mardi 26 août 2008

IRLANDE: SOUVENIRS NAZIS EN VENTE OUVERTE AU MARCHE DE DUBLIN


Le stand de Paul Rea à Balbriggan, Dublin, vend toutes sortes de souvenirs du IIIième Reich, y compris des uniformes nazis, des casques, des épées et des imitations d’armes à feu ainsi que des croix gammées, des cendriers et des DVD antisémites, tout cela ouvertement au marché de Balbriggan, North Co Dublin. Des cendriers nazis ornés de caricatures sur les Juifs et des DVD comme le fameux «Juif éternel» qui montre des Juifs chassant la nourriture avec des rats, sont aussi en vente.


Le propriétaire du stand, Paul Rea, qui dit ne pas être un partisan des nazis, ne cherche pas à s’excuser de ce qu’il vend. Vivant à Co Down, il dit faire de plus en plus d’affaires dans la République. «Il y a des gens, dit-il, qui deviennent fous en voyant tout ce fatras nazi mais, pour vous dire la vérité, je m’en f…»

Source: http://www.tribune.ie/

SELON LE PORTUGUAIS ARROJA, LE GHETTO EST UN MYTHE DE LA PROPAGANDE JUIVE

Pour le bloggeur portugais Pedro Arroja le ghetto est un mythe de la propagande juive
La lecture des élucubrations sidérantes que rapporte le site Philosémitisme, a déclenché en moi une de ces vagues de dérision que connaissent bien celles et ceux qui me lisent, tant il est vrai que la dérision est la seule arme face à l’irresponsabilité criminelle des négationnistes de tout poil, qui réécrivent l’histoire sous la forme d’un acte d’accusation antisémite qui rallumerait les bûchers si la mode n’en était passée. Voici ma dérision du jour : Il est bien connu que ce sont les juifs, déguisés en SS, qui ont procédé à la traque et à l’extermination des membres de leur peuple durant la Seconde Guerre mondiale. D’ailleurs, Hitler lui-même était juif, et c’est par haine de soi, typique de ce peuple pervers, qu’il a réalisé cet Holocauste dont les survivants, leurs descendants, et les non-juifs sionistes nous rebattent les oreilles depuis des décennies…

(Menahem Macina).


Texte repris du blog Philosémitisme


J’ai traduit ce texte désolant d’un internaute portugais, Pedro Arroja, paru dans le blog Portugal Contemporâneo, dont il est un des gestionnaires. Au fil de ses articles, Arroja ne fait pas mystère du fait qu’il est totalement acquis aux thèses les plus hostiles aux juifs.

Dans le texte qui nous occupe, il n’a de cesse de souligner que les juifs vivent dans des "sociétés d’accueil" en tant que parias éternels. Que leur présence millénaire sur le sol européen soit attestée ne compte pas et ne leur donne aucun droit, sauf celui d’être tolérés.

Il y aurait donc des êtres qui ont tous les droits, comme celui, suprême, de décider que d’autres n’en ont pas et surtout qu’ils sont nuisibles. Ces thèses barbares ont déjà été mises en pratique en Europe et on sait à quoi elles conduisent.

Il est désolant que l’on continue à publier ce genre de prose. Mais ce qui est incompréhensible et troublant, c’est que des blogueurs réputés sérieux, parfaitement au courant des élucubrations de Pedro Arroja, n’hésitent pas à ajouter, dans leurs blogs, un lien vers Portugal Contemporâneo. Inconscience ou complicité ? La question mérite d'être posée.

"Il est probable que, de pair avec celui d’une certaine mauvaise conscience chrétienne, le ghetto est un des mythes majeurs crées par la propagande juive. Le ghetto est généralement considéré comme la pratique discriminatoire et anti-juive par excellence, conçue par les sociétés qui les ont accueillis. Il s'agirait d'un moyen efficace, quoique éthiquement condamnable, que ces sociétés ont conçu pour procéder à la ségrégation des juifs à divers endroits et à différentes époques historiques.

C’est là une déformation historique considérable. Le ghetto est une création juive et voulue par les juifs – le ghetto n’est pas d’une création de type ségrégationniste émanant des sociétés qui les ont accueillis. En réalité, le ghetto a été une institution puissante et essentielle dans la préservation de la culture juive tout au long des millénaires.

Dans les sociétés d’accueil, les juifs ont toujours représenté une quantité infime – encore de nos jours ils ne constituent pas plus de 0.25% de la population mondiale. Dispersés comme il l’étaient dans ces proportions parmi les sociétés d’accueil, ils n’auraient pas eu, tout au long de leur histoire, la moindre chance de conserver leur culture, pratiquer leur religion, éduquer leurs enfants dans la célèbre tradition orale, pratiquer le prêt à intérêt, faire appliquer la loi mosaïque – et ils se seraient inévitablement dilués au sein du reste de la population.

Contrairement à ce que prétend la propagande, une société d’accueil – qu’elle soit chrétienne, musulmane, ou autre – qui voudrait du mal aux juifs n’aurait pas créé des ghettos pour les y confiner. Au contraire, elle les aurait interdit.

Depuis la création d’Israël, le ghetto est devenu une institution largement obsolète – mais il demeure en tant que relique historique que les juifs instrumentalisent fréquemment à des fins de propagande victimaire, ou comme exemple par excellence d’une prétendue mauvaise conscience européenne."



© Philosémitisme



Mis en ligne le 26 août 2008, par M. Macina, sur le site upjf.org

AUREY, DES OBJETS NAZIS DANS UNE BROCANTE MILITAIRE

source : letelegramme.com
de Guillaume Robelet


Si l’on trouvait dimanche, à la brocante militaire d’Auray (56), des vieux fusils, des casques, des insignes ou encore des objets issus de la Résistance, un stand laissait perplexe. On y vendait, en grande majorité, des objets datant du III e Reich : insignes avec croix gammées, portraits représentant des soldats nazis, un brassard noir sur lequel on pouvait lire en lettres blanches brodées « Hermann Goering », haut dirigeant du Reich...

On trouvait également un cadre abritant une vieille couverture de magazine à l’effigie de Heinrich Himmler, chef de toutes les polices allemandes, dont la Gestapo. Les vendeurs, d’origine allemande, venaient à Auray pour la « troisième année consécutive », a expliqué un membre de la Société alréenne de tir, organisatrice de la brocante.

Il reconnaît que ces objets lui ont fait « bizarre ». Un autre membre indique que cet homme expose un peu partout en France. Condamnant fermement le fascisme, il dit aussi connaître d’anciens déportés qui viennent à cette brocante et n’ont jamais trouvé à y redire.

« Les gendarmes étaient venus l’année dernière mais ils n’avaient rien dit », indique l’association. « Ils ne sont pas venus cette fois, peut-être parce qu’ils ont constaté les autres années qu’il n’y avait pas de danger avec les armes exposées... » En fait, les gendarmes n’ont pas pu aller inspecter la brocante cette année car ils étaient « pris par des affaires judiciaires », a expliqué le chef de brigade.

D’ailleurs, on ne sait pas si tous ces objets figuraient sur le stand les années précédentes ou s’ils étaient mieux masqués. Cette année, quelques gommettes cachaient en partie certains insignes. « Les atrocités commises par les nazis nous imposent un devoir de mémoire qui doit s’accompagner d’une grande vigilance à l’égard de toute tentative de réhabilitation, de célébration ou tout simplement de banalisation des crimes qui ont été commis et de l’organisation qui les a planifiés, explique une proposition de loi du 28 mai 2008, déposée au Sénat. La vente d’objets nazis constitue une des formes insidieuse que peuvent prendre ces tentatives ».

L’article R. 645-1 du code pénal punit d’une amende de 1.500 € (l’amende la plus élevée en matière de contravention) le fait de porter ou d’exhiber en public un uniforme ou un insigne rappelant le nazisme. La proposition de loi vise à le compléter en interdisant la vente. On est peut-être tout simplement, dans cette affaire, aux limites de la légalité.

jeudi 7 août 2008

LE MUSEE D'AUSCHWITZ EN DANGER

Le Musée d'Auschwitz en danger
par Shraga Blum
in arouts sheva

Le conseil d'administration du Musée du camp d'Auschwitz a lancé un cri d'alarme: si un apport financier de millions de dollars, l'existence de ce site de la plus haute importance est menacée. Le porte-parole du musée, Jaroslav Mensfelt a averti de "l'usure naturelle des chambres à gaz et des baraquements, due à l'acidité de l'eau de pluie, aux vents et aux nappes d'eau souterraines". Le directeur du musée, Piotr Cywinsky. a évalué à 200 millions de zlotys (100 millions de dollars) le coût du maintien et de l'entretien des installations qui témoignent de ce que fut la Shoa. Le complexe d'Auschwitz-Birkenau représente une superficie de 190 hectares.

Le site reçoit annuellement plus d'un million de visiteurs, et certains lieux ont déjà du être fermés au public à cause de leur vétusteté et du danger qu'il représente pour les personnes. Cywinsky reproche à la communauté internationale d'avoir failli à sa mission: "Ils attendent de ce Musée qui a 61 ans d'âge de maintenir intact ce haut lieu de la mémoire de l'Humanité, mais n'ont pas apporté l'aide financière nécessaire pour cela. Ce lieu est un appel à l'Europe et au monde entier pour éveiller les consciences et la responsabilité".

Les responsables du Musée expliquent également qu'en dehors de la conservation des lieux et des objets, des "améliorations pédagogiques" doivent être introduites, comme par exemple un parcours didactique montrant les événements qui ont mené au déclenchement de la Deuxième Guerre Mondiale, ainsi que plusieurs expositions.

Le Musée reçoit annuellement 5 millions de dollars de la part du gouvernement polonais, et 370.000 dollars environ de donations privées de par le monde. De plus, il bénéficie d'un apport financier de 5 millions de dollars qui proviennent des différentes publications, des séminaires organisés sur place, ainsi que des différentes dépenses faites par les visiteurs.

"Toutes les formules sont bonnes pour apporter de l'aide financière" précise Cywinsky, "même des prêts à long termes ou des fondations dont les intérêts seraient reversés à notre institution".

Auschwitz est un symbole pour l'Humanité entière, et l'idée que ces fragments de mémoire pourraient un jour disparaître par manque d'argent fait tout simplement frémir.

Y A-T-IL UN NOUVEL ANTISEMITISME ?

Par Raul Hilberg
IN http://www.mouvements.info/spip.php?article145
ENTRETIEN—L’un des derniers entretiens accordés par le grand historien américain avant sa mort. Où il est question du passé de l’antisémitisme, des controverses sur le mot génocide, et du Rwanda. 9 août 2007.

Logos : On sait que d’après vous, il y a eu trois solutions historiques au « problème juif » : la conversion, l’expulsion et, finalement, l’extermination. Pourriez-vous nous expliquer ce que vous entendez par là ?

Raul Hilberg : Il s’agit d’un motif sous-jacent sur lequel je suis tombé dès le début de mes recherches. Tout au long de l’histoire, il est clair que la conversion est un objectif du monde chrétien. Les expulsions commencent à la fin du Moyen Age, quand il apparaît clairement que les Juifs ne sont guère désireux de devenir chrétiens. Le thème de la conversion a duré plusieurs centaines d’années en Europe. Vous pouvez remonter jusqu’à Oxford et ça se prolonge jusqu’en 1492 en Espagne, et un peu plus longtemps au Portugal. Pour ce qui est des expulsions, il s’agit donc bien d’un phénomène qui commence à la fin du Moyen Age et au début de l’ère moderne.

Quant à l’idée de la solution finale, d’une solution définitive, c’est une idée spécifiquement nazie. Si vous remontez aux débuts du parti nazi, vous allez voir qu’ils pensent encore en termes d’émigration des Juifs. Il y avait un plan baptisé le plan Madagascar, qui avait en fait été imaginé en Pologne et même en France, vu que Madagascar était une possession française, on pensait que tous les Juifs pouvaient peut-être être expédiés outremer. Donc, cette idée était encore dans l’air du côté du ministre des Affaires étrangères allemand et de toute la hiérarchie nazie, jusqu’à Hitler lui-même. Et ce au moins jusqu’à fin 1940 quand la France s’est rendue. Mais quand les Allemands se sont rendus compte que la guerre n’allait pas prendre fin à l’Ouest comme ils l’espéraient (ils étaient déjà en train de se préparer à attaquer l’Union Soviétique), l’idée d’annihiler les Juifs émergea sérieusement. La première indication en est une réunion entre Hitler et un groupe de dirigeants du parti en février 1941. À cette époque, le Führer n’avait pas encore pris de décision définitive, mais il était sur la voie de le faire.

Il y a eu une conférence révisionniste en Iran il y a quelques mois. Jusqu’à quel point les chercheurs et l’opinion en général doivent-ils être préoccupés par la capacité qu’a ce type de révisionnisme d’engendrer de l’antisémitisme ?


Ce révisionnisme a commencé dans les années 1960. Il n’a rien de nouveau. J’ai boycotté l’Allemagne pendant un bon bout de temps, mais quand j’ai visité Munich à l’époque, je suis allé acheter un journal allemand de droite dans un kiosque, et j’ai découvert à ma grande stupéfaction que j’étais mentionné en première page en tant que dirigeant sioniste. C’était une sacrée surprise pour moi, mais en plus, le titre de l’article était : « Le mensonge de l’Holocauste ». Donc, en Allemagne, dans les années 1960, ce type de croyance avait déjà des adeptes, même si les Allemands auraient été les mieux placés pour savoir ce qu’il en était vraiment. Il y avait aussi un Français qui publiait dès les années 1960. La moitié de son livre m’était consacrée. C’était une publication néo-nazie. À peine La Destruction des Juifs d’Europe a-t-elle été publiée que je suis devenu la cible de ce genre de groupes. De mon point de vue, les développements ultérieurs du négationnisme ne sont qu’un phénomène de diffusion très lent, même pas une croissance, une diffusion depuis la France et l’Allemagne vers les Etats-Unis et le Canada, et qui s’est récemment étendue au monde arabe. De toute façon, le monde arabe est extrêmement désorienté face à l’Europe. Ils sont aussi perplexes face à l’Occident que nous le sommes face à eux. Quoi qu’il en soit, la conférence iranienne n’a pas eu un grand succès en Iran même – ils se sont donnés beaucoup de peine pour pas grand-chose. Des Iraniens ont d’ailleurs publiquement dénoncé cette conférence. Je ne suis donc pas terriblement préoccupé, même si à l’époque, en décembre 2006, le gouvernement allemand m’a demandé de participer à une contre-conférence le même jour à Berlin en tant que principal orateur. Je n’ai pas pour habitude de débattre avec les révisionnistes, et je ne l’ai pas fait non plus lors de la conférence Berlin. L’essence de mon intervention a été de dire que, oui, l’Holocauste a eu lieu, ce qui est d’ailleurs plus facile à dire qu’à démontrer. Je l’ai démontré, et le public est venu assister à la conférence. Mais les journaux allemands n’ont pratiquement pas couvert l’évènement, parce qu’ils n’ont pas pu résister au désir de publier les photos des rabbins qui avaient participé à la conférence iranienne. J’en suis venu à la conclusion, et ce à plusieurs reprises, qu’en ce qui me concerne, je ne suis pas d’accord avec les législations qui interdisent les propos niant la réalité de l’Holocauste. Je ne souhaite pas censurer ce type de discours parce que je pense que, quand vous essayez de faire taire quelqu’un, c’est un signe de faiblesse, pas de force. Alors, oui, je sais, il y a toujours un risque. Dans la vie, rien n’est exempt de risque, mais tout doit être l’objet de décisions rationnelles.

Il y a eu récemment toute une série d’incidents antisémites en Europe qui ont amené certaines personnes à parler d’un nouvel antisémitisme. S’agit-il vraiment de quelque chose que nous devrions prendre au sérieux, ou bien faut-il simplement y voir une continuation de l’antisémitisme traditionnel ?

Ce n’est même pas cela. C’est comme ramasser quelques vieux cailloux en provenance du passé et les lancer contre les fenêtres. Je suis suffisamment vieux pour me rappeler ce qu’étaient les effets des attitudes anti-juives. Ici même, à l’Université du Vermont, même dans un État aussi progressiste, et jusque vers la fin des années 1970, il était impensable d’avoir un Juif comme doyen, sans même parler d’un président d’Université. Autrement dit, il y avait encore une ségrégation notable aux États-Unis. Si vous remontez plus loin dans le temps et que vous lisez n’importe quel numéro du New York Times des années 1930, et même des années 1940, vous allez trouvez des annonces pour des appartements à louer à New York qui comportent le terme « restricted ». Voilà un quotidien dont les propriétaires étaient juifs et qui publiait des annonces de logement excluant les Juifs. C’était là un régime de discrimination anti-juive profondément enraciné, approuvé par la société, mais qui a aujourd’hui disparu. Il a tout simplement disparu.

Nous ne pouvons même pas parler des discriminations contre les Juifs dans le monde musulman, puisqu’il n’y a plus de Juifs dans le monde musulman. Ils sont tous partis, sauf au Maroc et quelques centaines ou quelques milliers ici ou là, mais ce n’est là qu’un résidu des centaines de milliers qui y vivaient encore quand l’État d’Israël a été créé. Alors l’antisémitisme du passé appartient au passé, et en particulier le terme même d’« antisémitisme ». Il y avait jadis un parti antisémite en Alle-magne et un autre parti antisémite en Autriche. Quand des types d’extrême droite ont prétendu confisquer les entreprises juives, l’amiral Horthy, chef du régime autoritaire hongrois pendant la Seconde Guerre mondiale, s’y est fermement opposé. Il leur a dit en gros, je paraphrase, « vous n’avez pas à confisquer ces entreprises parce que les Juifs ont au moins le mérite de savoir les gérer, et vous, vous vous prenez pour qui ? Et vous n’avez rien à dire, parce que moi, j’étais déjà antisémite avant même que vous soyez nés ». Adolf Hitler lui-même déclare dans Mein Kampf - que personne ne lit plus - que son père ne se serait pas permis d’être antisémite parce que cela l’aurait dégradé socialement. La sœur de Nietzsche avait épousé un dirigeant antisémite et, dans sa correspondance avec sa sœur, le philosophe y fait constamment référence comme à « ton mari antisémite ». Vous pouvez donc constater que l’adhésion à l’antisémitisme a une connotation plus ou moins rétrograde. C’est un phénomène qui appartient au XIXe siècle avec ses autres « -ismes », avec l’impérialisme, le colonialisme, le racisme. Ça vous paraîtra bizarre, mais les Nazis ne s’auto-définissaient pas comme antisémites. Vous ne trouvez même pas le mot chez eux.

Vraiment ?

Oui, il y avait le sentiment que le nazisme était quelque chose de nouveau. Les antisémites n’étaient pas allés jusqu’au bout : ils pouvaient bien parler d’éliminer les Juifs, mais ils ne savaient pas comment le faire. Les antisémites n’avaient pas le pouvoir, c’étaient de simples propagandistes. Les nazis, eux, étaient sérieux, et là était toute la différence. Quand vous voyez la législation actuelle en Allemagne, en Autriche, et ailleurs, qui définit comme un crime le fait de nier l’existence de l’Holocauste, elle est due au fait que ces gouvernements ont besoin de se démarquer du nazisme. De nos jours, bien entendu, on tend à confondre nazisme et antisémitisme dans une même idéologie, mais il s’agit de deux phénomènes différents. Il y avait en Allemagne une feuille ultra-antisémite publiée par Julius Streicher qui s’appelait Der Stürmer. Un jour on a demandé à un dignitaire nazi – je ne me rappelle plus très bien si c’était Rudolf Höss, le commandant d’Auschwitz, ou un autre responsable – : « Vous avez lu Der Stürmer ? » À quoi il a répondu en substance : « Écoutez, je suis lieutenant-colonel de la SS, vous ne m’imaginez tout de même pas en train de lire Der Stürmer ». C’était un peu comme lire le pire torchon sensationnaliste aux États-Unis. C’était une question de statut social.

Que pensez-vous des usages rhétoriques et symboliques du mot « Holocauste » ?

J’ai longtemps résisté à l’usage du mot « Holocauste » en raison de ses connotations religieuses. En fin de compte, comme toutes les expressions routinières, il devient impossible d’y échapper. N’empêche qu’« Holocauste » fait problème sous divers aspects, et l’un de ceux dont on parle le moins, parce que c’est politiquement incorrect, c’est que tout et n’importe quoi devient un Holocauste. Un exemple : l’autre jour, je me promenais à Berlin et je vois une pancarte « Holocauste », et des manifestants exhibant des banderoles avec l’inscription « Holocauste, Holocauste, Holocauste ». Je n’arrivais pas à comprendre contre quoi ils protestaient jusqu’au moment et j’ai vu une cage et je me suis rendu compte qu’il parlait de la cruauté contre les animaux. Le mot « génocide » est lui aussi brandi à tout propos, et bien entendu la Convention sur le génocide en propose une définition qui va au-delà de ce qu’on appelle un « Holocauste ». Alors si vous séquestrez des enfants pour les obliger à telle ou telle activité, c’est du génocide, si vous consommez de l’opium, c’est du génocide, etc. Vu qu’il s’agit d’une convention internationale, les Grecs y vont de leur grain de sel, les Chinois aussi, et ainsi de suite.

« Holocauste » est un mot constamment dévoyé. Avec une majuscule, il est censé désigner spécifiquement la catastrophe juive, et une fois que vous l’appliquez à toutes sortes de choses, il perd son efficacité. Il y a maintenant des ouvrages qui prétendent que les Arméniens ou les Tziganes n’ont pas vraiment été victimes d’un génocide, alors que tous deux l’ont été à mon avis, mais c’est dans la logique de ce type de discussion, c’est pratiquement inévitable. À peine la commission présidentielle sur l’Holocauste a-t-elle été créée — par le président Carter, le même qui se fait traiter aujourd’hui d’antisémite [1]] — que tout le monde s’est précipité : les Arméniens, bien entendu, les Polonais, les Ukrainiens, les Tchèques. Dès que vous avez recours à des termes comme « Holocauste » et « génocide », vous ouvrez les portes à toutes sortes d’arguties et de problèmes de définition.

Au-delà de la façon dont ces mots sont employés sur le plan symbolique et rhétorique, quelle relation voyez-vous entre l’Holocauste et d’autres génocides contemporains ou historiques ? Quelles leçons pouvons-nous en tirer pour affronter le type de violence et de persécution que subissent aujourd’hui certaines populations, que nous considérions ou non qu’il s’agit, au sens sociologique, de génocides ?

Je ne sais pas trop quoi penser du Cambodge ou d’autres évènements de ce genre, mais le Rwanda m’a convaincu. C’est d’ailleurs pourquoi je l’ai inclus dans la troisième édition de mon livre. Ce qui répond à votre question. À Buchenwald, et peut-être aussi dans d’autres camps, quand la guerre est finie, les détenus ont arboré des banderoles proclamant « plus jamais ». Je crois que c’était une initiative des communistes, mais je n’en suis pas sûr. Des signes qui disaient « plus jamais » en plusieurs langues, parce que ces camps étaient une véritable tour de Babel. Des millions d’hommes, de femmes et d’enfants avaient été assassinés simplement parce qu’ils étaient classés comme Juifs, alors il ne fallait pas que ça se reproduise et c’était la responsabilité de la communauté internationale. Le résultat de cette sensibilité, ça a été la Convention sur le génocide. Le terme génocide a été forgé par Raphael Lemkin, un avocat juif polonais, auparavant spécialiste du terrorisme. Il avait publié en 1944 un livre intitulé Le règne de l’Axe dans l’Europe occupée. C’est là qu’il a introduit le mot génocide parce qu’il soutenait que la justice avait besoin de définir ce concept comme un crime spécifique. Bien entendu, les États-Unis ne voulaient pas signer la Convention sur le génocide parce que le Département d’Etat et d’autres organismes officiels nourrissaient des doutes à ce sujet. Une des principales craintes était que les Noirs américains s’appuient sur ce texte pour contester les lois ségrégationnistes. La Convention sur le génocide est un traité, et par conséquent, en vertu de l’article 6 de la Constitution des États-Unis, nous ne pouvions pas la signer parce qu’elle aurait prévalu sur les lois sacrées de certains de nos Etats, qui légitimaient la discrimination contre les Noirs. Tel était l’argument, un argument qui a fini par s’effondrer.

Ce qui reste de tout ça aujourd’hui, c’est que le « plus jamais » est implicite. Et pourtant, quand les évènements du Rwanda sont survenus, le Président Clinton a refusé d’appeler génocide ce qui en était vraiment un ! Nous prétendons que nous ne tolérerons plus jamais ce genre de choses, mais nous laissons assassiner un demi million de personnes en trois ou quatre mois au Rwanda. Après la mort de dix Belges, les forces internationales de maintien de la paix ont commencé à se retirer. C’était la même chose qu’en Allemagne, les Hutus ont décidé : maintenant, nous allons résoudre le problème Tutsi comme les Allemands l’ont fait avec les Juifs. Il est même clair qu’ils ont pris cette décision plusieurs mois avant le début du massacre, parce qu’ils ont importé des machettes et fait des préparatifs, comme les Allemands. Alors nous y voilà, la communauté internationale toute entière, il n’y a pas de Seconde Guerre mondiale en cours, nous ne pouvons pas prétendre que nous ne pouvons pas bombarder Auschwitz parce que nous avons besoin de tous nos avions sur le front occidental. Ce sont les années 1990, la paix règne, et personne ne fait rien. Bref, autant pour le « plus jamais ». Par conséquent, le problème est loin d’avoir disparu. Il y a des décisions à prendre. Quand vous êtes membre du Département de la Défense ou du Département d’État, vous ne pouvez pas anticiper toutes les configura-tions possibles des évènements, alors il faut réfléchir, et ces gens-là n’ont pas le temps de réfléchir. La réflexion, ils sont censés l’avoir faite avant d’arriver au pouvoir. C’est un problème majeur. Quoi qu’il en soit, c’est la première fois dans l’histoire qu’existe cette notion de responsabilité planétaire. Je ne dis pas que nous sommes seuls, nous avons des partenaires qui partagent cette notion, qui est vraiment une nouveauté postérieure à la Seconde Guerre mondiale.

Que pensez-vous des débats actuels sur l’interprétation de l’Holocauste et de ses conséquences dans l’œuvre de gens comme Norman Finkelstein [2] ou Daniel Goldhagen [3] ?

Finkelstein est maintenant systématiquement calomnié. Il est clair qu’il existe des lobbies qui ont essayé de le délégitimer [4]] . Finkelstein est un politologue avec un doctorat obtenu à Princeton, et quoi qu’on pense de Princeton, c’est une excellente préparation pour devenir spécialiste en science politique. Il m’a écrit deux ou trois fois. Il est le premier à avoir pris au sérieux Goldhagen. Il l’a attaqué dans un très long essai que je n’aurais jamais écrit moi-même parce que je n’aurais jamais eu la patience. Goldhagen fait partie d’un groupe universitaire travaillant dans le même domaine de recherches que moi avec des résultats que je considère comme désastreux…

Pourquoi ?

Parce qu’il a totalement tort sur tout. Totalement tort. Exceptionnelle-ment tort. En d’autres termes, tout son délire sur l’antisémitisme revient à dire qu’il s’agit fondamentalement d’un antisémitisme éliminationniste, C’est complètement absurde. Il parle d’antisémitisme chez les Allemands, les Estoniens, les Ukrainiens, les Lettons et les Lithuaniens, mais d’où vient cet antisémitisme spécifiquement éliminationniste ? C’est tout simplement complètement absurde. Complètement à côté de la plaque et sans aucune base empirique sérieuse. Finkelstein l’a pris au sérieux, moi un peu moins, mais j’était un retardataire dans la critique contre Goldhagen. Alors quand il parle des Arabes, certains Juifs estiment qu’il est aussi antisioniste, qu’il est anti-israélien, qu’il se préoccupe trop de la souffrance des Arabes. Je ne suis pas d’accord sur ce point avec lui, parce que j’ai ma propre opinion, mais on ne peut pas dire qu’il ait entièrement tort. Vous aimeriez être un citoyen arabe en Israël ? Pensez à toutes les portes qui vous seraient fermées, Certes, vous mangerez sans doute mieux et vous aurez un revenu plus élevé que si vous viviez dans un bidonville du Caire. La grande ironie de la chose, c’est que la condition des Arabes israéliens est nettement meilleure que celle du prolétariat de certains autres pays arabes, mais un être humain a besoin d’autre chose, un être humain a besoin d’un sentiment de dignité. Pensez aux postes de contrôle israéliens. C’est là une forme d’existence qui requiert un changement, d’une manière ou d’une autre. Ce combat ne peut pas être mené éternellement. C’est impossible. Les Israéliens finiront par s’en lasser. Ils finiront tout simplement par en avoir assez de vivre dans la méfiance des autres. Ça ne peut pas continuer éternellement. Sur ce sujet, Finkelstein possède le noyau d’une vision correcte du problème parce qu’il est très perspicace. Il a eu raison plus souvent qu’à son tour.

Une dernière question. Alors que nous avançons dans le XXIe siècle, quelle direction les recherches sur l’Holocauste devraient-elles emprunter ?

Bon, si vous m’aviez posé cette question au début, j’aurais mis une demi heure à y répondre. À juste titre, la recherche est désormais orientée vers l’identification des détails, en particulier tout ce qui s’est passé au niveau local. Il existe déjà des travaux dans ce sens. Ce type de recherche n’est pas très développé aux États-Unis, mais est déjà assez avancé en Europe. Les principaux spécialistes de l’Holocauste aujourd’hui sont des Allemands et des Autrichiens. Il y a aussi quelques Français et Italiens. Aux États-Unis, il n’y a pas beaucoup de chercheurs qui méritent d’être mentionnés.

Une deuxième ligne de recherche devrait être l’investigation des aspects encore tabous de ces évènements. Prenons par exemple la vie quotidienne d’une communauté juive agonisante dans un ghetto : certains ont été les premiers â être éliminés, d’autres sont morts dans une deuxième phase, d’autres encore furent les dernières victimes et, finalement, il y a aussi eu des survivants. Quelle est la logique de ces différentes phases ? Eh bien les premiers à mourir furent les plus pauvres des pauvres. C’est une question qu’il nous faut affronter. Du point de vue scientifique, il n’est pas question de confondre toutes les victimes juives dans une même catégorie – de les appeler tous « Kedoshim » (à savoir les « Sanctifiés »), comme je l’ai entendu faire par un rabbin. Ce n’est pas mon langage. Nous ne pouvons pas faire ça. Il nous faut les voir tels qu’ils étaient, et nous n’en sommes pas encore là. Ce que nous avons eu jusqu’à présent, ce sont des sermons. C’est un des points sur lesquels je suis en désaccord avec Élie Wiesel, même si je le connais depuis longtemps. Il nous dit : « Soyez à l’écoute des survivants, et aussi de leurs enfants ». Alors je dis, oui, nous devons écouter les survivants. Ça fait même pas mal de temps que nous les écoutons, mais cela ne suffit pas. Cela ne nous dit pas ce qui est arrivé à ceux qui n’ont pas survécu. Les survivants ne sont pas un échantillon statistique aléatoire. Cela exige tout un tas de recherches assidues à travers toute une masse d’archives qui gisent dans l’oubli et n’ont pas été examinées.

Enfin, la troisième tâche importante des chercheurs est d’identifier clairement qui étaient les voisins des Juifs. Comment vivaient-ils les évènements, à supposer qu’ils aient eu le moindre impact sur eux ? Par quoi leurs réactions étaient-elles motivées, qu’il s’agisse de se joindre aux perpétrateurs, d’aider les victimes ou, comme c’était le cas la plupart du temps, de rester neutre. Mais la neutralité ne signifie pas qu’on ignore ce qui se passe. C’est simplement la décision de ne rien faire. Il nous faut examiner aussi cela. Bref, il nous faut examiner l’Holocauste sous tous les angles possibles, ce qui signifie faire une grande quantité de recherche au niveau local, parce que c’est au niveau local qu’on trouve les documents pertinents. Par exemple, c’est dans des archives locales que j’ai lu que les Allemands se plaignaient que les Biélorusses ne leur livraient pas une quantité suffisante de céréales parce qu’ils en dérobaient secrètement une partie pour fabriquer d’énormes quantités de vodka. Il faut donc commencer à se poser la question suivante : quel pourcentage de la population se trouvait en état d’ébriété permanente ? Toutes ces questions son extrêmement importantes, et c’est dans cette direction que doit s’orienter la recherche. Ça n’est pas un travail d’amateur, ça ne peut pas être fait par des gens qui ne sont pas formés pour ça, ce n’est pas un travail de philosophes, c’est un travail pour les gens qui connaissent les langues, qui connaissent l’histoire, qui connaissent la science politique, qui connaissent l’économie, etc. Fondamentalement, des gens biens formés. Aujourd’hui, l’Holocauste n’est plus un sujet pour les amateurs, comme cela a pu être le cas au départ.

QUAND LA MOSQUEE DE PARIS CACHAIT DES JUIFS PERSECUTES

Posté par Idir Hocini

Dans le Paris de 1942-44, des musulmans ont sauvé des enfants persécutés. La médaille des Justes pourrait leur être décernée à titre posthume



La situation au Proche-Orient pourrit mon existence : je ne peux pas raconter de blagues sur les juifs sans risquer des regards réprobateurs. C'est peu de chose comparé à la peur que ressentent certaines personnes coiffées d'une kippa quand elles prennent le métro. Et que dire de l'antisémitisme qui monte d'un cran dans nos quartiers chaque fois que les chars merkavas sont de sortie ? Il faut continuer à penser que les personnes qui, d'un coté comme de l'autre, contribuent à importer les tensions israélo-palestiennes dans l'Hexagone forment une minorité. S'il convient de rappeler que les antagonismes entre juifs et arabes ne datent pas d'hier – le grand mufti de Jérusalem dans le contexte d'un nationalisme anti-britannique soutenait les nazis –, peu savent que des musulmans ont agi comme des Justes, ces personnes qui ont protégé des juifs pendant les persécutions de la Seconde Guerre mondiale. Episode méconnu de la résistance française : des résistants algériens cachaient des juifs dans la Mosquée de Paris sous l'occupation.

Le "groupe Kabyle" – nom donné aux FTP (francs-tireurs et partisans) algériens car la langue berbère qu'ils utilisaient rendait toute infiltration de leur réseau extrêmement difficile – fut créé en 1942; au départ pour venir en aide aux soldats d'Afrique du Nord évadés des camps de prisonniers allemands. Les parachutistes anglais terrés dans Paris et le début des persécutions juives dans la capitale ont étoffé leur domaine d'activités. La plupart de ces FTP étaient originaires des milieux ruraux extrêmement pauvres de l'Algérie coloniale. Émigrer à Paris leur a ouvert les portes d'un nouveau monde. Dans les usines, ils ont acquis une conscience politique, ils étaient tous syndiqués et participaient aux grèves. Leur engagement militant s'est poursuivi durant l'occupation au service de la résistance.

Les motivations religieuses n'étaient donc pas forcément au cœur de leur engagement lorsqu'ils amenèrent des enfants juifs à la mosquée de Paris pour les soustraire aux rafles, avec l'accord et le soutien de son recteur, Si Kaddour Benghabrit. Les persécutés y trouvèrent asile, en majorité des enfants, mais aussi parfois leurs parents ainsi que nombre de parachutistes anglais. La mosquée fournissait un sanctuaire permettant d'organiser leur évacuation vers la zone libre ou le Maghreb. Ils étaient alors dissimulés sous une identité algérienne quitte à leur fournir de faux papiers par le biais de la mosquée.
L'immigration maghrébine étant essentiellement le fait d'hommes seuls, faire passer des enfants juifs pour des enfants algériens n'était pas sans risque. Cacher une personne vouée au camp de la mort revenait à risquer le même sort.

Dans un tract écrit en kabyle durant ces années noires, intitulé « Comme tous nos enfants », on peut lire ceci: « Hier, à l’aube, les juifs de Paris ont été arrêtés, les vieillards, les femmes comme les enfants, en exil comme nous, ouvriers comme nous, ce sont nos frères et leurs enfants sont nos enfants. Si quelqu’un d’entre vous rencontre un de ces enfants, il doit lui donner asile et protection, le temps que le malheur passe. »

Derri Berkani, cinéaste français d’origine algérienne, relate ces faits dans son film « Une résistance oubliée, la Mosquée de Paris ». Dans ce documentaire, le docteur Assouline, un des liens entre les résistants algériens et la population juive, témoigne: il comptabilise 1600 cartes alimentaires (une par personne) qu’il avait fournies à la Mosquée de Paris pour les juifs qui y avaient trouvé refuge. Les souches de ces mêmes tickets donnent le chiffre de 1732 en comptant les parachutistes anglais que la mosquée a abrités.

Un appel à témoin de juifs sauvés par la Mosquée de Paris entre 1942 et 1944 a été lancé en 2005 pour que la médaille des Justes soit remise aux descendants de Si Kaddour Benghabrit par le mémorial Yad Vashem. Si la démarche aboutit, il sera le premier Maghrébin à recevoir à titre posthume une des plus hautes distinctions conférées par l'Etat hébreux. Que ce soit par compassion envers les souffrances des Palestiniens où pour le droit d'Israël à exister, certains Français entretiennent un lien émotionnel fort avec le conflit israélo-palestien. En attendant de trouver de l'espoir dans le futur, trouvons-le dans le passé.

Idir Hocini

in bondy-blog

mercredi 6 août 2008

Un des descendants d'Hitler s'est converti au judaïsme

Il habite désormais en Israël, avec son épouse et ses enfants.


C'est le quotidien britannique The Guardian qui a retrouvé ce descendant d'Hitler, dont la présence en Israël et la conversion demeuraient une sorte de légende urbaine dans les pays occidentaux. Pas en Israël, curieusement, où un tabloïd avait sorti l'histoire voilà 7 ans.


En découle une longue enquête, décortiquée en longueur dans les pages du journal, pour retrouver l'arrière- petit fils du demi-frère d'Hitler. Il ne donnera pas son nom, mais raconte son histoire au journal. Ses parents étaient contre la politique menée par le Führer, lui même s'est senti "embarrassé" quand il a lu Mein Kampf. "Comment les gens ont pu élire quelqu'un qui a écrit un tel livre? C'est lamentable!"

"Je me sentais chez moi en Israël"
Comme de nombreux descendants de Nazis, il s'est maintenant converti au judaïsme. "Quand je suis allé en Israël, je m'y sentais chez moi" explique-t-il. Il a épousé une juive orthodoxe, qui lui a donné trois enfants...

Des enfants qu'il trouve trop "chauvins" à son goût. L'un d'entre eux même "raciste" à ses yeux.

(Source: The Guardian)

samedi 2 août 2008

LES KZ INSTRUMENTS DE L'EXTERMINATION

(1939-1945)

Le 1er septembre 1939, la Wehrmacht attaque la Pologne. Le 3 septembre la France et l'Angleterre déclarent la guerre à l'Allemagne. La Seconde Guerre mondiale commence.
Dans Mein Kampf, A. Hitler avait écrit: « Nous autres nazis, nous devons reprendre la tâche là où elle a été laissée il y a six cents ans. Nous arrêtons l'interminable exode allemand vers le sud et l'ouest... et nous tournons nos regards vers les terres de l'est... » car « ce n'est pas par hasard que les premières civilisations se sont produites là où l'Aryen, dans son contact avec des races inférieures, les a soumises et pliées à sa volonté. » Ses buts de guerre sont clairs: la conquête et l'asservissement des vaincus.


Au moment où se déclenche la bataille décisive, il ne peut être question pour lui de tolérer ceux qu'il considère comme des bouches inutiles ou des ennemis: il va les exterminer.

L'EXTERMINATION


L'euthanasie

Le mot euthanasie, tiré du grec, désigne l'assistance apportée à un agonisant promis à une mort certaine et douloureuse en mettant fin à ses jours sans le faire souffrir, soit à sa demande, soit à la demande de ses proches. Cette notion s'est élargie en Allemagne après la Première Guerre mondiale. Sous couleur d'eugénisme, des scientifiques comme K. Binding et A. Hoche prônent la destruction des " vies sans valeur ", des " existences superflues ", des " esprits morts ", de " enveloppes humaines vides ". Ces conceptions, basées sur un matérialisme biologique s'inspirant de l'idée darwinienne de la " lutte pou la vie ", conduisent à envisager l'élimination des " êtres inférieurs " alcooliques, épileptiques, psychopathes, infirmes, faibles d'esprit invalides et incurables. Par la presse et la radio, les nazis habituent peu à peu les Allemands à concevoir et à admettre cette sorte d'euthanasie - d'autant plus justifiée selon eux qu'il s'agit de personnes inaptes au travail mais qui absorbent des ressources, ce qu'un pays en guerre ne peut admettre.

Une circulaire du ministre de l'Intérieur du Reich datée du 18 août 1939 oblige les médecins et les sages-femmes à déclarer les enfants souffrant de difformités: ils sont aussitôt tués par des piqûres de morphine ou de scopolamine. Un Comité du Reich pour l'étude scientifique des maladies graves, héréditaires et congénitales est créé pour étudier les modalités d'application de l' " euthanasie ". Et le 1er octobre 1939, une lettre d'A. Hitler (datée curieusement du 1er septembre 1939) donne l'autorisation aux médecins « d'accorder une mort miséricordieuse aux malades qui auront été jugés incurables selon une appréciation aussi rigoureuse que possible ». L'opération d'élimination des pensionnaires des hôpitaux et asiles commence sans tarder en octobre 1939. Elle se dissimule sous l'appellation de code " T4 " (le siège de la centrale étant situé à Berlin au 4, Tiergartenstrasse). L'opération comporte d'abord la sélection des victimes par une commission de contrôle (jugeant le plus souvent sur dossiers), le transfert vers l'un des six instituts d'euthanasie répartis sur tout le territoire, l'exécution par le monoxyde de carbone (les injections de morphine et de scopolamine s'étant montrées décevantes), l'incinération; un avis de décès et des condoléances sont adressés aux familles.

La chambre à gaz du centre d'extermination de Brandenburg est décrite ainsi:

« La salle de mise à mort, lors de son installation, avait été camouflée en salle d'inhalation. Les murs étaient carrelés. Plus tard, on ajouta au camouflage des douches fixées au plafond, alimentées par des canalisations fictives. Le long du mur, à dix centimètres du sol, courait une canalisation reliée aux bouteilles à gaz. Ce tuyau était percé de nombreux petits orifices par lesquels le gaz se répandait dans la salle. Les bouteilles de gaz se trouvaient dans une antichambre, dissimulées par un revêtement»

Bien que les opérations se déroulent dans la plus grande discrétion, en faisant appel à un langage codé, des rumeurs circulent. Des familles s'inquiètent. Les Églises protestante et catholique s'alarment. Le 3 avril 1941, Mgr von Galen, évêque de Münster, dénonce en chaire ces assassinats. Il sera imité par les évêques de Fulda et de Limbourg. Si bien qu'A. Hitler ordonne l'arrêt officiel du programme T4 le 24 août 1941. À cette date, le nombre des victimes est de 70 273 réparties comme suit: 9 839 à Grafeneck, 9 772 à Brandenburg, 8 601 à Bernburg, 18 269 à Hartheim, 13 720 à Sonnenstein, 10 072 à Radamar. En réalité, l'élimination des malades mentaux et des incurables se poursuit discrètement jusqu'en 1945. Les centres d'euthanasie reçoivent également des convois de détenus des KZ jugés inaptes au travail, Les documents signalent la mise à mort, par exemple, de 5 000 détenus provenant de Mauthausen et de 3 000 autres extraits de Dachau. Pour cette seconde phase de l'opération T4, le nombre des victimes est estimé à plus de 30 000. Tous les pensionnaires juifs des établissements thérapeutiques ont été mis à mort de cette façon. L' " euthanasie " a permis aux nazis d'assassiner plus de 100 000 victimes sans défense.

C'est la première fois:

• qu'est réalisée la " liquidation biologique " en application du concept d' " hygiène raciale ";
• que sont expérimentées les chambres à gaz... qui seront bientôt utilisées dans les KZ. L'euthanasie nazie constitue le prologue à l'extermination massive dans certains KZ.

Les Tziganes

A. Hitler méprise les Tziganes, à qui il voue une haine égale à celle qu'il a pour les juifs.
Pourtant, les Tziganes sont bien eux aussi des Aryens, puisqu'ils proviennent du nord de l'Inde, d'où ils avaient essaimé dans toutes les directions. C'est aux XVè et XVIè siècles qu'ils étaient arrivés en Europe. Mais ces populations nomades, difficiles à contrôler du fait de leur errance perpétuelle, source de troubles avec les populations autochtones, inquiétaient les Allemands. Des recherches anthropologiques, entreprises dès l'arrivée au pouvoir des nazis, " démontrèrent " que les Tziganes, loin d'être des Aryens, appartenaient en réalité à une race bâtarde, donc inférieure.

Dès lors, au nom de la défense de la race aryenne, les Tziganes sont persécutés. Les bourreaux voient large: est considérée comme tzigane toute personne ayant deux Tziganes parmi ses grands-parents. Ils sont systématiquement pourchassés, recensés, rassemblés, parqués dans des ghettos ou des KZ. Dans les KZ, ils portent le triangle noir réservé aux asociaux, aux parasites. En septembre 1939 notamment, 30 000 sont arrêtés dans l'ensemble du Reich et déportés en Pologne, notamment à Auschwitz. Pour cette population habituée à la liberté, à la vie au grand air et au voyage permanent, la détention est dure. Très vite, beaucoup meurent victimes de la faim et des épidémies.

Il semble que la décision d'extermination est prise au début de 1942. Elle s'applique à tous les pays d'Europe occupés par la Wehrmacht. On estime que les trois quarts de tous les Tziganes allemands ont péri entre 1940 et 1944. La proportion est encore plus forte pour ceux de Pologne et d'URSS. À partir de 1944, ils sont massacrés jusqu'au dernier en Hongrie et en Croatie. Le général commandant les troupes allemandes en Serbie donne l'ordre suivant: « Les Tziganes doivent être traités comme les juifs. »
Peu d'études ont été consacrées au calvaire des Tziganes. Peu de documents subsistent. On sait seulement, par exemple, que 5 000 Tziganes qui avaient été enfermés dans une section spéciale du ghetto de Lodz ont été conduits en 1944 au KZ de Chelmno où ils ont tous été gazés. On sait aussi que les 2 987 hommes, femmes et enfants restant encore au KZ d'Auschwitz ont été conduits à la chambre à gaz le 2 août 1944. Environ 750 000 Tziganes vivaient en Europe en 1939. Plus du tiers, soit 260 000, ont été massacrés pendant la Seconde Guerre mondiale. En France, ils étaient près de 40 000 en 1939: 15 000 devaient périr.

Les Homosexuels

Le sort des homosexuels dans les camps de concentration est mal connu. En effet, aucune enquête officielle ou officieuse n'a été faite, aucun travail d'historien ne leur a été consacré. Pourtant, leur présence est signalée dans la plupart des camps.
Leur signe distinctif est un triangle rose. Ils sont victimes de mauvais traitements et d'insultes de la part des nazis, des kapos et souvent de certains déportés. Cette hostilité générale est due au fait qu'ils sont considérés comme coupables d'un vice contre nature.
Pourtant, un livre récent de Jean Boisson apporte de précieuses indications. Il contient le discours d'Himmler sur l'homosexualité prononcé le 18 février 1937, qui expose l'opinion des nazis:

« Si j'admets qu'il y a 1 à 2 millions d'homosexuels, cela signifie que 7 à 8% ou 10% des hommes sont homosexuels. Et si la situation ne change pas, cela signifie que notre peuple sera anéanti par cette maladie contagieuse. À long terme, aucun peuple ne pourrait résister à une telle perturbation de sa vie et de son équilibre sexuel... Un peuple de race noble qui a très peu d'enfants possède un billet pour l'au-delà: il n'aura plus aucune importance dans cinquante ou cent ans, et dans deux cents ou cinq cents ans, il sera mort... L'homosexualité fait échouer tout rendement, tout système fondé sur le rendement; elle détruit l'État dans ses fondements. À cela s'ajoute le fait que l'homosexuel est un homme radicalement malade sur le plan psychique. Il est faible et se montre lâche dans tous les cas décisifs... Nous devons comprendre que si ce vice continue à se répandre en Allemagne sans que nous puissions le combattre, ce sera la fin de l'Allemagne, la fin du monde germanique. »

De son côté, Goebbels, dans un discours du 26 janvier 1938, déclare: « Ceux qui pratiquent l'homosexualité privent l'Allemagne des enfants qu'ils lui devaient. » Le 16 novembre 1940, dans un nouveau discours, Himmler affirme: « Il faut abattre cette peste par la mort. »
Dans les camps, les homosexuels subissent le même sort que les autres déportés: privation de nourriture, sévices, travail exténuant, expériences médicales, etc. Mais leurs conditions de vie sont le plus souvent pires que celles de leurs compagnons de misère, car ils sont maltraités et méprisés par les nazis, les kapos et la plupart des autres détenus. François Bédarida écrit:

« Dans les camps de concentration, les Tziganes se trouvaient, avec les homosexuels, au bas de la hiérarchie carcérale. Ils étaient soumis aux travaux les plus dégradants et les plus pénibles ».

La barbarie nazie vis-à-vis des homosexuels ne connaîtra pas de borne. Pierre Seel rapporte comment ils ont fait mettre nu un homosexuel du " camp de sûreté " de Schirmeck, proche du Struthof. Après lui avoir enfoncé la tête dans un seau en fer blanc, ils lâchèrent sur lui les féroces bergers allemands du camp qui le dévorèrent devant les autres déportés rassemblés pour le spectacle. Pour les nazis, l'homosexualité est considérée comme un délit, non du point de vue de la morale ou de la religion, mais de la race. Ils ont exterminé les juifs parce que, selon eux, ils nuisaient à la pureté de la race - et les homosexuels parce qu'ils nuisaient à la reproduction de la race.
Ce véritable génocide a conduit à la mort probablement 1 million d'homosexuels selon Jean Boisson. Les historiens ont le devoir de rompre le silence dont a été entourée cette persécution.

Les Slaves

En juin 1941, A. Hitler envahit l'URSS.
Pour les nazis, les Slaves sont les Untermenschen par excellence. L'avance victorieuse sur d'immenses territoires de l'URSS apporte la démonstration que ces " sous-hommes " sont incapables de résister aux forces années des Aryens. Goebbels les compare à " un conglomérat d'animaux ". A. Hitler déclare: « Ils doivent en savoir juste assez pour comprendre les signaux de la route afin de ne pas être écrasés par nos véhicules. »

Dès septembre 1939, les élites polonaises (clergé, officiers, cadres sociaux, intelligentsia) avaient été neutralisées, exécutées ou conduites dans des KZ. De ce fait, privée de cadres et de repères, la population est passive et se soumet au joug des vainqueurs. Le terme slave slave ne vient-il pas du mot esclave?

Avec les Soviétiques, le problème a une tout autre dimension. Dès l'offensive de juin 1941, A. Hitler décide de conduire une guerre d'anéantissement: anéantissement des unités militaires soviétiques (en premier lieu, des officiers et des commissaires politiques), des cadres du parti communiste et des cadres civils de la société (administrateurs des circonscriptions géographiques, de l'armature sociale et économique, intelligentsia, etc.) Cela se traduit par des exécutions massives de civils et de militaires. Les chiffres permettent de mesurer l'étendue de la tuerie: 3 300 000 soldats soviétiques avaient été faits prisonniers au cours des six premiers mois de la guerre entre juin 1941 et janvier 1942 ; or, à cette date, 2 000 000 sont morts (par exécution ou épuisement). L'extermination va se poursuivre jusqu'à la défaite nazie. Entre juin 1941 et février 1945, les Allemands feront prisonniers 5 700 000 Soviétiques: 3 300 000 seront morts à cette dernière date. Cette proportion de près de 60 % de décès est effroyable pour des prisonniers de guerre.

Dans cette tuerie, un rôle majeur est réservé aux Einsatzkommandos. Appelés aussi " Einsatzgruppen ", les Einsatzkommandos sont de petites unités spéciales, mobiles, motorisées, créées à l'instigation de Himmler au printemps 1941 dans le cadre de l'opération Barbarossa (la conquête de l'URSS). Ces groupes d'intervention sont chargés d'assurer par la terreur la tranquillité des arrières des armées allemandes. Ils suivent immédiatement la Wehrmacht dans les territoires nouvellement conquis. Ils massacrent systématiquement les communistes. L'effectif des Einsatzkommandos s'élève à 3 000 hommes environ, ce qui est peu compte tenu de l'étendue du front. Ils sont composés par des hommes issus de la Gestapo et des différentes polices du Reich, par des SS et, pour 10 %, par des Russes recrutés sur place. (À partir de fin 1942, les supplétifs locaux constitueront la majorité de ces équipes de tueurs.)

Quatre groupes sont mis sur pied, désignés par les lettres A, B, C, D. Chaque groupe est affecté à un secteur géographique:

• I'Einsatzgruppe A, le plus nombreux (1000 hommes), rattaché au groupe d'armées du Nord, opère dans les pays Baltes et l'URSS jusqu'à Leningrad;

• I'Einsatzgruppe B, rattaché au groupe d'armées du Centre, opère sur un territoire allant de la Biélorussie à la région de, Moscou;

• I'Einsatzgruppe C, rattaché au groupe d'armées du Sud, opère en Ukraine;

• l'Einsatzgruppe D, le moins nombreux (500 hommes), rattaché à la 11e armée, opère le long de la mer Noire.

Les massacres ont lieu en plein air. Les futures victimes sont amenées par groupes devant des fossés creusés à l'avance. Elles sont exécutées à la mitraillette, parfois à la mitrailleuse. Les cadavres sont ensuite poussés dans les tranchées, qui sont recouvertes de terre. Sur les 3 300 000 prisonniers de guerre soviétiques tués, 500 000 l'ont été par les Einsatzgruppen. On estime à 750 000 environ le nombre des victimes hommes, femmes et enfants exécutés par les Einsatzkommandos entre l'ouverture des hostilités en juin 1941 et janvier 1942. Une réaction se produit en 1942. Ces massacres massifs, en plein jour, ne peuvent rester secrets malgré les précautions prises. Les effets psychologiques affectent fâcheusement les soldats de la Wehrmacht... et même les bourreaux SS! En outre, Himmler arrive à regretter ce gaspillage d'une main-d'œuvre potentielle. Dans un discours à Potsdam, il déclare en 1942: « Le fait que des centaines de milliers de prisonniers (soviétiques) soient morts est à déplorer, pas au point de vue racial, mais à cause de la perte de la main-d'œuvre subie. » En fait, les opérations des Einsatzkommandos se poursuivront, mais à une échelle beaucoup plus modeste. Ils participeront de plus en plus à la lutte contre les partisans. Désormais, les exécutions massives auront lieu surtout dans l'enceinte des camps. Les juifs connaîtront le même sort.

Les Juifs


A. Hitler a d'abord tenté de débarrasser l'Allemagne du " poison juif " en les expulsant ou en les contraignant à émigrer. Avec la guerre, son attitude se raidit. Déjà dans son discours du 30 janvier 1939 devant le Reichstag, il s'écrie: « Si la finance juive internationale en Europe et hors d'Europe parvenait à jeter une fois de plus les peuples du monde dans une guerre mondiale, le résultat ne sera pas la bolchevisation de la terre et donc la victoire du judaïsme, mais l'extermination de la race juive en Europe. »

Plusieurs phases vont se succéder dans la politique anti-juive:


• Première phase: après la conquête de la Pologne (septembre 1939), les juifs sont raflés et déportés par dizaines de milliers dans le Gouvernement Général (ce qui reste de la Pologne sous protectorat allemand) et plus précisément dans le district de Lublin, où il est question de les parquer dans une espèce de réserve.

• Deuxième phase: après la défaite de la France (printemps 1940) naît le plan Madagascar, qui prévoit de déporter les millions de juifs dans cette Île, qui constituera une vaste réserve sous l'autorité d'un gouverneur SS (le Reich compte alors 2 500 000 juifs sur les territoires qu'il contrôle). Eichmann écrit: « Comme moyen d'éviter des contacts prolongés entre les juifs et les autres peuples, une solution impliquant un transfert outre-mer dans une île doit être préférée à toute autre. » Mais ce plan doit être abandonné puisque la guerre continue et que la Grande-Bretagne reste maîtresse des mers.

• Troisième phase: la politique de "ghettoïsation" est alors entreprise. Afin de séparer les juifs de la population allemande, les nazis entreprennent de les regrouper dans des ghettos fermés. Le premier ghetto est créé le 30 avril 1940 à Lodz, avec 150 000 personnes. Puis naissent ceux de Cracovie le 20 mars 1941, de Lublin le 15 avril 1941, de Czestochowa et de Kielce, de Lvov en décembre 1941, de Varsovie le 15 novembre 1940: ce dernier ghetto, le plus important, va recevoir 445 000 personnes en septembre 1941 (la population totale de la ville est alors de 1 365 000 habitants)

Un important ghetto sera créé après la conférence de Wannsee du 20 janvier 1942 à Theresienstadt (en tchèque: Terezin). Qualifié par les SS de " ghetto privilégié ", il recevra plus de 100 000 juifs âgés ou anciens combattants. En fait, les déportés seront affectés à des kommandos de travail très meurtriers. Un grand nombre seront gazés dans les camps d'extermination. 25 000 seront incinérés par les nazis à Theresienstadt et 23 700 inhumés dans le cimetière. Chaque ghetto constitue une cité état captive étroitement soumise à l'autorité allemande. Celle-ci réduit de plus en plus la fourniture des produits alimentaires, n'assurant bientôt plus que 300 calories Par personne et par jour (contre 2 310 pour un Allemand). Les juifs du ghetto de Varsovie vont bientôt souffrir de la faim, de maladies (typhus endémique). Le 21 mai 1942, un rapport note: « Il y a en permanence 40 % environ de personnes malades. Le nombre des décès dans le ghetto continue à osciller autour de 5 000 par mois. » 470 000 personnes vécurent dans le ghetto de Varsovie entre la fin de 1940 et l'achèvement des déportations de masse en septembre 1942: pendant ce temps, on y enterra 83 000 personnes.
Mais le processus de destruction des juifs paraît trop long aux Allemands, qui vont chercher d'autres solutions.

• Quatrième phase: les Einsatzgruppen exterminent les hommes, femmes et enfants juifs des territoires conquis sur l'URSS. Un rapport de l'Einsatzkommando A donne une idée de la tuerie. Il précise qu'entre juillet et décembre 1941, opérant en Biélorussie et en Lituanie, ont été exécutés: 136 421 juifs, 1064 communistes, 56 partisans, 653 malades mentaux, 44 Polonais, 28 prisonniers de guerre, 5 Tziganes. Sur ce total, le rapport dénombre 55 556 femmes et 34 464 enfants. Un massacre est devenu tristement célèbre: celui de Babi-Yar, petite ville proche de Kiev où en deux jours, les 29 et 30 septembre 1941, 33 771 juifs ont été assassinés et jetés dans un ravin naturel.

• Cinquième phase: la " solution finale ". C'est l'extermination complète des juifs. C'est le génocide.

Selon le dictionnaire, un génocide est la destruction méthodique d'un groupe ethnique et, par extension, l'extermination d'un groupe important de personnes en peu de temps. Le terme " génocide " a été utilisé pour la première fois par le juriste polonais Raphaël Lemkin. L'ONU a érigé en 1948 le génocide en crime sur le plan international. Les Allemands utilisent le terme " Endlösung " (solution finale) ou " Vernichtung " (destruction), les Anglo-Saxons depuis 1960 celui d'" Holocauste " (la Bible désigne ainsi les offrandes sacrificielles dédiées à Dieu). Plus récemment a été employé le terme "Shoah" ("catastrophe", en hébreu). La " solution finale de la question juive " (Endlösung der Judenfrage), c'est, pour les nazis, la destruction de tous les juifs de l'Europe qu'ils dominent, et où ils sont plus de 2 millions.

Le 20 janvier 1942, la conférence de Wannsee met au point le processus, ou plus exactement la planification méthodique de l'extermination (qui se substitue aux massacres inorganisés des mois précédents dans les ghettos, les KZ et par les Einsatzgruppen). Présidée par Heydrich, chef du RSHA (Reichsicherheitshauptamt, l'Office central de la sécurité du Reich), avec Eichmann comme secrétaire de séance, elle réunit les représentants de l'administration du Reich, des Affaires étrangères, de la police et des SS. L'élimination de tous les juifs est donc une entreprise majeure, qui mobilise toutes les forces du Reich!...

Il semble qu'A. Hitler ait pris cette décision à l'automne 1941. Le 24 février 1942, un mois après la conférence de Wannsee, alors que les victoires militaires sur l'URSS sont éclatantes et qu'il domine l'Europe, A. Hitler tient à souligner que la destruction des juifs est un de ses principaux buts de guerre: « Ma prophétie trouvera son accomplissement. Ce n'est pas l'humanité aryenne qui sera anéantie par cette guerre, mais le juif qui sera exterminé. Quoi que puisse apporter ce combat, quelle que soit sa durée, ce sera là le résultat final. »

Sans tarder, la solution finale entre dans les faits.
Le processus d'extermination prend une dimension massive et généralisée. Il va être systématiquement et impitoyablement réalisé. Pas sans tâtonnements d'abord, du fait de l'ampleur de l'entreprise. L'" euthanasie " avait montré que la technique d'assassinat par le gaz était plus efficace que le recours aux injections de morphine-scopolamine. C'est donc au gaz qu'il sera fait appel. Mais les exécutions massives devant commencer sans délai, les nazis vont employer des camions à gaz. Dans un premier temps sont utilisés des camions à gaz itinérants. L'exposé des motifs de la condamnation, en 1965, du SS Robert Mohr fournit un exemple de l'efficacité du procédé: « Pour tuer les juifs, Mohr mit en oeuvre dans le kommando de Stalino, à partir de mars, une voiture à gaz, un camion de cinq tonnes carrossé avec une caisse métallique, du genre d'une voiture de déménagement. La caisse pouvait contenir au moins soixante personnes serrées. On y entrait par une porte située à l'arrière. On pouvait, au moyen d'une conduite, dériver vers l'intérieur les gaz d'échappement. Mohr assista à la première utilisation de celui-ci. Au moins cinquante juifs, des deux sexes, réunis dans la cour intérieure de l'hôtel Donbas, durent y monter. Après la fermeture de la porte, le SS Sackenreuther dirigea les gaz d'échappement à l'intérieur. Les victimes faisaient du vacarme et hurlaient. Il fallut quinze à vingt minutes pour les tuer. Au moins deux cents juif furent tués au cours d'au moins quatre interventions des camions à gaz le matin d'un des jours de Pâques, le 5 ou le 6 avril 1942... Les membres du kommando d'intervention devaient retirer un à un de la voiture les cadavres souillés d'excréments et d'urine, enchevêtrés les uns aux autres, et les jeter dans le puits de mine. »

Mais les résultats paraissent vite trop modestes. Poussant la logique jusqu'à son point extrême, les planificateurs de l'extermination décident la création de camps spéciaux uniquement destinés aux exécutions massives. Le premier camp d'extermination commence à fonctionner à la fin de 1941: c'est celui de Chelmno (Kulmhof) au nord-ouest de Lodz. La troisième partie de ce livre sera consacrée à l'étude de ces camps d'extermination.

Conclusion


Couronnant la politique d'extermination décidée par les nazis, la mise en oeuvre de la " solution finale " a abouti au massacre des trois cinquièmes des juifs d'Europe. Les plus durement frappés ont été les juifs allemands et polonais, puis ceux de Belgique, des Pays-Bas, de Grèce, de Yougoslavie et de Roumanie, ceux d'Italie à partir de la fin de 1943, de Hongrie en 1944, etc.
Les petites communautés juives de Finlande et de Bulgarie ont été les moins atteintes, car les gouvernements, bien qu'alliés de l'Allemagne, se sont opposés à la déportation des juifs. Par ailleurs, la presque totalité des 7 000 juifs du Danemark ont pu être transportés clandestinement en Suède. Les juifs de France n'ont pas été épargnés, du fait de la politique de collaboration du gouvernement de Vichy.
Les KZ seront les instruments de l'extermination des déportés et surtout des juifs. Toutefois le décret Pohl va marquer un tournant dans le processus.

L'EXTERMINATION PAR LE TRAVAIL

Le 7 décembre 1941, le Japon détruit par surprise la flotte américaine du Pacifique. La guerre entre le Japon et les USA élimine, pour les nazis, l'espoir de voir le Japon ouvrir un second front en Sibérie..

La résistance inattendue de l'armée Rouge et la défaite de la Wehrmacht devant Moscou montrent qu'il faut désormais envisager une guerre longue, une guerre " totale ". L'impératif est, désormais, l'accroissement de la production du matériel militaire. Pour remplacer les Allemands appelés sous les armes, les nazis contraignent alors au travail les prisonniers de guerre, en violation flagrante de la Convention de La Haye. Cela ne suffisant pas, ils obligent les populations des pays occupés à fournir des travailleurs: ouvriers volontaires, puis requis, STO, raflés, etc. Cela ne suffisant toujours pas, ils font appel aux déportés.

Cette intégration des KZ dans le circuit du travail commence officiellement avec l'ordonnance du 29 septembre 1941 par laquelle Pohl, inspecteur général des KZ, ordonne de créer dans chaque camp un service d'organisation du travail (Arbeitseinsatz). Son ordonnance du 3 mars 1942 formule le concept d'extermination par le travail. Les deux impératifs de la concentration: l'extermination et le travail sont ainsi exposés: « L'exploitation de la main d'œuvre doit être ainsi appliquée jusqu'à la limite du possible afin que le travail puisse atteindre le plus grand rendement »; c'est la phrase clé de la nouvelle utilisation des concentrationnaires. De son côté, Goebbels dira: « L'anéantissement par le travail est le meilleur et le plus productif. » Le 14 septembre 1942, il déclare au ministre de la Justice: « Les juifs, les Bohémiens, les Polonais condamnés à la peine capitale, ou à la détention perpétuelle, ou par mesure de sécurité doivent être anéantis, mais productivement, par le travail. »

Même certains juifs pourront travailler, échappant ainsi à la mort. Par exemple, Himmler lui-même indique dans une correspondance du 16 décembre 1942: « Sur un chiffre de 40 000 juifs arrivant à Auschwitz, le filtrage doit donner au moins 10 000 à 15 000 personnes capables de travailler. » L'ampleur de l'opération ne peut être sous-estimée: des millions d'hommes et de femmes ont ainsi été contraints de travailler pour l'économie de guerre allemande. Dès 1942, des milliers de kommandos vont essaimer des KZ, fournissant la main-d'œuvre que réclament les firmes allemandes.

L'exemple de l'IG Farben est caractéristique, car il montre à la fois l'importance du travail fourni par les concentrationnaires et l'extermination qui les attend quand ils deviennent inaptes au travail: « En 1943, écrit 0. Wormser-Migot, l'IG Farben avait investi à Auschwitz un quart de milliard de dollars. Les murs du bureau du comité technique de l'IG Farben à Francfort auraient été couverts de diagrammes analysant en détail le prix de revient par tête de déporté, le nombre de déportés à utiliser, etc. On sait que les commandos d'Auschwitz, Buna, Leuna, Monowitz ont été créés par l'IG Farben qui avait commencé par installer des filiales devant être alimentées en main-d'œuvre par Auschwitz. Dès sa sortie du camp, le concentrationnaire est pris en charge par Farben. Les statistiques des décès même sont parfaitement tenues. Si le cachet porte le sceau hôpital, c'est que le déporté est mort à l'hôpital de la firme, tandis que de multiples pages portent la mention nach Birkenau: le déporté devenu improductif est renvoyé au camp pour y mourir, l'IG Farben cesse pour lui ses subsides au camp, le cycle de l'extermination par le travail est achevé. Entre 1941 et 1943 plus de 2 millions de déportés seraient passés par Auschwitz 1, dont des centaines de milliers à la demande de l'IG Farben qui en aurait en retour envoyé 100 000 mourir à la chambre à gaz. »

Conclusion

Dans l'article 4 de son ordonnance du 30 avril 1942, Pohl définit ainsi le travail concentrationnaire: « Le commandant (du KZ) seul est responsable de l'utilisation des travailleurs. Cette utilisation doit être épuisante (erschöpfend) au sens propre du terme, afin d'obtenir la plus haute mesure de production. » Le ministre de la Justice Thierack, rapportant son entretien du 14 septembre 1942 avec Goebbels, et commentant le mot " erschöpfend ", emploie, pour définir le régime des KZ, l'expression " Vernichtung durch Arbeit ", qui signifie bien " extermination par le travail ". La même expression sera utilisée par Himmler quatre jours plus tard.
La France du régime de Vichy a-t-elle eu conscience du sort réservé aux déportés arrêtés sur son territoire ?