mercredi 8 avril 2009

Décès d’un rescapé du ghetto de Varsovie



C’est toute une époque qui s’en va avec le décès de David (Yorek) Plonski z”l, rescapé du ghetto de Varsovie, qui a survécu à la tourmente en se faisant passer pour un marchand de cigarettes. Il s’est éteint samedi en Israël à l’âge de 83 ans après avoir consacré toute son existence au souvenir de la Shoah, par des conférences et des témoignages qu’il communiquait surtout à la jeune génération.

L’histoire de sa vie a été relatée dans un livre écrit en 1962 en Israël. Profitant de son teint clair et de sa bonne connaissance du polonais, il a en effet été l’un des “trafiquants” introduisant des denrées alimentaires et des armes à l’intérieur du ghetto et a même pris une part active à la révolte. Il n’a pu échapper à la mort qu’en se cachant au moment critique dans une bouche d’égout.

David Plonsky est né à Varsovie, en Pologne, en 1926, et lorsqu’il était encore petit, sa famille s’est installée à Otwock, dans la banlieue de la ville. Quand la guerre a éclaté, David et sa sœur ont dû aider leurs parents à subvenir à leurs besoins en travaillant dans des marchés de la capitale polonaise. En 1940, lorsque les Juifs de Varsovie et des environs ont été parqués dans le ghetto, David, qui n’avait alors que 14 ans, a dû assumer seul la subsistance de sa famille, s’exposant quotidiennement à de terribles dangers lorsqu’il faisait passer de la nourriture pour les siens.

En 1942, la superficie du ghetto a été réduite par les nazis et le passage des marchandises est alors devenu encore plus périlleux. Mais David a poursuivi malgré tout ses activités. Arrivé un jour chez lui, il a vu ses parents qui empaquetaient quelques affaires, ayant été avertis de se préparer pour un voyage en train. Sa mère l’a alors supplié de s’enfuir, le poussant par la fenêtre. C’était la dernière fois qu’il voyait ses proches. En effet, tous les Juifs d’Otwock ont été massacrés le lendemain.

Resté seul, il a rencontré des partisans qui l’ont chargé notamment de faire rentrer clandestinement des armes dans le ghetto et de communiquer des renseignements. En 1943, le soir du Seder, les troupes nazies se sont approchées du ghetto et le lendemain, elles ont tenté de l’investir, se heurtant à une résistance hors du commun de la part des combattants juifs. Lorsque le ghetto a finalement brûlé, anéanti par les forces barbares, il a trouvé refuge dans un égout où il s’est caché pendant plusieurs mois.

Par la suite, il est passé de l’autre côté et s’est fait passer pour un Polonais. C’est là qu’il a rejoint un groupe de garçons qui vendaient des cigarettes.

Lorsque la Pologne a été libérée en 1944, le jeune David s’est rendu à Lublin puis après la fin de la guerre, il a rejoint le mouvement du Shomer Hatsaïr, à Lodz, pour aider à rechercher des orphelins juifs. En 1948, David est monté en Israël au moment de la guerre d’Indépendance et a immédiatement rejoint les zones de combat. Puis il a fait partie des fondateurs du Kibboutz Meggido et c’est là qu’il a rencontré sa femme Alexandra, qui était elle-même une rescapée de la Shoah. Ils se sont mariés et ont eu trois enfants. Malheureusement, une nouvelle épreuve devait frapper le couple qui a perdu un de ses fils, Eytan , tombé pendant la guerre de Kippour.

David Plonski a consacré toute sa vie au souvenir de la Shoah, en travaillant notamment au Centre de Guivat Haviva. Il a donné de nombreuses conférences aux jeunes sur le sujet et se déplaçait en Pologne avec des groupes pour leur apporter son témoignage personnel.

En 1993, il avait accompagné le Premier ministre de l’époque Itshak Rabin, à l’occasion du cinquantième anniversaire de la Révolte du Ghetto de Varsovie. Pour lui, il s’agissait d’une mission sacrée. Et en 2003, il a allumé un des flambeaux du Jour du Souvenir de la Shoah et de la Bravoure à Yad Vashem.

Ses obsèques auront lieu lundi, à 16 heures, au cimetière du Kibboutz Meggido. Le cortège sortira du Gan Eytan, du nom de son fils tué au combat.

par Claire Dana-Picard
arouts sheva

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