des perquisitions, les policiers trouvent avec effroi chez lui "un sac à dos piégé prêt en dix minutes".
En France, le 14 septembre dernier, nouveau coup de théâtre pour l’association : le programme prévu des Journées du patrimoine est amputé à la dernière minute : une nouvelle reconstitution d’un affrontement entre troupes alliées et allemandes sur le site de la batterie côtière de Crisbecq (Manche), "ouvrage majeur du mur de l’Atlantique", a été annulée. La controverse a pris des proportions telles, en effet, que la reconstitution officielle prévue lors de ces journées a été annulée en personne par Alain Marleix, le secrétaire d’État à la Défense, chargé des Anciens combattants. Il adresse en ce sens un texte bien senti aux préfets, le 2 octobre. Avec l’annulation de juin à Omaha, c’est la deuxième fois que Vent d’Europe essuie un échec cuisant. Le ressentiment dans les troupes augmente, pour sûr. Et pas tous sont contrôlables, on le sait bien, même à l’intérieur du mouvement. Deux manifestations interdites, un penseur emprisonné... le gouvernement, qui prend là pourtant de sages décisions, fabrique l’effet inverse. La tension est montée d’un cran à partir de septembre en fait chez nos adorateurs d’Hitler. Certains membres crient plus ou moins ouvertement vengeance.
Et ce n’est pas fini. Pour ceux qui ne le savaient pas encore, le groupuscule est d’obédience nazie, mais lui aussi est négationniste, et comme tel devrait donc se voir interdit d’existence par les tribunaux. Cette preuve de négationnisme existe, car une fois Reynouard tombé, comme ils disent "leur combat continue". Werwolff, alias Tacher, fait aussi dans le critique littéraire. À l’occasion de la sortie du livre de Guillaume Faye sur la "Nouvelle question juive", voilà ce qu’il affirme dans le site "Terre de France"... : "En effet, celui-ci a une attitude assez méprisante vis-à-vis des révisionnistes dans son livre et c’est de cela, que Faurisson condamne. Pour lui, Guillaume Faye utilise peu d’arguments, voire pas du tout, pour contredire les thèses des révisionistes. Ensuite vient le tour de Maître Delcroix, avocat connu de notre mouvance identitaire et nationaliste qui avec les mêmes arguments que Robert Faurisson, condamne à son tour, Guillaume Faye d’avoir survolé ce sujet, pourtant très complexe". Et plus loin un aveu de taille :"Devant le sérieux que sont Ryssen, Faurisson et Maître Delcroix, et peut-être en attendant un avis d’Anne Kling, autre personnalité qui travaille sur les lobbys juifs, je me range aux côtés de ceux qui jugent se livre très insuffisant, et bourré d’inepties". Faye est jugé inepte, mais Faurisson, lui, réputé "sérieux". Or Faurisson est négationniste, sinon le plus connu des négationnistes ! Luc Tacher cautionne la négation des camps de concentration ici et dit plus loin qu’il n’est pas d’accord avec l’attitude d’Hitler vis-à-vis des juifs... Bref, Luc Tacher nie le fond de sa pensée profonde, tout simplement, quand ça l’arrange ! Il est vrai aussi que "Terre de France", le site qui héberge ce talentueux critique littéraire... est dirigé par un certain "Werwolff Spirit"... qui se présente ainsi :" En ce qui concerne mon idéologie, je me considère comme étant un nationaliste social européen". Hitlérien, et fier de l’être, donc. Sur le site de Vent d’Europe et de Terre de France, des adresses montrent clairement les liens idéologiques, essentiellement antisémites. L’adresse en lien est celle des éditions du Lore. Pour 39 euros, on peut y acheter un livre sur la carte postale antisémite (500 exemples), certainement pour offrir pendant les fêtes. Mais aussi du Ryssen "le fanatisme juif", un auteur aux idées... "abracadabrantesques". Manque de chance pour eux, la justice française les tient à l’œil. Et pas qu’eux. Le 6 décembre dernier, Bruno Gollnisch voit sa condamnation confirmée en appel, pour "contestation de l’existence d’un ou plusieurs crimes contre l’humanité". Énième revers pour les partisans de la thèse. Et énième crispation chez les derniers inconditionnels de Faurisson. Chez certains, la coupe est pleine.
Et pourtant, ce n’est pas tout. Le 28 novembre, "Faisceaux", cité au début de cet article, s’arrête. Le nom provenait des Faisceaux qui était la reconstitution de la FANE (Fédération d’action nationaliste et européenne) de Marc Frederiksen. Ce groupement néonazi avait été interdit en 1980, à la suite de l’attentat antisémite contre la synagogue de la rue Copernic. Le fondateur, Denis Chabert, jette l’éponge devant le MRAP. Jusqu’à cette date, on pouvait encore compulser les posts de gamins de 18 ans à peine qui y envoyaient des photos de croix gammées qu’ils avaient dessinées un peu partout, avec le commentaire satisfait de Chabert, qui signait la prouesse d’un salut nazi. L’homme n’en démord toujours pas. Dans une interview à son collègue Terre de France, voilà ce qu’il affirme : "Ceci dit, en dehors de la religion, il y a la race. Les sémites, juifs ou arabes, ne sont pas compatibles avec les blancs. Ce n’est pas du racisme que de dire cela, c’est une simple constatation." Le folklore habituel d’un homme qui avait créé un site "néo-fasciste". Du folklore, peut-être, mais bien pire encore avec l’étrange annonce de Denis Chabert, ancien RPR, puis MNR et ensuite du Front national, pour ne plus appartenir à rien aujourd’hui : "Au printemps (2008) naîtra notre premier camps d’entraînement identitaire". Un vieux rêve les ronge toujours, c’est évident. Un rêve guerrier. Un rêve qui laisse entendre que des actions violentes peuvent être possibles.
Dernier épisode de la chasse au négationnisme, le 14 décembre : Jean-Marie LePen lui-même, dont beaucoup de ses troupes, on vient de le voir, prônent les mêmes idées vient de se voir requerir contre lui cinq mois d’emprisonnement avec sursis et 10 000 euros d’amende (le jugement sera rendu le 8 février prochain). Motif ? "Contestation de crime contre l’humanité" et "complicité d’apologie de crimes de guerre".
A ce stade, on peut donc retenir qu’un groupuscule d’extrêmistes, parmi lesquels des négationnistes de la Shoah avaient infiltré diverses manifestations françaises, s’en étaient fait écarter par décision de directeur d’association, dont le Omaha Beach Committee, ou par décision gouvernementale. Leur éviction et la condamnation de l’un de leurs idéologues à de la prison ferme a créé au sein même du groupe un vif ressentiment. Et que parmi eux, des éléments incontrôlés fort remontés contre la tournure des événements depuis septembre dernier ont déjà provoqué des heurts violents, voire aller jusqu’à attenter à la vie d’un président. Quant à trouver le moyen, il ne faut pas chercher bien loin : sur internet, il s’en trouvera bien un autre irresponsable pour donner mauvais conseil. Le genre d’objet qu’on retrouve dans n’importe quelle perquisition dès qu’on parle de terrorisme, ou presque, en France ("À proximité du lieu de fuite des individus, le gardien découvrait un cylindre sur le sol de type “Pipe bomb” confectionnée à partir d’une cartouche de Co² de 23 cm de long et de 3,5 cm de diamètre, obstruée par un ruban adhésif et transpercée par une paille. Ce dispositif contenait un mélange explosif à base de chlorate -130 grammes-").
Très bien, mais ça ne nous explique toujours pas le titre de ce billet. Pour vous éclairer, je vais vous soumettre ceci, comme lien. C’est un site tenu par une dame, américaine et juive, engagée à droite, sinon plus, qui a été parmi les toutes premières à parler de l’attentat rue Malesherbes à Paris, et c’est cela qui m’a intrigué. Pourquoi, je ne l’ai pas compris non plus tout de suite. Elle a mis en ligne dans la même page un billet transmis par le futur bâtonnier de Paris (en 2008), Christian Charrière-Bournazel, qui lui précise gentiment que :
"The same building also houses a foundation that does research on the Holocaust and a law firm that President Nicolas Sarkozy founded with two other people". Un homme intègre, que ce futur bâtonnier qu’on est un peu surpris de voir cité ici.
Une précision supplémentaire, sur la même page, est alors apportée par Bill Warner, un détective privé de Floride. La voici :
Bill advises me that intended letter bomb victim today in Paris is Olivier Brane, he headed up the Omaha Beach Committee 2007, they also have an office in New Jersey. THE FRENCH WILL NEVER FORGET 101
Park Avenue Hoboken, NJ 07030 - USA.
Voilà, vous savez tout maintenant. Enfin tout ce qu’on a pu trouver à cette date et qui pourrait être relatif au sujet...
par morice
lundi 24 décembre 2007
texte repris du site agoravox
http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=32704
jeudi 3 janvier 2008
QUAND LES NEGATIONNISTES S'INVITENT DANS LES REDACTIONS
Par Thomas Rozec (Etudiant et journaliste)
Il est de notoriété publique que le Web est devenu l’espace privilégié des théoriciens négationnistes pour exprimer leurs points de vue concernant l’Holocauste. Cependant, certains d’entre eux semblent ne pas avoir définitivement renoncé au papier. Une publication s’inscrivant dans cette sphère de pensée a, en effet, fait son apparition au sein du courrier des rédactions françaises. "Destinée aux médias", la "petite revue d’histoire révisionniste" Dubitando, éditée aux Pays-Bas, leur est adressée gratuitement.
Les thèmes classiques de la littérature négationniste
Il suffit de parcourir d’un oeil distrait le sommaire de n’importe quel numéro de Dubitando, publiée depuis septembre 2004, pour comprendre immédiatement de quoi il s’agit. Les auteurs qui y tiennent tribune sont, pour certains, bien connus en France et dans le monde. On retrouve parmi eux, notamment, le célèbre professeur Robert Faurisson, condamné plusieurs fois pour "contestation de crimes contre l’humanité".
D’emblée, le lecteur est prévenu: les textes seraient repris "sans consentement de leurs auteurs":
"Si l'achat, la détention et la lecture d'écrits contestant la version officielle de l'Histoire ne sont pas interdits, en revanche, leur diffusion est le plus souvent interdite en raison de lois scélérates qui (…) réglementent les droits à la liberté de recherche ou d'information et à la liberté de la presse."
L’éditeur, Maurice Haas-Cole, occupe une large place dans les productions présentées. Les thèmes abordés mêlent grands classiques de la littérature négationniste -dénonciation du "lobby juif" et de textes "liberticides" tels que la loi Gayssot, le déni de l’existence des chambres à gaz et de la volonté génocidaire du pouvoir nazi- et les nouveautés de saison, comme des reprises de déclarations du président iranien Mahmoud Ahmadinejad ou de Dieudonné…
"Je pense avoir reçu quelques exemplaires, ça partait direct à la poubelle"
En elle-même, Dubitando n’a rien d’extraordinaire pour qui est un peu familier de la nébuleuse négationniste. Derrière son paravent "révisionniste", on retrouve tous ceux qui, sur Internet, le plus souvent, participent à la diffusion et à la promotion d’une vision de l’Histoire à travers le prisme d’un antisémitisme acharné.
En quelques clics, on arrive très rapidement à dénicher les accointances de Dubitando, et notamment celles qui l’unissent à l’Association des anciens amoureux des récits de guerre et d’holocauste, l’Aaargh. Ce repère de nombreuses figures de proue du négationnisme international héberge en effet sur son site l’ensemble des numéros de Dubitando, téléchargeables gratuitement.
Malgré tout, là où la revue étonne, c’est par son mode de diffusion. En l’adressant directement aux journaux français, les tenants de Dubitando comptent-t-ils voir leurs développements repris dans les quotidiens?
"Je pense avoir reçu quelques exemplaires sans même m’en préoccuper, ça partait direct à la poubelle", explique Olivier Clech, rédacteur en chef du quotidien breton Le Télégramme:
"Un jour ayant un peu plus de temps disponible, j’y ai mis le nez. Ma réaction a été de stupéfaction et d’indignation que ce genre de littérature puisse circuler impunément. J’ai supposé que nous n’étions pas la seule rédaction de France à être destinataire mais je n’ai jamais eu d’échos d’autres rédacteurs chefs."
Il y a deux ans déjà, sur l’antenne de France Culture, dans l’émission d’Elisabeth Lévy "Le premier pouvoir", Alain Rémond, ancien rédacteur en chef de Télérama et chroniqueur au sein de l’hebdomadaire Marianne, avait évoqué la revue, disant la recevoir, lui aussi, régulièrement.
Quel est le sens de la démarche? Dubitando souhaite-t-elle se faire un réseau? S’insérer dans le paysage de la presse? La revue ne paye pourtant pas de mine et tient plutôt du fanzinat que du magazine. Ses rédacteurs testent-t-ils les limites et la perméabilité des publications classiques à leurs propos? Joint par nos soins, Maurice Haas-Cole, n’a pas souhaité s’exprimer sur les motivations de sa revue.
Publié par MICHELLE GOLDSTEIN
Il est de notoriété publique que le Web est devenu l’espace privilégié des théoriciens négationnistes pour exprimer leurs points de vue concernant l’Holocauste. Cependant, certains d’entre eux semblent ne pas avoir définitivement renoncé au papier. Une publication s’inscrivant dans cette sphère de pensée a, en effet, fait son apparition au sein du courrier des rédactions françaises. "Destinée aux médias", la "petite revue d’histoire révisionniste" Dubitando, éditée aux Pays-Bas, leur est adressée gratuitement.
Les thèmes classiques de la littérature négationniste
Il suffit de parcourir d’un oeil distrait le sommaire de n’importe quel numéro de Dubitando, publiée depuis septembre 2004, pour comprendre immédiatement de quoi il s’agit. Les auteurs qui y tiennent tribune sont, pour certains, bien connus en France et dans le monde. On retrouve parmi eux, notamment, le célèbre professeur Robert Faurisson, condamné plusieurs fois pour "contestation de crimes contre l’humanité".
D’emblée, le lecteur est prévenu: les textes seraient repris "sans consentement de leurs auteurs":
"Si l'achat, la détention et la lecture d'écrits contestant la version officielle de l'Histoire ne sont pas interdits, en revanche, leur diffusion est le plus souvent interdite en raison de lois scélérates qui (…) réglementent les droits à la liberté de recherche ou d'information et à la liberté de la presse."
L’éditeur, Maurice Haas-Cole, occupe une large place dans les productions présentées. Les thèmes abordés mêlent grands classiques de la littérature négationniste -dénonciation du "lobby juif" et de textes "liberticides" tels que la loi Gayssot, le déni de l’existence des chambres à gaz et de la volonté génocidaire du pouvoir nazi- et les nouveautés de saison, comme des reprises de déclarations du président iranien Mahmoud Ahmadinejad ou de Dieudonné…
"Je pense avoir reçu quelques exemplaires, ça partait direct à la poubelle"
En elle-même, Dubitando n’a rien d’extraordinaire pour qui est un peu familier de la nébuleuse négationniste. Derrière son paravent "révisionniste", on retrouve tous ceux qui, sur Internet, le plus souvent, participent à la diffusion et à la promotion d’une vision de l’Histoire à travers le prisme d’un antisémitisme acharné.
En quelques clics, on arrive très rapidement à dénicher les accointances de Dubitando, et notamment celles qui l’unissent à l’Association des anciens amoureux des récits de guerre et d’holocauste, l’Aaargh. Ce repère de nombreuses figures de proue du négationnisme international héberge en effet sur son site l’ensemble des numéros de Dubitando, téléchargeables gratuitement.
Malgré tout, là où la revue étonne, c’est par son mode de diffusion. En l’adressant directement aux journaux français, les tenants de Dubitando comptent-t-ils voir leurs développements repris dans les quotidiens?
"Je pense avoir reçu quelques exemplaires sans même m’en préoccuper, ça partait direct à la poubelle", explique Olivier Clech, rédacteur en chef du quotidien breton Le Télégramme:
"Un jour ayant un peu plus de temps disponible, j’y ai mis le nez. Ma réaction a été de stupéfaction et d’indignation que ce genre de littérature puisse circuler impunément. J’ai supposé que nous n’étions pas la seule rédaction de France à être destinataire mais je n’ai jamais eu d’échos d’autres rédacteurs chefs."
Il y a deux ans déjà, sur l’antenne de France Culture, dans l’émission d’Elisabeth Lévy "Le premier pouvoir", Alain Rémond, ancien rédacteur en chef de Télérama et chroniqueur au sein de l’hebdomadaire Marianne, avait évoqué la revue, disant la recevoir, lui aussi, régulièrement.
Quel est le sens de la démarche? Dubitando souhaite-t-elle se faire un réseau? S’insérer dans le paysage de la presse? La revue ne paye pourtant pas de mine et tient plutôt du fanzinat que du magazine. Ses rédacteurs testent-t-ils les limites et la perméabilité des publications classiques à leurs propos? Joint par nos soins, Maurice Haas-Cole, n’a pas souhaité s’exprimer sur les motivations de sa revue.
Publié par MICHELLE GOLDSTEIN
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