Avec l’administration Bush se prélassant désormais heureusement dans la gloire d’une couverture positive par le ‘New York Times’, et jouissant de la chaude adhésion de l’aile James Baker / Brent Scowcroft du Parti Républicain, il est difficile d’imaginer qu’elle va reconsidérer sa décision d’abandonner la doctrine Bush. Cette doctrine, baptisée par le Président George W. Bush et énoncée très énergiquement par lui-même, rejetait la conciliation du soutien au terrorisme, et la prolifération des armes de destruction massive chez les ennemis du monde libre.
Aujourd’hui, ce que la Secrétaire d’Etat Condoleezza Rice qualifie « d’initiative diplomatique » destinée à se concilier le soutien au terrorisme, et la prolifération des armes de destruction massive en Iran, son soutien à la terreur, et la prolifération d’armes de destruction massive de sa colonie syrienne, va commencer à Bagdad. De même, cette semaine, les USA ont commencé de normaliser leurs relations avec le soutien au terrorisme, la prolifération des armes de destruction massive de la dictature stalinienne de Pyongyang.
Les opposants traditionnels de Bush jubilent.
Sans considérer la Corée du Nord, ces opposants remarquent vite qu’il y a toujours eu une grande incertitude sur le niveau auquel Kim Jong Il avait avancé son programme illicite d’enrichissement de l’uranium. Concernant l’Iran, dans un entretien avec le ‘Times’, l’ancien représentant au Congrès Lee Hamilton a prévenu que l’administration Bush ferait mieux de ne pas croire que les négociations avec les mollahs conduirait quelque part rapidement.
Comme l’expliquait le co-président du « Groupe d’Etude de l’Irak Baker Hamilton », qui en novembre dernier appelait le Président à se concilier Téhéran et Damas en obligeant Israël à restituer les Hauteurs du Golan et la Judée et la Samarie, des négociations avec les mollahs doivent être ouvertes. Selon ses termes : « Vous ne pouvez pas attendre des miracles dans ce cas. Il y faut un effort soutenu. Le succès de la diplomatie exige une préparation très soigneuse et un suivi approfondi ».
De son côté, le partenaire de Hamilton, l’ancien Secrétaire d’Etat James Baker a déclaré de façon extatique dans la nuit de mardi : « L’Amérique doit être prête à parler avec nos ennemis ».
Ce qui manque aussi du reportage des médias sur la volte-face stratégique de l’administration Bush, et des louanges des détracteurs traditionnels de l’administration pour ce virage soudain, c’est une analyse de l’inconvénient probable se concilier les mollahs. Par exemple, mercredi le ‘Times’ a publié un reportage sur la Corée du Nord sous le titre : « Les USA concèdent l’incertitude sur la recherche d’uranium de la Corée du Nord ».
La portée de l’article, fondé sur des entretiens avec des sources de l’administration, était que, alors que l’engagement de la Corée de Nord dans l’acquisition d’armes nucléaires n’a jamais été mise en doute, à aucun moment les USA n’ont eu une certaine connaissance de ses capacités réelles. A la lumière de l’incertitude liée aux capacités de Pyongyang, l’administration Bush avait tort - gloussèrent les sources du ‘Times’ - de l’avoir confrontée à leurs intentions.
De la même manière, ceux qui applaudissent à la décision de l’administration d’engager la discussion avec les mollahs recherchant des armes nucléaires à Téhéran, mettent en avant que l’administration aurait tort de se confronter à Téhéran du fait de son intention déclarée « d’effacer Israël de la carte », et de faire advenir « un monde sans Amérique », puisque les services de renseignements américains sont incapables d’apporter une information sans équivoque concernant l’état du programme d’armes nucléaires d e l’Iran.
Il y a clairement quelque chose de travers dans cette analyse. Si ce qui ne fait aucun doute est l’engagement de l’Iran dans l’acquisition d’armes nucléaires, plutôt que de fonder sa stratégie politique sur le scénario du « meilleur des cas » concernant les capacités inconnues de l’Iran, les USA et leurs alliés devraient fonder leurs stratégies sur le calcul de risques qu’un Iran doté de l’arme nucléaire constituerait pour la sécurité mondiale.
Au sens large, il y a trois scénarios possibles sur la façon probable dont l’Iran se comporterait si elle devenait une puissance nucléaire. Selon le scénario le plus optimiste, l’Iran n’attaquerait pas Israël ou tout autre pays avec son arsenal atomique, mais l’utiliserait plutôt comme instrument d’influence régionale et internationale. Selon ce scénario, l’Iran récolterait un avantage économique de son statut nucléaire en menaçant le transport par mer du pétrole dans le Golfe persique, et ferait ainsi grimper les prix du pétrole et du gaz dans le monde. Une désorganisation économique massive pour les pays consommateurs de pétrole s’ensuivrait sans aucun doute. Dans cet occurrence, toutes les sanctions économiques internationales contre l’Iran disparaîtraient, et des Etats commencerait à se battre les uns contre les autres pour le droit à développer les champs de pétrole et de gaz iraniens, et ses capacités de raffinage.
Opérant sous le parapluie nucléaire iranien, des groupes terroristes comme le Hezbollah et al Qaïda se sentiraient libres d’attaquer à leur gré à travers le monde. La fraction du terrorisme - aussi bien de la variété organisée que de celle du loup isolé - augmenterait exponentiellement à travers le monde.
Régionalement, l’Iran travaillerait à exporter sa révolution shiite khomeiniste. Elle augmenterait son interférence aussi bien avec l’Irak et l’Afghanistan, et neutraliserait et vaincrait ainsi la coalition et les efforts de l’OTAN dans la stabilisation de ces pays.
De même pour l’Arabie, il demeure peu de doute que l’Iran chercherait à fomenter un soulèvement des shiites saoudiens qui se trouvent vivre comme minorité opprimée sur les champs pétroliers saoudiens.
L’objectif du Hezbollah de renverser le gouvernement de Siniora au Liban recevrait une assistance iranienne sans précédent, qui conduirait probablement à la prise de contrôle du pays par les shiites. De même, sous le parapluie nucléaire iranien, le terrorisme palestinien contre Israël, et l’aventurisme syrien contre Israël augmenteraient en flèche. Les régimes en Egypte et en Jordanie, de même qu’en Arabie saoudite, seraient plongés dans le chaos, l’insurrection et la guerre, comme eux-mêmes sont entrés dans une course aux armes nucléaires dont leurs semblables dans le monde n’ont jamais été les témoins.
Dans un scénario modéré, non seulement tous les évènements probables dans le meilleur scénario surviendraient, mais l’Iran ferait aussi un usage indirect de son arsenal nucléaire. Dans ce cas, l’Iran utiliserait probablement l’un de ses mandataires du terrorisme existant dans le Sinaï, à Gaza, ou au Liban ; ou bien inventerait un nouveau groupe de terrorisme dans l’une, ou toutes ces zones. L’Iran transfèrerait une ou plusieurs armes nucléaires à ses groupes terroristes de choix, qui attaqueraient alors Israël et provoqueraient un second Holocauste en soixante-dix ans. L’Iran nierait toute liaison avec l’attaque, tout en faisant parvenir de grandes félicitations à ses auteurs.
Alors que les dirigeants de l’Iran, depuis l’ayatollah Ali Khamenei jusqu’en bas, ont exprimé leur acceptation volontaire de subir une seconde frappe nucléaire israélienne, si l’on juge de la manière dont les élites politiques occidentales traitent l’Iran aujourd’hui, les Iraniens peuvent s’attendre à ce qu’il existe une raison pour eux de pouvoir effacer Israël de la carte sans payer le prix de l’agression, que ce soit pour la destruction d’Israël ou celle des USA.
Le ‘New York Times’ va sûrement noter qu’il n’y a aucune certitude absolue que l’Iran soit derrière cette attaque. Même la plus minuscule négation iranienne, ou de vagues allégations contre des pays comme le Pakistan ou la Russie, ou des scientifiques « voyous » de l’ancienne Union Soviétique, ou du Pakistan, seront sûrement saisies comme justification de ne pas répondre à l’attaque.
Israël, dira-t-on, l’avait en vue quoiqu’il en soit, parce qu’il refusait de négocier avec les « militants » du Hamas », préférant au lieu de cela maintenir son « occupation » des Hauteurs du Golan et de Jérusalem.
Dans le pire des scénarios, non seulement l’Iran accomplirait le meilleur des scénarios et le modéré, mais elle élargirait encore son réseau d’alliés en neutralisant ses concurrents dans le monde musulman de façon à répandre la révolution khomeiniste dans le monde. Tout cela réalisé dans un effort pour atteindre son objectif de longue date de destruction de l’Amérique. Là, les iraniens opèreraient dans l’hypothèse raisonnable que l’Europe serait neutre dans le conflit, et la Russie et la Chine les soutiendraient probablement contre les USA - au moins officieusement.
Selon ce scénario, les Iraniens renforceraient leurs alliances avec ceux qui haïssent les Etats Unis en Amérique du Sud comme le dictateur vénézuélien Hugo Chavez, le président nicaraguayen Daniel Ortega et le dictateur cubain Fidel Castro ou leurs héritiers. Elle pourrait fournir ouvertement à ces pays des bombes nucléaires, ou renforcer l’emprise du Hezbollah en Amérique du Sud et du Nord. Dans ce dernier cas, l’Iran pourrait transférer des armes nucléaires et leurs systèmes d’expédition à leurs mandataires en terrorisme, et utiliser ces réseaux comprenant des cellules du Hezbollah, déjà actives aux USA pour les attaquer.
Sans vergogne, l’Iran pourrait collaborer avec son alliée la Corée du Nord pour le développement de missiles balistiques intercontinentaux [ICBM en anglais, Ndt] capables d’attaquer des villes des USA avec des bombes nucléaires lancées depuis l’Iran. Dans le même temps, étant donnés le vaste arsenal nucléaire des USA et leurs équipements en ICBM, il est moins probable que les Iraniens attaquent directement les USA.
A la lumière de cette analyse, il semble qu’en dépit de la moisson de louanges qu’elle recueille de la « jet set » de la politique, l’administration Bush ferait bien de réexaminer sa nouvelle politique envers l’Iran. Elle doit accepter leur critique et en revenir à fonder sa stratégie politique à l’encontre de la prolifération nucléaire, de l’Etat voyou apportant son soutien au terrorisme, sur ce qui est connu plutôt que sur l’inconnu.
Puisque l’Iran ne veut pas seulement des armes nucléaires, mais possède aussi un programme actif d’armes nucléaires, la question qui doit guider les responsables en charge des décisions politiques n’est pas de savoir s’il faut négocier avec l’Iran, mais plutôt si les USA sont prêts à accepter l’un quelconque des scénarios qui surviendraient si l’Iran parvient vraiment à acquérir des armes nucléaires. Si les USA ne veulent pas accepter l’un de ces scénarios, alors ils doivent se demander ce qui doit être accompli pour empêcher l’Iran de devenir une puissance nucléaire.
Alors que l’Europe peut bien vouloir s’asseoir sur les côtés dans ce combat, exactement comme elle se tint sur les côtés pendant la Guerre Froide, et fit peu de choses pour empêcher la conquête nazie du continent pendant la Deuxième Guerre Mondiale, Israël ne dispose pas d’un tel luxe. Sous cet éclairage, il est hautement troublant que cette semaine le gouvernement Olmert - Livni - Peretz ait réagi à l’option des USA pour la conciliation, en proclamant qu’il n’aurait pas d’impact sur Israël.
Plutôt que d’essayer de dissimuler les dangers, Israël devrait engager activement les nombreuses forces à Washington et ailleurs qui comprennent les dangers de l’Iran dotée de l’arme nucléaire.
Ensemble, nous devrions travailler inlassablement à augmenter le soutien à une politique fondée sur la prise en compte de l’impossibilité de nous permettre de supporter l’Iran dotée de l’arme nucléaire.
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