par Shraga Blum
Dire que "la Pologne est un pays antisémite" est presque devenu un pléonasme. Sans vouloir généraliser, il est un fait que l' histoire de ce pays est jalonnée de manifestations antisémites violentes, et que la population majoritairement rurale est imprégnée de judéophobie. Le massacre de Kielce, juste après la Shoa, la réaction de l'Eglise polonaise au moment de l'Affaire du Carmel d'Auschwitz ou de la croix plantée dans le plus grand cimetière juif de l'Histoire, ou encore les crachats d'habitants sur les participants à la "Marche des Vivants", sont quelques exemples de cette haine des Juifs qui a connu son "apogée" durant la Shoa. La place et l'influence de l'Eglise catholique dans ce pays de tradition chrétienne profonde et populaire, ne sont pas étrangères à ce phénomène.
C'est ainsi que dimanche dernier, un millier de personnes se sont rendues à une prière spéciale dans la Basilique du Sacré Coeur de Krakov (Cracovie), suite à une convocation dont le titre était "Les youpins ne continueront pas à cracher sur nous!" Cette invitation émanait conjointement d'une organisation catholique de droite "Comité de lutte contre la calomnie et pour la Pologne", et de la station "Radio Maria", connus tous deux pour leur antisémitisme.
Lors de son discours, l'animateur de cette manifestation, le Prof. Bogoslav Volnaivitz s'est exclamé: "Les Juifs nous agressent, nous devons nous défendre!", suivi d'un tonnerre d'applaudissements. L'évêque de Cracovie, Albin Milcziak a rajouté de l'huile sur le feu, en accusant les Juifs "de ne jamais aimer les pays dans lesquels ils vivent, mais leur préfèrent des institutions internationales".
Après la messe, un débat a eu lieu sur le nouveau livre de l'historien judéo-américain d'origine polonaise, Yan Gross, "Peur", qui traite de la question de l'antisémitsime en Pologne depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Le responsable du "département juif" à Radio Maria, Y.Robert Novak, a déclaré "qu'il faut mener le combat jusqu'au bout. Nous ne permettrons à personne de punir la Pologne. Juifs! laissez nous tranquilles". Les différents intervenants ont tous virulemment critiqué le livre de Gross, et insulté les Juifs de manière générale. "Les Juifs de Brooklyn, ces Polonais qui sont prêts à tout faire pour de l''argent" a-t-on ainsi pu entendre.
Dans la presse, certains milieux de gauche, ainsi qu'au gouvernement, on s'est élevé contre cette manifestation, mais il ne fait aucun doute que malgré la disparition de la communauté juive dans ce pays, l'enseignement séculaire de l'Eglise catholique continue à faire des ravages.
in AROUTS SHEVA
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