Par Sylviane Cuartero
pour Guysen International News
Paris, le 16 juillet 1942 Durant la seconde guerre mondiale La police française arrête les Familles juives : pères, mères et Enfants. Lazare Pyrkowicz, 14 ans Est emmené lui aussi avec ses parents Et sa sœur. Ils se retrouvent avec des Milliers de personnes au stade du Vel d’Hiv Entassés dans des conditions épouvantables…
La ronde de l’année poursuit sa course, et avec elle des dates, des évènements, des souffrances et des fêtes… et au début du mois de juillet, toute la France est en effervescence pour la préparation de sa fête nationale du 14 juillet. Villes et villages de France se préparent pour cette journée de grande réjouissance nationale. Mais en cette période, mon cœur se remplit de tristesse car les dates des 16 et 17 juillet sont gravées à jamais dans ma mémoire.
PARIS – 16 et 17 juillet 1942
LA RAFLE DU VEL D’ HIV
Ils nous arrachaient de nos demeures
Ils nous chassaient de notre propre seuil.
Ils ont défoncé les portes,
Ils sont entrés de toute force, à toute force
Dans les maisons juives fermées.
Ils tenaient au poing leur gourdin levé
Ils nous ont cherché, ils nous ont frappés
Chassant sur les chemins jeunes et vieux
dans la rue.
Ils nous ont tous bannis de nos foyers, et pourtant
Ils cherchaient encore le dernier vêtement
Au fond de l’armoire, le dernier grain de kacha,
L’ultime miette de pain !
La rue est morte dans un grand tumulte,
Dans un vaste cri.
La rue, elle paraît vide et pourtant,
Ils cherchaient encore.
Et d’aucuns se taisaient ! !
Oh, les silencieux, ceux qui ne disent rien !
Ils crient plus haut encore en vérité.
Ils regardent alentours, ah, leur seul regard !
Est-ce un cauchemar, dites-moi ou la réalité ?
Itzhark KATZENELSON
Alors que le peuple Juif se croyait en sécurité en France (c’est pour cela que de nombreux Juifs d’Europe de l’Est avaient choisi la France comme pays d’accueil), une monstrueuse rafle fut opérée à Paris et dans toute sa banlieue. C’est la rafle du VELODROME D’HIVER, la grande rafle, la rafle du VEL D’HIV.
Bien que ce « sujet » ne soit guère populaire, je ne peux m’empêcher d’en parler. J’ai conscience que tous les témoignages et articles parlant de la rafle sont insupportables, intolérables. Mais il me serait plus insupportable encore de me taire. Ces dates des 16 et 17 juillet ne doivent pas être oubliées. Le Peuple Juif a toujours été victime de la haine, du mépris, de jalousies, de préjugés honteux et ignobles, de la méchanceté et de la cruauté la plus vile.
Il faut regarder la vérité en face en reconnaissant la grande responsabilité de la France, en collaboration avec l’Allemagne qui n’aurait pas pu agir seule. Il faut affronter le passé pour espérer pouvoir changer l’avenir. On connaît maintenant l’initiative purement française dans la mise en place de sa politique anti-juive et dans l’élaboration par le gouvernement de Vichy de son statut des Juifs (lois du 3 octobre 1940).
Si certains ont pu prétendre que le gouvernement français avait cédé aux exigences allemandes, cette thèse est aujourd’hui largement dépassée. L’examen minutieux des archives laissées à Paris et à Berlin, a permis de ne déceler aucune trace d’instructions qui auraient été données à Vichy par les Allemands en 1940 pour lui faire adopter une législation antisémite. Les mesures anti-juives de l’Etat français sont issues d’une volonté française. Le directeur de cabinet du Maréchal Pétain témoigne que l’Allemagne ne fut pas à l’origine de la législation anti-juive de Vichy.
On peut se poser la question de savoir s’il n’y avait pas certains buts communs aux Français et aux Allemands. 60 ans après les évènements, nous constatons que le parcours suivi par l’Allemagne nazi sur la manière de résoudre la « question Juive » en France, peut se résumer de la façon suivante :
- définir
- recenser
- exclure
- spolier
- regrouper
- exterminer
En participant de manière active aux cinq premières étapes de cet engrenage, le gouvernement de l’Etat Français a contribué de façon active à parachever un processus engagé par les Allemands.
Jamais les 200 000 français et les 140 000 étrangers d’origine Juive vivant en France au début des années quarante n’auraient pu imaginer que le gouvernement de Vichy mis en place pour administrer la France sous le contrôle des nazis, anticiperait, préparerait et renforcerait bien souvent les mesures anti-juives.
Tous pensaient que la France resterait pour eux le pays de la liberté et des droits de l’homme, l’endroit où l’on pouvait enfin espérer être heureux.
Recensés, puis dépouillés de leurs biens en septembre quarante, exclus de leurs professions et donc réduits à la misère un mois plus tard, les Juifs de France furent marqués de l’étoile jaune à partir de mai 1942, environ un mois et demi avant la « grande rafle ».
Raflés par la police française dès 1941 et surtout à partir de la rafle du Vel d’Hiv de juillet 1942. 80 000 personnes vinrent ainsi remplir les nombreux camps d’internement français, gardés par des français et victimes de la cruauté de leurs geôliers. Ces camps, servaient tous d’antichambres de la mort.
Je me suis rendue en juin 2002 à la Communauté Evangélique de Darmstadt en Allemagne. Les sœurs de cette communauté ont sur le cœur un fardeau de culpabilité qui ne les quitte pas.
J’ai été très émue par les paroles que sœur PISTA a déclarées le jour de Yom Hashoah à Jérusalem. Chacun de ses mots pénétrait dans mon cœur car chacun de ses mots était conduit par un amour incommensurable et une sincérité de repentance bouleversante. J’ai d’ailleurs dit à la Communauté que l’Allemagne n’était pas la seule coupable et qu’en tant que française, je ressentais que notre nation devait aussi confesser cette culpabilité envers le Peuple Juif, cesser de la cacher et reconnaître que l’Allemagne n’aurait pas pu agir sans sa collaboration.
Sœur Pista – Yom Hashoah à Jérusalem
En tant qu’Allemands, nous avons plus de raisons que quiconque de confesser nos péchés et ceux de notre peuple. Nous ne pouvons pas fuir notre passé. Notre culpabilité nationale est si grande que, même si nous faisions des cultes de repentance pour le reste de nos vies, ils ne suffiraient jamais pour les six millions qui sont morts de façon terrible.
Une fois, quelqu’un a dit quelque chose de bien simple, mais qui a touché mon cœur et que je ne peux oublier : « Si seulement j’avais six millions de larmes pour pleurer ce crime… Et pourtant ce ne serait qu’une seule larme pour chacun de ceux qui ont péri dans la shoah !
Pouvons-nous , Allemands continuer vraiment à marcher sous un ciel ouvert dans notre patrie, le jour sous le soleil et la nuit sous les étoiles en jouissant de cela sans avoir des sentiments de honte ? Ne devrions-nous pas nous rappeler sans cesse, que sous ce même ciel au milieu de notre peuple, jour et nuit, des flammes gigantesques ont monté des corps brûlants de millions de personnes ? Ces flammes n’étaient-elles pas comme un cri de désespoir et comme un doigt d’accusation ? En effet, le soleil ayant vu ces crimes devrait voiler ses rayons et les étoiles refuser de briller.
Mais ce n’était pas seulement le soleil, les étoiles et le ciel qui l’ont vu. Le cœur de D-ieu le Père, a du en être témoin. Quelle affliction inimaginable doit-Il avoir subi lorsqu’Il a regardé et vu les horreurs des camps de concentration, toutes ces personnes désespérées qui étaient Ses créatures, Ses enfants et membres de Son peuple élu et bien-aimé !
Emmanuel LEVINAS :
« Cette destruction rend impossible et odieuse tout propos et toute pensée qui l’expliqueraient par les péchés de ceux qui ont souffert ou sont morts. »
Lorsque les lois discriminatoires de Vichy à l’encontre des Juifs ont été promulguées, il faut savoir que le « terrain » avait été préparé des années auparavant pour alimenter des haines fondées sur des préjugés, le tout par des propagandes grotesques visant à faire croire que le Juif représentait une menace mondiale (le péril Juif). Tout ce venin honteux et immonde s’est infiltré au fil des années dans les mentalités, préparant ainsi la funeste tragédie des années quarante.
La RAFLE DU VEL D’HIV est une bien triste et lamentable date du calendrier français. Les 16 et 17 juillet 1942, la « grande rafle » fut opérée dans tout Paris et sa banlieue. Quelle ironie, juste après la grande fête nationale où les foules sont en liesse et se réjouissent ! Eh bien, sachez que la date initialement prévue par LAVAL pour la rafle était le 13 juillet 1942. Mais, le 10 juillet, on s’aperçoit que la date du 13 a « l’inconvénient » d’être la veille de la fête nationale, et on décide de reporter la rafle au 16, pour ne pas « gâcher » les festivités !
Et à l’aube du 16 juillet 1942, dans toute la capitale et ses environs, c’est l’horreur, la honte et la désolation…
Témoignages :
« La nouvelle se répandit comme une traînée de poudre et un sauve-qui-peut général s’ensuivit. Tous ceux qui le pouvaient s’enfuyaient à peine vêtus, et cherchant asile chez des voisins français, chez des concierges, dans des caves ou des greniers. Là où les portes ont été ouvertes ou parfois forcées, on vit se produire des scènes déchirantes. . Des femmes s’évanouissaient, des enfants hurlaient et présentaient même des chocs nerveux d’une violence inouïe. Dans leur désespoir, beaucoup de ces persécutés ont eu recours au suicide. Une mère a jeté ses quatre enfants par la fenêtre d’un 4ème étage, puis s’est précipitée pendant qu’on forçait sa porte. Une petite fille de 10 ans a sauté du 3ème étage, affolée. Mais c’est surtout la razzia des enfants qu’il faut souligner. C’est à partir de 2 ans que les enfants ont été considérés comme aptes pour les camps de concentration. Dans plusieurs cas, en l’absence des parents, on a pris des enfants de 6, 10, 12 ans… Les cris et les pleurs remplissaient les rues. Les voisins, les passants, ne pouvaient s’empêcher de pleurer… »
Au cours de cette monstrueuse rafle,12 884 arrestations ont été comptabilisées. 7 000 personnes, parmi lesquelles plus de 4 000 petits enfants, ont été conduites, entassées dans les autobus parisiens au Vélodrome d’Hiver où elles furent enfermées pendant cinq jours.
Témoignage d’une infirmière de la Croix-Rouge
J’ai assuré le service en qualité d’infirmière de la CRF au Vélodrome d’Hiver les 16, 17, 18, 19 juillet 1942, de jour et de nuit, sans médecins sauf ceux qui faisaient partie des Juifs expulsés (comme on les appelait). Il n’y avait pas de médicaments ni d’appareil médical. Le service policier était assuré par de nombreux gardes mobiles français qui étaient commandés par des Allemands en civil. Travail très actif pour nous infirmières, mais horriblement triste et douloureux car nous manquions du nécessaire, et ne pouvions guère que soutenir le moral de tous ces homme, femmes et enfants arrêtés à leur domicile, dans la rue et même dans les hôpitaux où ils étaient en traitement. Aucune installation sanitaire, pas de lavabos ni de WC. L’eau était coupée et nous étions obligées d’aller chercher de l’eau dans des brocs pour étancher leur soif… Aucune nourriture sauf la soupe envoyée par la Croix Rouge, mais en toute petite quantité pour en donner à tous. Atmosphère étouffante et nauséabonde, crises de nerfs, hurlements, pleurs des enfants et même des grandes personnes qui étaient à bout de forces physiques et morales, plusieurs fous qui semaient la panique, tout pêle-mêle sans possibilité de couchage, aucun matelas, et entassés les uns sur les autres. Beaucoup de malades contagieux surtout parmi les enfants. Ces derniers étaient mis à même le sol dans les loges qui entouraient la piste centrale, par catégorie de maladies, et emmenés tous les soirs, mais nous n’avons jamais connu quelle était la destination, ni le sort qui leur était réservé.
Benjamin FONDANE
Vous n’avez pas connu les désastres de l’aube, les wagons à bestiaux, et le sanglot amer de l’humiliation, accusés d’un délit que vous n’avez pas fait, du crime d’exister, changeant de nom et de visage pour ne pas emporter un nom qu’on a hué, un visage qui a servi à tout le monde de crachoir !
Jean-Claude MOSCOVICI
Rescapé du camp de Drancy
Beaucoup d’enfants pleuraient. La plupart d’entre eux n’avaient plus leurs parents et étaient seuls. Il en était ainsi de presque tous les enfants qui étaient internés, comme les 4 000 qui en deux semaines, sur l’initiative du gouvernement français de Vichy, et en particulier de son président Pierre LAVAL, étaient arrivés avant nous, arrachés à leurs parents simplement parce qu’ils étaient Juifs.
Georges WELLERS
Ancien interné de Drancy
Témoin de l’arrivée des enfants
Arrêtés lors de la rafle du Vel d’Hiv
Dans la deuxième moitié d’août 1942, on amène à Drancy 4000 enfants sans parents. Ils étaient âgés de 2 à 12 ans. On les déchargea des autobus comme des petites bestioles. Aussitôt, les plus grands prenaient par la main les tout petits et ne les lâchaient plus pendant le court voyage vers leurs chambrées. Dans l’escalier, les plus grands prenaient sur leurs bras les plus petits et essoufflés, les montaient au quatrième étage. Là, ils restaient les uns à côté des autres comme un petit troupeau apeuré, hésitant longtemps avant de s’asseoir sur les matelas d’une saleté repoussante. Les enfants se trouvaient par 100 dans les chambrées. On leur mettait des seaux hygiéniques sur le palier puisque nombre d’entre eux ne pouvaient descendre le long et incommode escalier pour aller aux cabinets. Les petits, incapables d’aller tout seuls attendaient avec désespoir l’aide d’une femme volontaire ou d’un autre enfant. C’était l’époque de la soupe aux choux à Drancy. Très rapidement tous les enfants souffrirent d’une terrible diarrhée. Ils salissaient leurs vêtements, ils salissaient leurs matelas sur lesquels ils passaient jour et nuit. Chaque nuit, de l’autre côté du camp, on entendait sans interruption les pleurs des enfants désespérés, et de temps en temps les appels et les cris des enfants qui ne se possédaient plus. Ils ne restèrent pas longtemps à Drancy. Deux ou trois jours après leur arrivée, la moitié des enfants quittait le camp en déportation avec 500 grandes personnes étrangères. Deux jours plus tard, c’était le tour de la deuxième moitié. Le jour de la déportation, les enfants étaient réveillés à 5 heures du matin, et on les habillait dans la demi obscurité. Il faisait souvent frais à 5 heures du matin, mais presque tous les enfants descendaient dans la cour légèrement vêtus. Réveillés brusquement dans la nuit, morts de sommeil, les petits commençaient à pleurer, et peu à peu les autres les imitaient. Ils ne voulaient pas descendre dans la cour, se débattaient, ne se laissaient pas habiller. Il arrivait parfois que toute une chambrée de 100 enfants, prise de panique et d’affolement invincibles, n’écoutait plus les paroles d’apaisement des grandes personnes, incapables de les faire descendre. Alors, on appelait les gendarmes qui descendaient sur leurs bras des enfants hurlant de terreur.
Francine CHRISTOPHE
Internée au camp de Drancy à l’âge de 8 ans
Oh les troupeaux d’enfants qui défilent le crâne rasé, les joues creuses, en haillons, de temps en temps attachés par des ficelles les uns aux autres. Généralement enfants Juifs d’Europe Centrale, automatiquement séparés de leurs parents et maltraités jusque dans leur pays de refuge. Les plus petits marchent à peine, les plus grands douze ou treize ans peut-être, les aident. Des troupeaux de vingt, trente, cinquante, cent enfants. Nous leur demandons leurs noms, leurs âges et il ne répondent pas. Chiens battus, hébétés, ils ont tout oublié. Les troupeaux de moutons dans les prairies, ça batifole un peu, les troupeaux de vaches dans les chemins campagnards, ça s’arrête pour attraper un brin d’herbe. Les troupeaux d’enfants Juifs dans les camps, ça n’a plus d’âme, ça avance tout droit, les yeux vagues, lents et morts déjà. Ah maman, je n’en peux plus de voir ça. Je me jette dans ses bras, je m’accroche à elle du plus fort que je peux comme ces petits ont du s’accrocher à leurs mères quand on les leur a prises. J’en ai vu qui ont les bras griffés parce qu’elles ont du se cramponner jusqu’à les retenir avec leurs ongles.
J’ai voulu me rendre en août 2002 au Vélodrome d’Hiver. Je savais qu’il se trouvait près de la Tour Eiffel, et je me suis rendue à la station de métro la plus proche. Là, j’appris avec stupéfaction qu’il avait été rasé, je n’en savais même rien, et qu’à sa place, on y avait construit le Ministère de l’Intérieur ! Je pris la direction qu’on m’indiquait, et je reconnus les grands pylônes du métro aérien que j’avais vus dans des films relatant le « Vel d’Hiv ». Ma gorge se noua et une violente émotion m’étreignit. J’aperçus deux grandes étoiles de David, et je m’approchai très émue. Il restait seulement une toute petite esplanade d’herbe qui rappelait ce lieu, avec les deux étoiles de David composées de fleurs, quelques plaques avec des inscriptions, et juste derrière, sur le lieu même de l’ancien vélodrome d’Hiver, un immense bâtiment moderne à plusieurs étages : le Ministère de l’Intérieur.. J’ai ressenti à ce moment des sentiments d’impuissance et de colère, mêlés d’une tristesse infinie. Quelle aberration, quelle « ironie du sort » quand on pense que des lettres et décrets émanant du Ministère de l’Intérieur, des préfectures et des commissariats de police dans les années quarante, ont contribué activement à la mise en place des lois antisémites et de l’organisation de la rafle du Vel d’Hiv !
Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste
Tout est vanité !
J’ai encore vu sous le soleil
Qu’au lieu établi pour juger
Il y a de la méchanceté,
Et qu’au lieu établi pour la justice
Il y a de la méchanceté.
J’ai dit en mon cœur :
D-ieu jugera le juste et le méchant.
Ecclésiaste 3 V 16
Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste,
Tout est vanité !
J’ai considéré ensuite toutes les oppressions
Qui se commettent sous le soleil.
Et voici, les opprimés sont dans les larmes
Et personne ne les console !
Ils sont en butte à la violence
De leurs oppresseurs,
Et personne ne les console !
Ecclésiaste 4 V 1
« Malencontreux hasard » ou « ironie du sort » aussi, lorsqu’à mon retour de Drancy, j’appris avec stupeur qu’au Vélodrome d’Hiver, trois grandes « campagnes d’évangélisation », les deux premières avec Billy Graham, se déroulèrent en ce lieu en 1955, 1957, et 1958, avec des milliers de participants qui, apparemment, ignoraient complètement ce qui s’y était passé en juillet 1942 ! Cette information m’a laissée complètement abasourdie et cela m’a fait mal, très mal, car j’imaginais le désespoir, la désillusion, le sentiment d’abandon, de rejet et d’incompréhension qu’ont pu ressentir les Juifs qui passaient devant le Vélodrome d’Hiver pendant ces « campagnes » !
Vous qui avez pleuré deux mille ans
Un qui a agonisé trois jours et trois nuits.
Quelles larmes aurez-vous
Pour ceux qui ont agonisé
Beaucoup plus de trois cents nuits
Et beaucoup plus de trois cents jours ?
Combien pleurerez-vous
Ceux-là qui ont agonisé tant d’agonies
Et ils étaient innombrables
Et ils savaient que vous ne pleureriez pas
Charlotte Delbo - Auschwitz
Tous les ans, le dimanche qui suit la date anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv, une journée du souvenir se déroule à Paris, mais aussi dans toutes les villes de France. Pour cette année 2008, c’est le dimanche 20 juillet.
Ces journées du souvenir et de la mémoire sont très éprouvantes pour le Peuple Juif, mais je souhaite du fond du cœur que de plus en plus d’amis, au fil des années, viennent s’ajouter afin d’apporter par leur présence soutien et réconfort.
Aimer signifie partager les joies mais aussi les larmes, et porter avec ceux qui souffrent l’insupportable. Il n’est pas juste que le Peuple Juif, victime de tant et tant de souffrances, porte seul le poids énorme du souvenir et de la mémoire.
Souviens-toi
N’oublie pas !
Souvenez-vous non pour haïr ou pour entretenir
de vieilles querelles, mais pour être vigilants,
pour dénoncer et poursuivre toute résurgence
de racisme et d’antisémitisme.
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