Par Yoni Sarfati
pour Guysen International News
On l’appelait l’ange de la mort d’Auschwitz. Il fut l’un des criminels de guerre nazi les plus cruels de la Seconde Guerre mondiale et parvint à échapper à tous ses poursuivants. Au début des années soixante, l’Etat juif a raté l’occasion rarissime de le traduire devant la justice. Détails.
Dans un entretien accordé au journal ‘Alohem’ qui appartient à l’organisation des soldats invalides de Tsahal, l’ancien chef des services de sécurité israéliens, et actuel ministre des Retraités, Rafi Eitan affirme que le Mossad poursuivait les déplacements du médecin nazi réfugié en Argentine, comme beaucoup de criminels nazis.
A l’origine d’expérimentations monstrueuses réalisées sur les prisonniers juifs, principalement des jumeaux, dans le camp d’extermination d’Auschwitz, Menguele était également responsable de la vie des déportés qu’il jugeait arbitrairement apte, ou inapte au travail.
Dans ce dernier cas, les prisonniers étaient alors envoyés directement dans les chambres à gaz.
Après de houleuses discussions au sein des services secrets israéliens, il est finalement décidé de surseoir à la capture du criminel afin de concentrer toutes les forces du Mossad sur la capture du principal architecte de la ‘solution finale’, Adolf Eichmann.
Dans les années soixante, raconte Eitan, au moment le plus critique de l’opération secrète qui visait Adolph Eichmann à Buenos Aires, des informations recueillies par les agents secrets israéliens indiquaient que le docteur de la mort, Joseph Menguele, se trouvait également dans la capitale argentine.
Rafi Eitan commandait à cette époque l’équipe du Mossad et les services de sécurité lors de l’opération de capture d’Adolf Eichmann.
« Pendant l’opération, nous avons reçu une information sur le lieu où se trouvait Menguele. Une de nos équipes s’est immédiatement rendue sur les lieux afin de vérifier l’authenticité de l’adresse. Elle a identifié la maison comme celle de Menguele » explique Eitan.
Le chef du Mossad et des services de sécurité, Israël Arel a alors ordonné de capturer parallèlement à Eichmann, Joseph Menguele.
C’est à ce moment de l’histoire que Rafi Eitan s’est opposé à cette injonction.
« Je craignais qu’au moment où nos forces se déploieraient, nous perdions l’effet surprise qui pouvait conduire à rater la capture des deux criminels » affirme Eitan avant d’admettre qu’il y avait une polémique entre les deux hommes sur les modalités opérationnelles à adopter.
« J’étais partisan d’achever d’abord la ‘mission Eichmann’ et de garder sous silence sa capture pour s’atteler ensuite au cas Menguele.
Il faut se rappeler qu’Eichmann occupait des responsabilités bien plus grandes que Menguele au sein de l’appareil d’Etat nazi » justifie Rafi Eitan.
Les équipes du Mossad ont donc suspendu la traque autour de ‘l’ange de la mort’ et les informations qui circulaient sur les déplacements de Joseph Menguele ont été classées.
Peu de temps après, le 11 mai 1960, Adolph Eichmann était capturé puis transféré secrètement en Israël.
C’est alors que Rafi Eitan a commençé à réfléchir aux opérations à élaborer pour kidnapper Menguele.
De son côté, David Ben-Gourion s’entretenait avec Israël Arel pour connaitre le nombre exact de personnes mises au courant de la capture d’Eichmann. Une centaine au total selon Arel.
Le lendemain, du pupitre de la Knesset, David Ben-Gourion annonçait publiquement le succès de la mission de ses services secrets.
Et alors que Rafi Eitan, accompagné d’une équipe du Mossad, se rendait en Argentine à la poursuite du médecin nazi, ce dernier, échaudé par la capture d’Eichmann, avait déjà disparu.
« Je ne peux pas m’avancer en disant s’il y a un lien entre sa disparition et la publication de la capture d’Eichmann, mais le fait est qu’il nous a échappé juste après cette annonce ».
Les agents du Mossad ont alors poursuivi Mengele au Brésil et au Paraguay mais sans retrouver sa trace.
Michaël Goldman-Guilad qui était à l’époque officier chargé - au ‘bureau 06’ de la police d’Israël - de la traque des criminels nazis, confirme la version établie par Rafi Eitan.
Lors du procès d’Eichmann à Jérusalem, Goldman-Guilad était le premier adjoint du conseiller juridique du gouvernement Guidon Ahouzner qui représentait l’accusation.
Il est aujourd’hui membre du conseil de Yad Vashem et membre du directoire de l’institut Bialik.
Ce dernier affirme qu’Israël Arel avait la ferme intention de capturer Menguele pendant l’opération Eichmann.
« Menguele possédait un appartement dans le centre de Buenos Aires, et notre intention était de le capturer et de le transférer avec Eichmann.
Seulement lorsque nos agents sont arrivés sur les lieux, l’appartement était vide » souligne Michael Goldman avant de confirmer que la poursuite de la traque de Menguele « aurait pu faire capoter le transfert d’Eichmann ».
Une version confirmée par Rafi Eitan qui dit ne pas regretter d’avoir repoussé l’opération car les « risques étaient trop importants ».
Joseph Menguele ne sera jamais jugé pour les crimes abominables qu’il a commis.
Il a été retrouvé mort noyé en 1979 à l’âge de 68 ans au Brésil.
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