mardi 28 avril 2009

Commémoration de la conférence d'Evian 1938: un pardon qui sonne comme un avertissement



""À vendre les juifs qui les veut ? Personne !" titrait la presse nazie."

"Il aura fallu attendre plus de 70 ans, pour que soit commémorée à Évian cette fameuse conférence qui s'est tenue du 6 au 15 juillet 1938 dans les murs de l'hôtel Royal. Le sort des réfugiés juifs en dépendait, elle s'est clôturée sur un échec.

De nombreux parlementaires étrangers participant à la conférence sur le racisme à Genève (Durban II) étaient présents, hier, dans la petite synagogue aux côtés des représentants locaux dont le député-maire d'Évian, Marc Francina, et le président de la communauté israélite, Jean-Bernard Lemmel. Ils ont reconnu avec émotion l'énorme responsabilité de leur pays respectif et se sont insurgés contre le voile épais qui recouvre cette tragique page de l'histoire de la Shoah.

Juillet 1938, Franklin Roosevelt invite à Évian - Genève avait refusé d'accueillir cette rencontre - les représentants de toutes les nations du "monde libre" à s'engager pour le sauvetage des juifs victimes de la persécution nazie. Après l'annexion de l'Autriche, quelque 550.000 juifs sont soumis aux édits raciaux. Ils pouvaient alors encore quitter l'Allemagne, mais la question cruciale était de savoir où aller ? Proposition avait été faite à chaque pays d'accueillir
25.000 juifs. Elle a été déclinée par la plupart (lire ci-dessous). Même les 5.000 dollars en or offerts par la communauté juive de New York par juif accueilli n'ont pas infléchi leur position ! Le rendez-vous d'Évian s'est de fait retourné contre ceux qu'il devait sauver, donnant un blanc-seing à Hitler pour mettre en place sa solution finale. "À vendre les juifs qui les veut ? Personne !" titrait la presse nazie.

70 ans plus tard, les parlementaires des Pays-Bas, USA, Suisse, Australie, Suède, Irlande, Finlande, Allemagne et la France avec Georgina Dufoix ont demandé pardon au peuple juif.

Un pardon qui a pris une consonance particulière au regard des déclarations du président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, à la tribune de Durban II la veille. Propos condamnés avec véhémence : "ils appellent une réaction urgente et massive. Cet homme est habité par l'antisémitisme et, nous, nous savons à quoi mène l'antisémitisme" lançait l'ancienne ministre française de la Santé.

REPÈRES
PROPOSITIONS D'ACCUEIL FAITES EN 1938
La République dominicaine s'était illustrée à Évian, elle proposait d'accueillir jusqu'à 100.000 réfugiés. Le CIR (comité international pour les réfugiés) avait établi que l'offre était une manœuvre du président Trujillo pour remplacer la population noire par des juifs blancs. En clair : une véritable épuration ethnique ! Au final, 1.000 réfugiés y seront accueillis en 1940. Quelques juifs ont pu rejoindre l'Afrique, l'Amérique du Sud et des pays du Commonweath."

Source: article du 22/04/09 repris du site du Dauphiné Libéré

- Evian 1938 - Genève 2009, Tomas Sandell
- European Christians remember Evian 1938


http://philosemitismeblog.blogspot.com/

dimanche 26 avril 2009

LA MUSIQUE DANS L'ENFER DU CAMP DE TEREZIN


Le camp de Terezin.
Photo: AP , JPost
Par DAVID HERSCHEL


Fondée en 1790 par l'Empire d'Autriche pour servir de ville de garnison, Terezin (Theresienstadt) se trouve en Bohême du Nord, à 60 km de Prague. Quand les nazis prennent le contrôle de la ville, ses remparts impénétrables leur semblent idéalement conçus pour en faire un camp de transit destinés aux Juifs des pays tchèques et autres Etats limitrophes.

Fin 1941, sept-mille Juifs tchèques y sont détenus. Jusqu'à la débâcle allemande, Terenzin verra transiter environ 140 000 Juifs : 33 000 mille mourront sur place de famine ou de maladie, et 88 000 seront déportés vers Auschwitz ou d'autres camps d'extermination.

Comble de l'infamie, les nazis utilisent le site comme instrument de propagande pour faire taire les inquiétudes de la Croix-Rouge. De nombreux artistes juifs étaient internés à Terezin, dépêchés par les nazis depuis toute l'Europe : peintres, cinéastes, musiciens, dramaturges, leurs talents devaient être instrumentalisés pour cacher leur propre mise à mort et celle de millions de leurs coreligionnaires.

Et paradoxalement, du point de vue des artistes eux-mêmes, former des orchestres, monter des spectacles, était une forme de résistance à l'oppression et au désespoir. Créer pour garder le sentiment de leur propre dignité.
Rescapée du camp, Greta Hoffmeister donnera sa propre définition du mot musique à Terezin : « La musique était la vie ! »

Au milieu de la terreur, de la torture et de l'humiliation, se montent des opéras à Terezin, sur des scènes de fortune : La Fiancée vendue et Le Baiser de Smetana, les Noces de Figaro de Mozart, mais aussi le Requiem de Verdi, Elijah, l'oratorio « biblique » de Mendelssohn, ou encore Brundibar, l'opéra pour enfants du compositeur tchèque Hans Krasa, chanté par les petites victimes avant leur départ vers « l'Est », une œuvre destinée à devenir le symbole de la vie musicale dans le camp.

Les œuvres laissées par les quinze compositeurs internés sont d'une extraordinaire qualité, et empreintes d'un intense lyrisme. Outre Krasa, dont le Brundibar fait l'objet de plusieurs versions discographiques, Viktor Ullmann, Pavel Haas et Gideon Klein se détachent particulièrement. Enregistrées aujourd'hui par les meilleurs interprètes, leurs œuvres - dont une partie seulement nous est parvenue - permettent de comprendre à quel point la Shoah est une tragédie non seulement humaine, mais culturelle : les chefs-d'œuvre laissés par ces jeunes gens assassinés auraient auguré, dans d'autres circonstances, de destins artistiques majeurs.

Il est permis de penser que les grandes révolutions musicales de la seconde moitié du 20e siècle, sans en être foncièrement bouleversées, auraient éprouvé leur empreinte et leur influence.
Gideon Klein était le plus jeune d'entre eux, et sa mort, considérée comme la plus grande perte de la musique tchèque. Né en 1919, pianiste virtuose, il donnait à Terezin de nombreux récitals, se servant de sa seule mémoire pour interpréter un vaste répertoire. Sa Sonate pour piano poursuit un atonalisme libre, un expressionisme, proches d'Alban Berg mais très personnels ; son Trio à cordes utilise des éléments folkloriques moraves, qui évoquent Janacek et Bartók.

Viktor Ullmann, ancien élève d'Arnold Schönberg, laissait plus librement cours à sa veine romantique. Sa rencontre avec l'enfer de Terezin devait raviver le sentiment de son identité juive : dans le camp, il compose des mélodies sur des textes hébraïques et yiddish. Parmi ses vingt-cinq (!) pièces écrites à Terezin, se détache l'opéra L'Empereur d'Atlantis, satire saisissante du totalitarisme, qu'il n'entendra jamais… Comme le raconte Alexander Goldscheider, Ullmann, craignant le pire, n'emportera pas ses œuvres avec lui lorsqu'il est déporté vers Auschwitz. Il laissera des instructions pour que ses partitions soient transmises secrètement de main en main. Grâce au courage de ses amis, ses œuvres lui survivront.

Quant à Pavel Haas, seules trois de ses pièces écrites à Terezin nous sont parvenues, dont les Quatre Chants sur des Poèmes Chinois, tour à tour désespérés et nostalgiques. Ils évoquent une terre natale, lointaine, que l'auteur languit de revoir un jour. Pour Haas, pas plus que pour Ullmann, Krasa, Klein et leurs compagnons de talent et d'infortune, cet espoir ne se réalisera.


Discographie sélective :

Pavel Haas : Quatuors à cordes, par le Quatuor Kocian. Praga Digitals, dist. Harmonia Mundi.

Music from the Holocaust : œuvres pour piano de Haas, Ullmann, Klein, Karel Berman, par Paul Orgel, disque Phoenix PHCD 161

Hans Krasa : Brundibar. Dir. Joza Karas. Channel Classics Records, collection Composers from Theresienstadt.

Viktor Ullmann: Symphonies n°1 et n°2, Six Lieder, Don Quixote Tanzt, Fandango. Dir. James Conlon, Capriccio 67017.

"La Shoah fut le fruit noir de l’antisémitisme"




Père Patrick Desbois
"Nous travaillons pour que le Monde sache qu’il y a eu des Hommes et des Femmes qui voulurent construire un Monde en éradiquant de la Terre le peuple du Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. La Shoah fut le fruit noir de l’antisémitisme."(Père Patrick Desbois)

"Je sais, depuis, que les morts dépendent entièrement de notre fidélité." (Guillaume Ribot, photographe)

"Depuis plus de 5 ans, l'association Yahad-in Unum - "Ensemble" en hébreu et en latin part en Biélorussie et en Ukraine pour rechercher les fosses communes des Juifs, des Tziganes fusillés entre 1941 et 1944 par les unités du II° Reich.

Les voisins ukrainiens et biélorusses des Juifs assassinés veulent parler avant de mourir.

Ils avaient été réquisitionnés par les nazis pour creuser les fosses, au petit matin, pour transporter les Juifs du village à la fosse en chariots, à cheval, pour combler les fosses alors que les Juifs ne sont bien souvent que blessés par les tirs, Yahad-in Unum a retrouvé plus de 850 sites d’extermination, la plupart étant inconnus, et établi les preuves balistiques, archivistiques, de mémoire orale, qui montrent sans aucun doute possible que des femmes, des enfants, des vieillards ont été fusillés en Ukraine et en Biélorussie, uniquement parce qu’ils étaient Juifs. A Bodgdanivka, la fosse contient plus de 42000 juifs. Plus de deux millions de juifs ont été tués comme des animaux et enterrés comme des animaux dans des fossés, derrière les églises, dans des parcs. C’était la Shoah par balles.

A l’Est de l’Europe la vérité de la Shoah réside dans la conscience des pauvres. Il y a une semaine j’étais en Biélorussie avec mon équipe. Ivan, 78 ans, raconte : Chaque fois que les nazis assassinaient des familles juives dans le Ghetto de Brest, nous, les prisonniers soviétique, étions forcés d’emballer dans des grandes caisses en bois les biens des juifs pour les vendre aux enchères sur le marché. Dans chaque caisse nous devions mettre une paire de chaussure, une robe, des bijoux, puis fermer la caisse. Après l’extermination totale du Ghetto, il a fallu faire venir plusieurs camions pour emmener les caisses des biens juifs au marché de la ville. Les pauvres gens de l’Est veulent aujourd’hui que nous sachions qu’un continent entier fût transformé en continent d’extermination. Hanna, tremblante, les yeux baissés murmure : Moi j’ai été forcée de marcher sur les corps des Juifs après chaque fusillade pour faire de la place dans la fosse. Puis ma classe de jeunes filles juives est arrivée. Ils ont tiré. J’ai du marché sur elles comme les autres. Nous avons retrouvé plus de 900 témoins ukrainiens ou biélorusses présents aux fusillades des juifs.

Pourquoi Yahad-in Unum sacrifie son énergie pour retrouver les fosses des Juifs tués dans la Shoah par balles ? Tout d’abord pour leur rendre dignité et qu’ils puissent enfin recevoir un Kaddish. Ils ont été tués comme des animaux et enterrés comme des bêtes. Aujourd’hui bien souvent, des maraudeurs ouvrent les fosses pour chercher l’or dentaire. Mais aussi parce qu’il y a aujourd’hui sur notre planète des individus et des groupes qui organisent une propagande pour prétendre que la Shoah n’a pas existée, que c’est un mensonge pour justifier la naissance d’Etat d’Israël. Le négationnisme n’est pas une position intellectuelle. Il n’y a pas de négationniste sans antisémitisme. Le négationnisme veut ôter de façon odieuse toute légitimité au peuple juif.

Certains négationnistes se prétendent catholiques, d’autres sont président de l’Iran, tous sont issus de la même lignée. Le négationnisme est un héritage d’Himmler et d’Heydrich qui en juillet 42 ont décidé de déterrer et brûler les corps des juifs fusillés dans l’opération secrète appelée 1005. L’opération 1005 était la maison mère des négationnistes. Ne l’oublions pas ! Le premier négationnisme était un négationnisme de brasiers.

Yahad-in Unum, ensemble nous ne travaillons par pour demain, mais pour après-demain lorsque les survivants seront rares parmi nous. Nous travaillons pour que le Monde sache qu’il y a eu des Hommes et de Femmes qui voulurent construire un Monde en éradiquant de la Terre le peuple du Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. La Shoah fut le fruit noir de l’antisémitisme.

L’antisémitisme est un péché contre Dieu et contre l’Humanité, répétait le pape Jean Paul II.

Malheureusement un péché ne meurt jamais. Beaucoup cherchent à ce que nos voix se taisent. Nous ne nous tairons pas, car le sang d’Olga, 4 ans fusillée à Simferopol, de Itzrik, 7 ans fusillé à Busk, d’Edip, 16 ans fusillé à Tarnopil. Le sang d’Abel assassiné par Caïn ne cesse de crier vers le Ciel.

Nous ne voulons pas, nous ne pouvons pas, condamner les Enfants assassinés dans la Shoah au silence, nous ne voulons pas, nous ne pouvons pas construire un monde moderne sur les milliers de fosses communes inconnues des juifs assassinés. Nous ne voulons pas, nous ne pouvons pas bâtir le monde en demandant à Abel de se taire."


Père Patrick Desbois
Discours prononcé lors du Yom Hashoah le 20 avril à Genève

Photo : D.R.
Source: CRIF

Guillaume Ribot, les yeux sur la Shoah

jeudi 23 avril 2009

Un Arabe parmi les Justes



Photo: DR , JPost
Par MORDECAI PALDIEL


Jusqu'à présent, Yad Vashem a refusé de récompenser le Tunisien Khaled Abdoul Wahhab et de l'honorer du titre de Juste, affirmant que son geste, tout méritant qu'il soit, n'avait pas été réalisé au péril de sa vie. Condition élémentaire pour la nomination de Justes depuis la création du musée de la Shoah, le principe de "au péril de sa vie a subi, au fil des années, diverses interprétations.

Comme l'avait fait remarquer le juge Moshé Bejski, président de la Commission pour la Désignation des Justes pendant 25 ans (de 1970 à 1995), ce critère n'impliquait pas que le sauveteur devait avoir le couteau sous la gorge quand il offrait son aide aux Juifs. Le seul fait de se placer en situation périlleuse ou d'être menacé constituait un risque (c'est d'ailleurs Bejski lui-même qui a initié à cette nuance).

L'exemple de Paul Héritier illustre bien cette situation. Résidant de Chamalières (dans la région de Clermont-Ferrand), il possédait aussi une maison de vacances à Chaumargeais, village situé à quelque 75 kilomètres, qu'il mit à la disposition d'André Chouraqui pour des opérations de résistance sous le régime de Vichy en 1942. Héritier ne vivait pas dans cette maison secondaire, visitait rarement la région, et n'était impliqué en aucune manière dans les activités de Chouraqui. Et pourtant, en 1991, il reçu le titre de Juste. Avec pour justification : bien qu'il n'ait pris aucun risque pour sa vie - les autorités vichystes n'imposant pas la peine de mort aux personnes secourant des Juifs - arrestation voire emprisonnement restaient toujours possibles. Donc, "risque" il y avait.

Nombreux sont les exemples d'hommes et de femmes qui ont porté, de diverses manières, assistance à des Juifs et que Yad Vashem a déclaré Justes même si les risques encourus, certes réels, ne menaçaient pas directement leurs vies. C'est le cas du pasteur André Trocmé qui a transformé le village français de Chambon-sur-Lignon en havre de paix pour des centaines (voire des milliers) de Juifs. Aux questions des gendarmes dépêchés sur place suite à une visite de Georges Lamirand, ministre dans le gouvernement de Vichy, il répondra simplement qu'il continuerait de protéger les Juifs fuyant le nazisme. Il sera emprisonné un certain temps puis libéré. En 1971, Yad Vashem lui a rendu hommage en l'honorant, lui et sa femme Magda, du titre de Juste.

Quant à Khaled Abdoul-Wahhab, il a conduit dans son minibus, après un couvre-feu, un groupe d'une vingtaine de Juifs depuis l'usine d'huile désaffectée de Mahdia (Tunisie) où ils étaient parqués, à sa résidence. Le petit groupe est resté cloîtré près d'un mois dans sa ferme, à 30 kilomètres de la ville, à l'abri de toute menace allemande. Des faits entièrement confirmés par deux de ses protégées, Annie Boukris et Edmée Masliah.

Lors de son témoignage, Annie Boukris s'est vue demander de but en blanc, si, selon elle Khaled Abdoul-Wahhab avait pris des risques en agissant ainsi. Elle a énergiquement affirmé qu'il aurait pu être tué. Peut-être exagérait-elle les risques, peut-être pas. Mais comment savoir, alors que les Allemands avaient les pleins pouvoirs et réduisaient la population juive à l'esclavage et au paupérisme, comme première étape de leur plan diabolique ?

Khaled Abdoul-Wahhab n'a-t-il pas mis en péril sa propre sécurité et son propre confort ? N'a-t-il pas risqué d'être interrogé, voire arrêté par les Allemands ? Le colonel SS Walter Rauff (l'inventeur des chambres à gaz en Pologne), affecté en Tunisie, n'a pas tardé à faire subir des sévisses aux dirigeants juifs, à envoyer des milliers de Juifs aux travaux forcés - où certains ont péri - et esquissait déjà des plans pour de futures déportations vers les camps de concentration (pour plus de détails, se référer à Michel Abitbol : Les Juifs d'Afrique du Nord sous Vichy). Quand Khaled Abdoul-Wahhab cachait ces deux familles dans sa propriété, il prenait le soin de leur faire enlever leur étoile chaque fois que des Allemands venaient de la base de la Croix-Rouge voisine, évitant ainsi tout risque pour ses protégés comme pour lui-même. Puis, les armées britannique et américaine ont rapidement vaincu les Allemands et la Tunisie sera libérée le 6 mai 1943. C'est donc sains et saufs que les Juifs d'Abdoul-Wahhab ont recouvré la liberté.

Paul Héritier, qui n'avait accueilli aucun Juif dans sa résidence secondaire, mais seulement autorisé une personne à l'occuper en son absence, a été reconnu comme Juste. S'il avait été arrêté, les autorités n'auraient jamais envisagé la peine de mort. En fait, sur aucun registre ne figure l'exécution d'un Français par le régime de Vichy pour avoir aidé ou même hébergé des Juifs. Et pourtant, on a refusé le titre de Juste à Abdoul-Wahhab. Non pas parce qu'il n'a pris aucun risque, mais parce que Yad Vashem a choisi d'appliquer pour la Tunisie les strictes conditions concernant les sauveteurs en Pologne. Et ils ont jugé que sa vie n'était nullement en danger.

Enfin, il est important de souligner que la Commission chargée de la désignation des Justes opère à deux niveaux : il existe trois sous-commissions qui traitent des affaires simples, claires et sans polémiques, et une commission plénière qui, elle, est affectée aux cas complexes pouvant être longuement débattus - à l'exemple de celui de Khaled Abdoul-Wahhab. Ainsi, pourquoi Yad Vashem n'a pas choisi de soumettre à cette dernière ce cas précis, à la lumière des nouvelles preuves apportées ? L'administration du musée a-t-elle préféré se réserver le droit de trancher elle-même sur le sujet, ignorant le rôle de la commission réservée à cet effet ?


L'auteur est l'ancien directeur du Département des Justes parmi les nations de Yad Vashem et enseigne actuellement à la Yeshiva University de New York.

mercredi 22 avril 2009

La route souillée de l'or nazi



Hélène Jaffiol

"Des dents, des alliances, des bijoux devenus lingots. A la libération des camps de la mort, le monde découvre avec horreur les traces d'un butin maculé de sang."

"Après la guerre, les lingots d'or marqués du sceau nazi trouvent des abris imprévus. En mai 2000, le sanctuaire catholique de Fátima confirme en avoir détenu, jusque dans les années 1980. Avant de les dépenser pour rénover ce lieu vénéré par de nombreux catholiques."

Secret soigneusement gardé jusque dans les années 1990, la route de l'or nazi met au jour une histoire souterraine à travers la Suisse, la péninsule ibérique, la Suède, la Turquie... et même la Chine.

Source: article repris du site du Jerusalem Post

"La partie visible d'un iceberg qui cache un sombre circuit à travers l'Europe. Le trésor noir du IIIe Reich a été entouré d'un épais voile de mystère avant que les premières révélations émergent timidement dans les années 1990. Des trains remplis de lingots d'or ont foulé les voies ferrées du Vieux continent.

Principale accusée : la Suisse, pierre angulaire d'un trafic qui implique tous les pays dits "neutres" : l'Espagne, le Portugal, la Suède, la Turquie...

Difficile de connaître l'origine d'un métal sur lequel le crime ne laisse aucune trace. Dans les caisses nazies : le trésor d'un pillage aveugle, les coffres-forts des pays vaincus mais aussi le maigre pécule arraché des valises à l'entrée des camps de la mort.

Un homme a la sinistre besogne d'en faire l'inventaire : Bruno Melmer. Officier SS et fonctionnaire méthodique, il appartient au service économique de la machine nazie.

Les effroyables listes de comptes de Belmer ont été mises au jour par les enquêteurs américains de la Division des Opérations spéciales (DOS). 29 colonnes qui détaillent l'inimaginable : "or dentaire", "bagues en or et en argent", "couteaux, fourchettes, bijoux", "montres", "sacs"... Un butin qui atteindrait les 40,5 millions de dollars actuels. Un calcul encore incomplet, selon les experts. D'autant plus que ces estimations ne prennent pas en compte le butin de l'opération Reinhard - l'extermination des Juifs de Pologne - soit 3,9 millions de dollars.

Sitôt sortis de l'enfer d'Auschwitz, Sobibor, Treblinka, les cargaisons de Belmer franchissent les portes grandes ouvertes de la Reichsbank, la banque nationale allemande. Première étape d'une route de l'or à travers toute l'Europe. Certaines destinations sont aujourd'hui connues, d'autres restent encore tapies dans l'ombre.

La Suisse : coffre-fort nazi
Le choix de la république helvétique répond à un calcul simple. A l'époque, le franc suisse assure le rôle d'unique devise encore convertible sur le marché mondial. Economie prospère, la Suisse assure aux nazis l'acquisition d'une monnaie forte, indispensable à son effort de guerre. Le pays "neutre" devient le quartier général des transactions nazies, le commandant d'un navire que les Helvètes ont choisi délibérément de maintenir à flot.

Selon la commission Bergier, mise en place dans les années 1990 pour faire la lumière sur ce passé trouble, plus de 2,5 milliards de dollars ont transité par la banque centrale suisse. Dont l'or désormais incolore des camps de la mort. La commission Bergier met en évidence un autre aspect troublant.

A partir de 1941, la Suisse sait parfaitement que les lingots nazis ne sont rien d'autre que de l'or volé. Pourtant, l'année suivante marque l'apogée des relations pécuniaires entre les deux pays. A partir de 1943, les Alliés multiplient les avertissements contre ce trafic lucratif. La Suisse tourne la tête et regarde ailleurs. La dernière transaction avec le régime nazi a lieu le 13 avril 1945. Face à ce réquisitoire, les arguments de défense paraissent bien faibles : "Nous étions neutres. Pourquoi accepter l'or allié et non pas celui des Allemands ?" Devant leur passé trouble, les banques helvètes se sont longtemps retranchées derrière une bonne foi de façade.

Portugal : de l'or dans le sanctuaire catholique de Fátima
L'or nazi ne s'est pas arrêté aux coffres-forts suisses. Il en a juste fait un abri douillet avant de poursuivre sa route vers d'autres contrées. L'Espagne et le Portugal ont largement profité des livraisons nazies.

Les deux pays de la péninsule ibérique possèdent, en effet, un autre métal précieux fortement convoité par les nazis : le Wolfram, miraculeux pour renforcer l'acier des engins de guerre allemands.

Wolfram contre or, le trafic est très lucratif en particulier pour la dictature de Salazar [photo]. Après Berne, Lisbonne aurait été le deuxième bénéficiaire du butin nazi. De 1939 à 1944, le Portugal aurait acheté ou échangé 164 tonnes d'or du IIIe Reich par l'intermédiaire de la Suisse.

Sur sa route, l'or portugais bénéficie de la bienveillance de Vichy qui offre ses wagons pour transporter ce butin clandestin. Centre névralgique du trafic ibérique : la gare espagnole de Canfranc encastrée dans la chaîne pyrénéenne.

Le sombre marché est connu dès 1946 par les services américains de la DOS. Un document, marqué top secret, l'atteste. Des responsables suisses qui ont suivi la route de 280 véhicules chargés d'or, vers le Portugal et l'Espagne entre 1943 et 1944, acceptent de témoigner contre une protection. Ceux qui se sont grassement enrichis sentent, en effet, le vent tourner.

Après la guerre, les lingots d'or marqués du sceau nazi trouvent des abris imprévus. En mai 2000, le sanctuaire catholique de Fátima confirme en avoir détenu, jusque dans les années 1980. Avant de les dépenser pour rénover ce lieu vénéré par de nombreux catholiques.

Lingots contre minerais de fer suédois
Le butin du IIIe Reich n'a pas seulement emprunté les routes du Sud. Les caisses nazies ont également foulé le sol d'un autre pays "neutre", la Suède. Le royaume nordique, connu pour son histoire pacifiste, est pourtant un réservoir de guerre grâce à ses minerais de fer. Le marché avec les nazis ne peut que prospérer : des lingots d'or contre des livraisons de fer, maillon infernal de la machine de guerre d'Adolf Hitler.

Un sujet longtemps tabou dans un pays qui ne veut surtout pas faire parler de lui. Des chercheurs ont pourtant déterré cet épisode sombre des archives nationales à la fin des années 1990. Entre 1939 et 1944, 34,5 tonnes d'or en provenance de Berlin ont rejoint les coffres-forts suédois.

Comme la Suisse et l'ensemble des pays "neutres", la Suède connaissait la macabre origine de l'argent allemand. Mais le royaume fait la sourde oreille aux mises en garde des Alliés.

Turquie : les bons comptes font les bons amis
La route de l'or a quadrillé le Vieux continent jusqu'à rejoindre Istanbul et les confins du Moyen-Orient. Le régime nazi a pu compter sur son ancien allié de 1914. Selon la Division des Opérations spéciales de Washington, près d'un million de dollars, issu des sombres comptes du SS Belmer, a rejoint le marché turc.

L'objectif des nazis : garantir aux banques allemandes un stock de devises étrangères et financer les opérations secrètes d'agents en Turquie. Des liens cousus d'or ont émaillé les relations entre les deux pays jusque dans les années 1960.

Comme le prouve un épisode peu glorieux dans une Allemagne alors coupée en deux. Le 29 mai 1965, un avion décolle d'Istanbul vers Cologne avec l'aval du gouvernement fédéral allemand. A son bord : trois caisses remplies de pièces d'or. La Dresdner Bank veut récupérer les restes de son trésor nazi mis à l'abri en Turquie durant la guerre. Un choix motivé à l'époque par l'appât du gain. Grâce à l'inflation, le prix de l'or était beaucoup plus élevé à Istanbul qu'à Berne. Longtemps après la chute du régime nazi, l'Allemagne ne se résout toujours pas à voir filer son or.

En plein contexte de Guerre froide, l'examen des consciences reste encore un chemin inexploré. Cet épisode monétaire, mené dans le plus grand secret, sera révélé par l'Institut Hannah-Arendt de Dresde, à la fin des années 1990.

Aujourd'hui encore, la cartographie de l'or nazi reste incomplète et parsemée de nombreuses zones d'ombres et de paradoxes.

Les nations, qui ont le plus profité de l'argent souillé du IIIe Reich, ont souvent aussi été des asiles pour les populations persécutées. La Suède a ainsi accueilli près de 7 000 Juifs danois. Plus de 30 000 autres ont trouvé refuge en Espagne.

Pendant ce temps, des lingots nazis auraient franchi les mers vers l'Argentine, le Canada ou même la Chine... Légende ou réalité, le mystère demeure. Il s'explique en partie par les nombreux errements alliés à la fin de la guerre. L'Europe meurtrie a préféré ne pas creuser profondément un puits sans fond. En septembre 1946, les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni mettent en place une "commission tripartite pour la restitution de l'or monétaire". Sa mission : dédommager les nations spoliées par les nazis.

En l'absence d'étiquette "Auschwitz" sur les lingots, la commission a fait le choix de se limiter aux avoirs nationaux pillés comme ceux de la France, des Pays-Bas ou de la Belgique. L'or des camps de la mort a, lui, pu continuer sa route..."

lundi 20 avril 2009

COMMEMORATION DE LA SHOAH


Les cérémonies marquant la Journée du souvenir de la Shoah, le génocide nazi qui a tué de six millions de juifs, ont débuté ce dimanche à Varsovie où des centaines de personnes ont participé à l'inauguration d'une exposition de photos datant de la révolte du ghetto.

Par ailleurs, des dizaines de délégations de jeunes du monde entier sont déjà présentes dans le pays pour participer à la traditionnelle Marche des Vivants qui aura lieu mardi entre Auschwitz et Birkenau.

Les lieux de divertissement seront fermés en Israël, depuis ce soir, 20 avril jusqu’au lendemain, tandis que des cérémonies seront organisées un peu partout dans le pays.

Mais c’est à Yad Vashem que se tiendra la traditionnelle cérémonie nationale en la mémoire des 6 millions de juifs assassinés.

Cette année, le theme central choisi par les responsables du mémorial sera ‘les enfants et l’Holocauste’.

Un million et demi d’enfants juifs ont été tués pendant la Shoah.

240 000 survivants de l'Holocauste vivent aujourd’hui dans l’Etat hébreu, selon une étude du Fonds d'Assistance sociale des survivants de la shoah.

dimanche 19 avril 2009

Sans la Shoah, les Juifs seraient environ 30 millions



Le nombre global de Juifs se situerait aujourd’hui entre 26 et 32 millions si la Shoah n’avait pas eu lieu, a révélé dimanche 19 avril l’Université Hébraïque de Jérusalem.

Dans un article à paraître prochainement dans une publication rattachée au mémorial de la Shoah de Jérusalem, Yad Vashem, le professeur Sergio DellaPergola, statisticien analyse les conséquences démographiques de l’Holocauste.

« L’Holocauste a porté un coup sévère au tissu démographique, culturel et social du peuple juif de plusieurs façons et avec des conséquences de long terme », écrit ainsi Sergio DellaPergola.

Les estimations du statisticien prennent en compte la destruction des réseaux socio-culturels, et ses effets sur les mariages et la natalité, ainsi que la croissance des mariages mixtes corrélée à la répression antisémite, tout comme les effets sur la natalité du déséquilibre homme / femme ainsi généré, et également de la mort de nombreux enfants.

La fourchette ainsi obtenue par le professeur quant au nombre de Juifs qui pourrait exister aujourd’hui varie entre 26 millions et 32 millions.

La population juive mondiale est actuellement estimée à 13 millions. Alors qu’en 1939 les Juifs comptaient pour environ 16 millions 500 mille personnes, en 1945 on évalue à 11 millions l’effectif juif mondial.

mercredi 8 avril 2009

Décès d’un rescapé du ghetto de Varsovie



C’est toute une époque qui s’en va avec le décès de David (Yorek) Plonski z”l, rescapé du ghetto de Varsovie, qui a survécu à la tourmente en se faisant passer pour un marchand de cigarettes. Il s’est éteint samedi en Israël à l’âge de 83 ans après avoir consacré toute son existence au souvenir de la Shoah, par des conférences et des témoignages qu’il communiquait surtout à la jeune génération.

L’histoire de sa vie a été relatée dans un livre écrit en 1962 en Israël. Profitant de son teint clair et de sa bonne connaissance du polonais, il a en effet été l’un des “trafiquants” introduisant des denrées alimentaires et des armes à l’intérieur du ghetto et a même pris une part active à la révolte. Il n’a pu échapper à la mort qu’en se cachant au moment critique dans une bouche d’égout.

David Plonsky est né à Varsovie, en Pologne, en 1926, et lorsqu’il était encore petit, sa famille s’est installée à Otwock, dans la banlieue de la ville. Quand la guerre a éclaté, David et sa sœur ont dû aider leurs parents à subvenir à leurs besoins en travaillant dans des marchés de la capitale polonaise. En 1940, lorsque les Juifs de Varsovie et des environs ont été parqués dans le ghetto, David, qui n’avait alors que 14 ans, a dû assumer seul la subsistance de sa famille, s’exposant quotidiennement à de terribles dangers lorsqu’il faisait passer de la nourriture pour les siens.

En 1942, la superficie du ghetto a été réduite par les nazis et le passage des marchandises est alors devenu encore plus périlleux. Mais David a poursuivi malgré tout ses activités. Arrivé un jour chez lui, il a vu ses parents qui empaquetaient quelques affaires, ayant été avertis de se préparer pour un voyage en train. Sa mère l’a alors supplié de s’enfuir, le poussant par la fenêtre. C’était la dernière fois qu’il voyait ses proches. En effet, tous les Juifs d’Otwock ont été massacrés le lendemain.

Resté seul, il a rencontré des partisans qui l’ont chargé notamment de faire rentrer clandestinement des armes dans le ghetto et de communiquer des renseignements. En 1943, le soir du Seder, les troupes nazies se sont approchées du ghetto et le lendemain, elles ont tenté de l’investir, se heurtant à une résistance hors du commun de la part des combattants juifs. Lorsque le ghetto a finalement brûlé, anéanti par les forces barbares, il a trouvé refuge dans un égout où il s’est caché pendant plusieurs mois.

Par la suite, il est passé de l’autre côté et s’est fait passer pour un Polonais. C’est là qu’il a rejoint un groupe de garçons qui vendaient des cigarettes.

Lorsque la Pologne a été libérée en 1944, le jeune David s’est rendu à Lublin puis après la fin de la guerre, il a rejoint le mouvement du Shomer Hatsaïr, à Lodz, pour aider à rechercher des orphelins juifs. En 1948, David est monté en Israël au moment de la guerre d’Indépendance et a immédiatement rejoint les zones de combat. Puis il a fait partie des fondateurs du Kibboutz Meggido et c’est là qu’il a rencontré sa femme Alexandra, qui était elle-même une rescapée de la Shoah. Ils se sont mariés et ont eu trois enfants. Malheureusement, une nouvelle épreuve devait frapper le couple qui a perdu un de ses fils, Eytan , tombé pendant la guerre de Kippour.

David Plonski a consacré toute sa vie au souvenir de la Shoah, en travaillant notamment au Centre de Guivat Haviva. Il a donné de nombreuses conférences aux jeunes sur le sujet et se déplaçait en Pologne avec des groupes pour leur apporter son témoignage personnel.

En 1993, il avait accompagné le Premier ministre de l’époque Itshak Rabin, à l’occasion du cinquantième anniversaire de la Révolte du Ghetto de Varsovie. Pour lui, il s’agissait d’une mission sacrée. Et en 2003, il a allumé un des flambeaux du Jour du Souvenir de la Shoah et de la Bravoure à Yad Vashem.

Ses obsèques auront lieu lundi, à 16 heures, au cimetière du Kibboutz Meggido. Le cortège sortira du Gan Eytan, du nom de son fils tué au combat.

par Claire Dana-Picard
arouts sheva

Une expo pour réactiver le souvenir des Juifs morts dans les camps



Claudine Germé et les bénévoles de la LICRA ont réalisé une installation autour du quotidien des Juifs pendant la guerre.
À découvrir à la mairie de Malo-les-Bains jusqu'au 17 avril, une exposition sur la Shoah et le destin des Juifs dunkerquois. À la partie informative réalisée en collaboration avec le Mémorial de la Shoah de Paris, succède une installation à base d'objets du quotidien d'avant-guerre. Pour se souvenir des Dunkerquois morts en déportation parce qu'ils étaient juifs.

Shoah ? ça veut dire « catrastrophe » en hébreu. Pour Claudine Germé, membre de la LICRA, qui a réalisé un diaporama et une installation sur la communauté juive à Dunkerque entre le Moyen-Âge et la Seconde Guerre mondiale, le mot est faible. « Six millions d'âmes retranchées à l'humanité ! Le monde ne serait pas ce qu'il est si ces gens n'avaient pas disparu. Parmi eux, combien d'artistes, combien d'inventeurs ?
» Depuis septembre, elle mène des recherches sur les Juifs dunkerquois déportés dans les camps pendant la guerre. S'appuyant sur les travaux de Jean-Marc Alcalay, membre de la LICRA et historien amateur, elle en a recensé 33, âgés de 6 à 70 ans, morts entre 1940 et 1943 à Auschwitz ou Sobibor. Ils n'ont pas été déportés depuis Dunkerque, évacuée en 1940. Mais ils étaient Dunkerquois. « La communauté a failli disparaître parce qu'ils étaient peu nombreux, mais ils ne doivent pas tomber dans l'oubli. S'il a pu y avoir 6 millions de morts juifs, c'est parce que des petites villes ont donné 5, 10, 20 ou 100 personnes. À Dunkerque, les décrets du Reich comme le port de l'étoile jaune étaient en vigueur comme ailleurs. » Et le nom de la ville est gravé dans les murs du Yad Vashem, le mémorial de l'Holocauste à Jérusalem.
Claudine Germé, qui avait déjà, l'an passé, réalisé des recherches sur la traite négrière à Dunkerque, se bat pour que ce travail de mémoire soit présenté et transmis aux jeunes générations. Mais s'insurge contre le peu de moyens accordés par les collectivités locales pour ce devoir de mémoire, « pourtant si politique ».
Système D
Pour cette exposition présentée à la mairie de Malo-les-Bains, l'association a dû recourir au système D. Pour l'installation, un brocanteur de Coudekerque-Branche, Marc Lenoire, a accepté de prêter gracieusement des meubles de son magasin. L'ordinateur qui diffuse le diaporama a été prêté par un fabricant. Mais les panneaux explicatifs fournis par le Mémorial de la Shoah sont très complets. Et l'exposition vaut le détour, à quelques semaines de la journée nationale de commémoration de la déportation, le 26 avril. • E. J.
> L'exposition est visible jusqu'au 17 avril à la mairie de Malo, tous les jours de 14 h à 18 h, sauf dimanche 12 et lundi 13.

La Voix du Nord