jeudi 15 mai 2008

IRENA SENDLER

par Aline Sultan
in arouts sheva


Irena Sendler, la mort d'une Juste qui sauva 2500 enfants juifs des nazis

Irena Sendler était l'une des grandes héroïnes polonaises de la Seconde guerre mondiale. Elle est décédée ce matin à l'âge de 98 ans. Cet assistante sociale s'illustra en sauvant 2500 enfants juifs du ghetto de Varsovie mis en place par les nazis dès l'automne 1940.


Irena Sendler est née en 1910 près de Varsovie. Son père était un médecin qui défendait l’idéal socialiste. La plupart de ses patients étaient des Juifs d’un village situé au sud est de Varsovie.


Au début de la Deuxième guerre mondiale, Irena Sendler prête assistance aux Juifs, en leur donnant de quoi manger, en prenant soin des orphelins et en aidant financièrement les Juifs auxquels les nazis ont confisqué les biens.

En 1942, Irena Sendler dirige le département d’assistance sociale de la municipalité de Varsovie. Elle se joint à une organisation oeuvrant au nom du gouvernement polonais en exil à Londres pour venir en aide aux Juifs. Elle entre dans la clandestinité polonaise sous le nom de Yolanta et a pour tâche principale de sauver des enfants juifs.

Elle mettra sa vie en danger pour sauver des vies humaines et avec l’aide de gens qu’elle avait ralliés à sa cause, elle falsifiera des papiers d’identité, procurera des certificats de maladie afin de dissuader les nazis de la propagation de maladie contagieuses.

Elle pénètre donc dans le ghetto et y infiltre tout d’abord de l’argent, de la nourriture, des médicaments et des vêtements Par la suite, elle réussira à faire sortir des enfants du ghetto et à les confier à des familles munis de faux papiers.

C’est en 1999 que, curieusement, son histoire fait surface grâce à un groupe d’élèves d’un institut du Kansas et à leur travail de fin d’études sur les héros de la Shoah. Lors de leurs recherches, ils ne trouvèrent que peu d’éléments sur Irena. Mais il y avait un chiffre surprenant : elle avait sauvé la vie de 2.500 enfants.
Comment se fait-il qu’il y ait eu si peu d’informations sur cette personne ? A leur grande surprise, quand il s’agit de rechercher sa tombe, ils découvrirent qu’il n’y en avait pas, pour la simple raison qu’elle était encore en vie.

Aujourd’hui c’est une vieille dame de 97 ans, qui vit dans une maison de retraite au centre de Varsovie. Dans sa chambre ne manquent jamais ni bouquets de fleurs, ni lettres de remerciements venues du monde entier.

Lorsque l’Allemagne envahit son pays en 1939, Irena est infirmière au Bureau d’aide sociale de Varsovie, et gère les cantines populaires de la ville. En 1942 les nazis établissent un ghetto à Varsovie. Irena, horrifiée par les conditions de vie dans ce ghetto, rejoint le Conseil pour l’aide aux Juifs..

Elle réussit à identifier les bureaux sanitaires qui devaient lutter contre les maladies contagieuses. Comme les envahisseurs allemands craignaient une possible épidémie de typhus, ils permettent aux Polonais de contrôler ces établissements. Très vite, elle entre en contact avec les familles auxquelles elle propose d’emmener les enfants hors du ghetto. C’était un moment terrible : elle devait convaincre les parents de lui confier leurs enfants alors qu’ils lui demandaient : “Pouvez-vous me promettre que mon enfant vivra…?" …mais qui pouvait promettre quand et s’ils réussiraient à sortir du ghetto?La seule certitude était que s’ils restaient, ils mourraient.

Les mères et grands-mères ne voulaient pas se séparer de leurs enfants et petits enfants. Irena le comprenait parfaitement, étant elle-même mère, elle savait parfaitement que le moment le plus dur de cette démarche était la séparation d’avec les enfants.

Parfois, quand Irène venait avec ses assistantes rendre visite aux familles pour les faire changer d’avis, elle ne pouvait que constater qu’ils avaient déjà été tous emmenés dans les trains vers la mort. A chaque fois que cela lui arrivait, elle luttait encore plus fort pour sauver d’autres enfants.

Elle commença par les faire sortir en ambulance, comme victimes du typhus. Mais très vite, elle utilisa tout ce qui était à sa portée pour les cacher et les faire sortir du ghetto : sacs d’ordures, boîtes à outils, emballages de marchandises, sacs de patates, cercueils... Entre ses mains, tout se transforme en moyen de s’échapper.

Elle réussit à recruter au moins une personne dans chacun des dix centres du Département de l’aide sociale. Grâce à cela, elle établit des centaines de fausses pièces d’identité avec des fausses signatures pour donner une identité temporaire à ces enfants juifs.

Irena passa toute cette période de la guerre à penser à la paix. Elle ne voulait pas seulement maintenir ces enfants en vie. Elle voulait aussi qu’un jour chacun de ces enfants puisse récupérer son vrai nom, sa véritable identité, son histoire personnelle, sa famille. Aussi, eut-elle l’idée d’archiver le nom des enfants et leur nouvelle identité. Elle nota les éléments sur des petits morceaux de papier qu’elle garda dans des boîtes de conserve, avant de les enterrer sous un pommier, dans le jardin du voisin. Elle conserva ainsi, le passé de 2.500 enfants sans que personne ne la soupçonne...

Mais un jour, les nazis eurent vent de ses activités et le 20 octobre 1943, Irena Sendler fut arrêtée par la Gestapo et emmenée à la prison de Pawiak pour y être brutalement torturée. Irena était la seule à connaître les noms et adresses des familles qui avaient recueilli les enfants juifs; elle endura la torture et refusa de trahir aucun de ses collaborateurs, ni aucun des enfants cachés. En plus des tortures innombrables, on lui rompit les pieds et les jambes. Mais personne ne put rompre sa volonté. Aussi, fut-elle condamnée à mort, avec 39 autres prisonnières.
La sentence ne fut jamais accomplie car, sur le chemin de l’exécution, le soldat qui l’accompagnait la laissa s’échapper. La Résistance avait soudoyé le garde parce qu’on ne voulait pas qu’Irène meure avec le secret de la cachette des enfants. Elle figura officiellement sur la liste des exécutés. Ainsi, à partir de ce moment, Irena poursuivit son travail, mais sous une fausse identité.
A la fin de la guerre, elle déterra elle-même les bouteilles et utilisa ses notes pour retrouver les 2.500 enfants qu’elle avait placés dans des familles adoptives. Elle les réunit avec leurs proches, disséminés dans toute l’Europe, mais la majorité avait perdu leur famille dans les camps de concentration nazis..
Les enfants ne la connaissaient que sous son nom de code : Jolanta. Des années plus tard, quand son histoire apparut dans un journal, accompagnée de ses photos de l’époque, plusieurs personnes commencèrent à l’appeler pour lui dire : "Je me rappelle ton visage…je suis l’un de ces enfants, je te dois la vie, mon avenir, et je voudrais te voir…"

Irena a dans sa chambre des centaines de photos de quelques-uns uns des enfants survivants ou de leurs propres enfants.
Son père, un médecin, qui mourut du typhus quand elle était encore petite, lui avait enseigné la chose suivante : "Aide toujours celui qui est en train de se noyer, sans considération de religion ou de nationalité. Aider chaque jour quiconque, est une nécessité que te dicte ton cœur"

Après la guerre, elle travaillera au ministère de la Santé de Pologne. Son appartenance à la clandestinité reliée au gouvernement en exil à Londres, la rendirent suspecte aux yeux des communistes, mais ils hésitèrent à lui causer du tort.

En 1965, elle reçut le titre de "Juste des Nations" au nom de Yad Vashem et en 1991, elle fut nommée "citoyenne d’honneur de l’Etat d’Israël"

Irena Sendler est depuis des années clouée dans un fauteuil roulant, par suite des lésions dues aux tortures infligées par la Gestapo.

Elle ne se considère pas comme une héroïne. Et à chaque fois qu’on lui pose la question, Irena dit: "J’aurais pu faire plus et ce reproche me poursuivra jusqu’au jour de ma mort"…“On ne plante pas des graines de nourriture.On plante des graines de bonnes actions. Essayez de faire des chaînes de bonnes actions, pour les entourer et les faire se multiplier” Irena Sendler.

En octobre 2006, Irena Sendler, âgée de 96 ans, a été proposée pour le Prix Nobel de la Paix.

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